- Date : vendredi 26 juin 2020
- Lieu : INHA, Galerie Colbert, 2 rue Vivienne – 75002 Paris
- Date limite d’envoi des propositions de communication : vendredi 3 avril 2020
Œuvres sur papier multiples, reproductibles, facilement transportables et relativement peu onéreuses, les gravures constituent dès la Renaissance un vecteur privilégié de diffusion des savoirs antiquaires. De manière très précoce, dès le dernier quart du XVe siècle en Italie, les graveurs s’emparent des modèles sculptés antiques, et tout particulièrement des reliefs (Le Triomphe de Bacchus et Ariane, burin florentin, British Museum, v. 1480-1490). Les interprétations de sarcophages, de décors monumentaux ou de stèles continuent à être particulièrement prisées durant toute l’époque moderne et font l’objet de publications ponctuelles ou plus systématiques, sous la forme de gravures isolées, de recueils ou d’ouvrages scientifiques illustrés.
L’objet de cette journée d’étude sera d’étudier comment l’estampe a permis de faire circuler dans toute l’Europe des images de reliefs uniques ou typiques. Nous proposons aux intervenants d’inscrire leurs réflexions dans les axes suivants :
1. Les modalités de traduction des reliefs en gravure. La traduction d’un relief dans le langage graphique de l’estampe implique nécessairement des adaptations. Comment les informations visuelles nécessaires à l’appréhension du modèle sont-elles « encodées » de manière linéaire ? Quelles conventions sont utilisées pour transcrire le relief à plat, en taille-douce ou en taille d’épargne ? Quelles règles prévalent en matière de séquençage des frises ? La mise en place progressive d’un appareil critique porté par la lettre des estampes antiquaires (titre, échelle, légende) pourra également être abordée ici.
2. Estampes archéologiques et belles infidèles. On s’interrogera ici sur le degré de fidélité des estampes exécutées d’après des reliefs antiques. La nature des sources employées par les graveurs devra être questionnée : s’appuient-ils sur une observation directe du modèle ou travaillent-ils d’après des dessins ou d’autres gravures impliquant déjà une première médiation et déformation ? Les implications de l’impression en contrepartie, qui modifie le sens de lecture des reliefs, mais aussi les opérations de comblement des lacunes, d’omission de certaines parties ou de réagencement des motifs pourront également être analysées.
3. La sélection des modèles. Selon quels critères sont choisis les modèles dignes d’être gravés ? Quels sujets sont particulièrement appréciés ? Quelle est l’origine géographique ou le lieu de conservation de ces modèles ?
4. Pratiques de diffusion et réception. On s’intéressera ici aux conditions d’édition et de commercialisation des estampes exécutées d’après des reliefs antiques, en s’interrogeant sur les stratégies employées par les éditeurs pour intéresser le public antiquaire ou une clientèle plus large. La réception et les usages de ces gravures seront également envisagés, ainsi que leur circulation à l’intérieur des réseaux de sociabilité érudits de la période moderne.
- Les propositions de communication (environ 300 mots) sont à adresser d’ici le vendredi 3 avril 2020 à Sarah Berraho et Nastasia Gallian et seront soumises au comité scientifique.
Comité scientifique :
Daniela Gallo (Professeur d’histoire de l’art moderne, Université de Lorraine)
Marianne Grivel (Professeur d’histoire de l’estampe et de la photographie, Sorbonne Université)
François Baratte (Professeur émérite d’archéologie de l’Antiquité tardive et du Haut Moyen-Âge, Sorbonne Université)
Emmanuel Lurin (Maître de conférences en histoire de l’art moderne, Sorbonne Université)
Bibliographie sélective :
BARATTE François, « Les dessins d’antiques et l’archéologie », in Ramade Patrick (dir.), Disegno [actes du colloque de Rennes, Musée des Beaux-arts, 9-10 novembre 1990], Rennes, Musée des Beaux-arts de Rennes, 1991, p. 43-50.
BURY Michael, « Beatrizet and the “Reproduction” of Antique Relief Sculpture », Print Quarterly, 1996, vol. 13, no 2, p. 111-126.
CADET Pierre, Les estampes françaises du dix-septième siècle d’après les bas-reliefs antiques, thèse d’Histoire de l’Art, Université Paris 4, 1985.
GALLO Daniela, « Les études antiquaires dans la bibliothèque de Pierre le Grand », Cahiers du monde russe, 2010, vol 51, p. 71-85.
GALLOTINI Angela, « Monumenti antichi nelle prime stampe italiane », Xenia antiqua, 1994, vol. 3, p. 85 144.
JANSEN Dirk Jacob, « Antiquarian Drawings and Prints as Collector’s Items », Journal of the History of Collections, 1994, vol. 6, no 2, p. 181 188.
LURIN Emmanuel et MORANA BURLOT Delphine (dir.), L’artiste et l’antiquaire : l’étude de l’antique et son imaginaire à l’époque moderne [actes du colloque de Paris, INHA et Centre André Chastel, 6-7 mars 2014], Paris, INHA ; Picard, 2017.
SÉNÉCHAL Philippe, « Originale e copia. Lo studio comparato delle statue antiche nel pensiero degli antiquari fino al 1770 », in Settis Salvatore (dir.), Memoria dell’antico nell’arte italiana, t. III, Dalla tradizione all’archeologia, Turin, Einaudi, 1986, p. 151 180.
Cat. expo. [PARIS, Musée du Louvre, 2010-2011], Musées de papier : l’Antiquité en livres, 1600-1800 (25 septembre 2010-3 janvier 2011), Élisabeth Décultot (dir.), Paris, Louvre ; Gourcuff Gradenigo, 2010.
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