Appel à communication : Jean Tinguely revisité: Relectures critiques et perspectives nouvelles (Bâle, 20-22 maris 2025)

Jean Tinguely revisité. Relectures critiques et perspectives nouvelles.

Colloque international au Musée Tinguely de Bâle,

organisé par Dr. Sandra Beate Reimann avec Roland Wetzel, Dr. Andres Pardey, Annja Müller-Alsbach, Tabea Panizzi et Andrea Absenger.

Musée Tinguely, Bâle, du 20 au 22 mars 2025
Date de clôture : 1er septembre 2024

À l’occasion du centième anniversaire de Jean Tinguely en 2025, le Musée Tinguely de Bâle organise, du 20 au 22 mars 2025, un congrès scientifique. L’objectif de ce colloque est de susciter, de promouvoir, de débattre et de publier des nouvelles recherches en histoire de l’art, ainsi que des analyses interdisciplinaires sur l’œuvre de l’artiste et de son entourage. Le colloque entend avant tout replacer l’art de Tinguely dans le contexte des questions, théories et discours actuels, et ce faisant, l’interroger de manière critique.

Jean Tinguely (1925-1996) compte parmi les artistes majeurs de la deuxième moitié du XXe siècle. Ses travaux ont contribué à un renouveau de l’art des années 1950 et 1960. La caractéristique première de son œuvre est le mouvement. À partir de 1954, dans son atelier de l’impasse Ronsin à Paris, il produit des reliefs et sculptures cinétiques dont le son fait partie intégrante (reliefs sonores) ; il y intègre aussi le hasard et conçoit des œuvres interactives, comme ses Machines à dessiner ou ses Méta-Matics. Tinguely faisait partie du mouvement du Nouveau Réalisme, et entretenait de nombreux contacts avec des artistes et réseaux artistiques.

C’est avec l’œuvre autodestructrice Homage to New York, qu’il présente le 17 mai 1960 dans le jardins des sculptures du Museum of Modern Art à New York, que Jean Tinguely gagne une reconnaissance internationale. Les actions et happenings de Tinguely en font l’un des pionniers de l’art performatif en Europe. Au début des années 1960, ses assemblages cinétiques sont principalement caractérisés par l’utilisation de ferrailles et de débris de civilisation. Il se détachera à partir de 1963 de cette phase de travail et, conséquemment, du Nouveau Réalisme, pour se tourner vers la réalisation de sculptures-machines, uniformément peintes en noir mat.

Chez Tinguely, le travail collectif constitue un pan important de la pratique artistique. Il en va ainsi des projets communs avec Yves Klein, Eva Aeppli, Niki de Saint Phalle, Robert Rauschenberg et Larry Rivers, ou des expositions et des projets architecturaux qui prennent le tour d’œuvres d’art globales impliquant de nombreux artistes, parfois jusqu’à 15 personnes (Dylaby, HON – en katedral, Le Crocodrome de Zig et Puce, Le Cyclop). Tinguely s’est engagé aussi dans différents projets théâtraux : il a réalisé des décors de scène, et a même été comédien dans des représentations théâtrales montées collectivement avec des amis artistes.

À partir des années 1970, la production de Tinguely se caractérise de plus en plus par le gigantisme. Ses machines à rouages deviennent toujours plus spectaculaires et atteignent leur paroxysme avec la Grosse Méta-Maxi-Maxi-Utopia de 1987, haute de plus de 8 mètres et longue de presque 17 mètres. Un élément central de son œuvre à partir de ces années-là sont ses machines musicales (Méta-Harmonies). La fascination de Tinguely pour la voiture et la course automobile trouve alors elle aussi une place dans son travail. Un élément caractéristique de son œuvre tardive sera l’utilisation d’os et de crânes d’animaux, prenant souvent la forme d’autels en référence au catholicisme.

Le travail plastique de Tinguely a constamment été accompagné d’une pratique régulière du dessin : notes créatives, lettres-dessins, esquisses préparatoires, ébauches, mais également des dessins constituant des œuvres à part entière, et se caractérisant par la spontanéité, la technique du collage, le multilinguisme et le jeu ironique avec les mots et les images.

Tandis que Tinguely perce à partir de 1959 et acquiert une reconnaissance internationale à partir des années 1960, son œuvre a longtemps joué un rôle mineur dans la recherche en histoire de l’art. Il a fallu attendre le début des années 2000, et plus précisément les années 2010, pour que son œuvre soit objet d’études, mais aussi contextualisée dans des projets d’exposition et de publications. De nombreux aspects de son travail restent peu ou pas étudiés. Les actes pionniers de l’artiste (performativité, transformation de la sculpture en événement éphémère, choix des matériaux et critique de la société de consommation, interactivité, situations immersives, etc.) qui, dans les années 1950, avaient déjà une influence décisive sur l’évolution de l’art et sa compréhension, sont assez peu connus, au vu d’une historiographie de la sculpture portant essentiellement le Minimal et Postminimal Art. Dans le même temps, des transformations discursives (notions de performativité et d’occurrence, théorie de l’acteur-réseau, notion de machine) donnent l’occasion de saisir l’œuvre de Tinguely dans une perspective actuelle, mais également dans une perspective critique (en particulier du point de vue des discours postcoloniaux et sur le genre, Animal Ethics and Aesthetics). Le Musée Tinguely voudrait ainsi offrir à la recherche la plus récente un forum de discussion, ainsi que susciter de nouvelles pistes de réflexion.

Nous voudrions expressément encourager les jeunes chercheur·ses à participer à ce colloque. En plus des recherches en histoire de l’art, les contributions en sciences des médias et issues d’autres disciplines de sciences humaines sont les bienvenues.

Les thématiques possibles à ce propos sont les suivantes (sans que soient exclues d’autres propositions) :
– Le rôle de l’art cinétique pour le développement et la délimitation entre sculpture et installation dans la deuxième moitié du XXe siècle ; aspects éphémères, performatifs, participatifs et multisensoriels de l’art de Tinguely, tout comme son contexte artistique ; immersion ; œuvre d’art globale, art total.
– Critique des institutions ; critique du monument ; anti-art ; l’art dans la rue ; l’art et le quotidien.
– Perspective postcoloniale sur le groupe de travail des Balubas, tout comme la réception de Patrice Lumumba dans les sphères artistiques et culturelles des années 1960.
– Codification des caractéristiques genrées dans l’œuvre de l’artiste ainsi que dans les œuvres communes avec Niki de Saint Phalle et Eva Aeppli (ex. Le Paradis fantastique, La Vittoria).
– Utilisation d’os dans l’œuvre tardive de Tinguely et questions éthiques autour de son utilisation d’os d’animaux et de restes humains.
– Projets artistiques collectifs chez Tinguely, et dans le cadre de son contexte artistique ; signification des réseaux d’artistes européens et transatlantiques pour l’œuvre de Tinguely, ainsi que pour le développement de l’art dans la deuxième moitié du XXe siècle.
– Projets théâtraux et scéniques de Tinguely, le rapprochement entre arts plastiques et théâtre à partir des années 1960.
– Notion de machine et évolution de cette notion chez Tinguely et dans l’art de la deuxième moitié du XXe siècle.
– Le « monde des idées » de Tinguely et sa référence à des positions philosophiques précises (ex. le groupe d’œuvres des Philosophes).
– Approches critiques de la société et de la consommation dans l’œuvre de l’artiste.
– Association entre culture populaire et culture savante ; stratégies d’accessibilité ; rôle et valeur de la dimension ludique dans l’art du XXe siècle.
– L’ironie comme stratégie artistique.
– Le gigantisme et le spectaculaire comme stratégie artistique.
– La stratégie médiatique de l’artiste et l’autoreprésentation artistique chez Tinguely ainsi que dans les sphères artistiques à partir des années 1960.
– Histoire de la réception de l’œuvre de Tinguely
– etc.

Des propositions de formats alternatifs, tels que débats avec modération, workshops de courte durée, performances ou interventions autour du thème du colloque, sont elles aussi bienvenues.

Les langues du colloque sont l’allemand et l’anglais. La conférence aura lieu en présentiel.
Merci de nous contacter en cas d’empêchements linguistique ou physique, ceci afin de trouver des solutions au cas par cas.
Chaque intervention est rémunérée à hauteur de 600 CHF. Les contributions pourraient être enregistrées et filmées en vue d’une publication sur le site du musée. Pour faire suite à ce colloque, nous prévoyons une publication écrite, et en ligne, de contributions choisies, en langue originale.

Envoi :
Merci de bien vouloir nous faire parvenir une proposition (500 mots max.) pour une présentation de 20 minutes, ainsi qu’un CV avec votre profil scientifique (250 mots max.) par mail, à l’adresse suivante :
tinguelybasel.conference@roche.com
Les contributions peuvent être envoyées en anglais ou en allemand.
Des propositions de formats alternatifs peuvent également être envoyées par mail à l’adresse du colloque, avec une présentation détaillée du projet et des participant·es envisagé·es.

Date limite d’envoi : 1er septembre 2024
Nos réponses sur une éventuelle participation vous parviendront au plus tard le 30 septembre 2024

Politique de voyage : pour des raisons environnementales, nous préconisons les déplacements en train (2e classe). L’hébergement sur place est organisé et pris en charge par le Musée Tinguely.

Lieu :
Musée Tinguely
Paul Sacher-Anlage 1
4058 Bâle
Suisse
www.tinguely.ch
Le musée Tinguely est un engagement culturel Roche

source : https://arthist.net/archive/41668

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