Appel à communication : Les chemins de Compostelle, itinéraire culturel européen et patrimoine mondial : Histoire, enjeux et perspectives

Sous le patronage de Madame Marija Pejčinović Burić, Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe

Le pèlerinage vers Compostelle, où se trouve le tombeau de saint Jacques dit le Majeur, est une réalité millénaire (Rucquoi,2014). Ce pèlerinage vit un renouveau depuis plus de 25ans qui ne faiblit pas. Le nombre de pèlerins qui se sont rendus au sanctuaire pour retirer leur Compostela a été multiplié par 30 entre 1992 et 2022, pour arriver à un nombre de440 000 pèlerins comptabilisés par le bureau de pèlerins de Compostelle. On peut dire quecela traduit la volonté de l’Homme de renouer avec ses origines puisque « l’espèce humaine commence par les pieds » (Leroi Gourhan, 1982: 168). Nous voyons donc qu’Homo Viator se perpétue, cet homme en chemin qui est d’abord le marqueur d’Homo Sapiens dans sa colonisation de la planète et plus près de nous, il incarne la figure du pèlerin. « La marche est ouverture au monde » (Le Breton, 2000 :11). Elle est aussi un moyen pour l’Homme de s’approprier, ou du moins à présent de se réapproprier, l’univers qui nous entoure. À partir de ces constats, ce colloque international pluridisciplinaire s’articule autour de quatre axes ouverts à un large spectre de disciplines académiques telles que l’histoire, la géographie, la philosophie, le droit, la sociologie, la théologie, les sciences de gestion, la science politique, les sciences de l’information et de la communication …

AXE 1 : Histoire d’un pèlerinage : territoire et mémoire

Cet axe interroge l’histoire du pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle, l’un des trois pèlerinages les plus important de la chrétienté avec celui de Jérusalem et de Rome. Les 1000 ans d’histoire à Compostelle sont un terrain d’études riche pour appréhender et affiner la perception du pèlerinage dans plusieurs domaines : Histoire, spiritualité, art, littérature, archéologie, sociologie, géographie et science politique. Autant d’entrées possibles pour interroger l’histoire des chemins, les métamorphoses et valeurs de cette pérégrination, l’historiographie jusqu’au XXIe siècle et son avenir.

AXE 2 : La patrimonialisation des chemins

La croissance de la fréquentation des chemins de Compostelle témoigne d’un glissement de la sphère cultuelle vers la sphère culturelle. La labellisation des chemins en 1987comme premier chemin culturel européen par le conseil de l’Europe, puis l’inscription au patrimoine mondial en 1993 du Camino Francés en Espagne et des chemins de Compostelle en France en 1998 par l’UNESCO sont des marqueurs du glissement évoqué. Par définition, « la patrimonialisation est le processus par lequel un collectif reconnaît le statut de patrimoine à des objets matériels ou immatériels, de sorte que ce collectif se trouve devenir l’héritier de ceux qui les ont produits et qu’à ce titre, il a une obligation de les garder afin de les transmettre. » (Davallon, 2014 : 1), c’est donc par ce prisme que les chemins seront étudiés. De façon opérationnelle, il est attendu des communications qui vont s’intéresser au statut de patrimoine en interrogeant les différents acteurs à différentes échelles qui contribuent à lui donner ce statut spécifique. Interroger «l’organisation de l’accès du collectif à l’objet patrimonial (Davallon, 2017, 2), c’est-à-dire la gestion et la valorisation du bien par les acteurs locaux est une entrée scientifique possible. Questionner la dimension économique et la valorisation territoriale que représentent les chemins est une autre entrée possible. Enfin, poser la question de la transmission et de la pérennité des reconnaissances culturelles : patrimoine mondial et itinéraire culturel, du désir ou du non-désir d’appropriation qu’elles suscitent auprès des institutions ou dans le monde associatif et la société civile ou par les individus et leur prise en compte dans les politiques publiques ou les actions bénévoles par des focales locales, régionales, nationales et transnationales, complète le champ d’investigation de cet axe.

AXE 3 : Médiatisation, médiation, et public

Le renouveau de la fréquentation des chemins produit un engouement médiatique considérable. Les médias grand public produisent régulièrement des articles sur Compostelle. De la même façon le cinéma s’intéresse aux chemins, par la fiction et le documentaire. Enfin, le web et plus particulièrement les réseaux sociaux sont les témoins d’un écosystème web dédié aux chemins de Compostelle et aux témoignages des pèlerins en ligne et cela se fait avec une viralité sans précédent. Dans le même temps, des acteurs de terrain s’approprient l’histoire des chemins dans une logique de médiation pour rencontrer et/ou renouveler les publics qui fréquentent ou s’intéressent aux chemins de Compostelle. Cet axe interroge donc le traitement médiatique des chemins, les différentes formes de médiation à l’œuvre et l’analyse des publics qui s’engagent dans une marche longue vers Compostelle.

AXE 4 : Pèlerinage et/ou tourisme spirituel

Les chemins de Compostelle interrogent le slow tourisme et plus spécifiquement le tourisme spirituel. La marche est le corollaire de cette nouvelle façon de concevoir le voyage. Cet axe interroge l’attractivité que représentent les chemins pour cette nouvelle forme touristique. Il est également attendu des études relatives à d’autres pèlerinages, d’autres marches sur le territoire et/ou dans le monde pouvant être analysées par le prisme du voyage spirituel. On cherchera alors à mettre en perspective la réalité de la fréquentation actuelle des chemins de Compostelle au regard des pratiques et de la fréquentation d’autres lieux de pèlerinages pour interroger cet éventuel mouvement de fond.

Soumission d’une proposition de communication

Sur la forme :
La proposition doit être adressée au format word. Elle doit comporter un titre, le nom, le prénom et l’institution de rattachement de chaque auteur. La proposition ne doit pas dépasser 8000 signes, espaces compris et bibliographie incluse (2 pages).

Sur le fond :
La proposition de communication doit clairement exposer une problématique, un cadre théorique, une méthodologie et un terrain d’étude (si la communication relève d’une étude empirique), ainsi qu’une bibliographie indicative au format APA. Il est demandé aux auteurs de bien expliciter l’originalité de la proposition.

Date limite de soumission des propositions de communication : 30 octobre 2023.
Chaque dépôt de proposition se fait par mail à l’adresse suivante :
contact@compostelle-lecolloque.org
Un accusé de réception sera adressé systématiquement dans les 24 heures.

Calendrier :
30 juin 2023 : Diffusion de l’appel à communication
30 octobre 2023 : Réception des propositions de communication au format court
15 décembre 2023 : Notification aux auteurs
23 Mars 2024 : Réception des communications au format de l’éditeur
4 et 5 avril 2024 : Colloque à Toulouse
Décembre 2024 : Publication de l’ouvrage collectif

Bibliographie indicative :
Alcantara C. (2022), « Les chemins de Compostelle : Du pèlerinage à la marque ! »,Communiquer n°34, 95-114.
Amirou R. (2012). L’imaginaire touristique. Paris, France : CNRS éditions.
Cazes Q. et Rayssac S. (dir), (2022), Vers Compostelle – Regard contemporain sur les chemins de Saint-Jacques, Toulouse, Presses universitaires du Midi.
Cerezales N. (2013). Santiago de Compostela, vers une redéfinition patrimoniale du chemin de pèlerinage. Conserveries Mémorielles (14). 1-14.
Chélini J et Branthomme H. (1982). Histoire des pèlerinages chrétiens des origines à nos jours. Paris, France : Editions Hachette
Chélini J et Branthomme H. (2004). Les pèlerinages dans le monde. Paris, France : Hachette Littératures.
Davallon J. (2006). Le don du patrimoine. Une approche communicationnelle de la patrimonialisation. Paris, France : Lavoisier.
Davallon J. (2014). A propos des régimes de patrimonialisation : enjeux et questions. Patrimonialização e sustentabilidade do património: reflexão e prospectiva, Nov 2014,Lisboa, Portugal.
⟨halshs-01123906⟩
Debray R. (2012). Jeunesse du sacré. Paris, France: Editions Gallimard.
Debray R. (2016). Allons aux faits. Croyances historiques, réalités religieuses. Paris, France :Editions Gallimard.
Dupront A. (1985) (dir.) Saint-Jacques-de-Compostelle. Puissances du pèlerinage. Turnhout, Belgique : Brepols.
Dupront A. (1987). Du sacré. Croisades et pèlerinages, images et langages. Paris, France :Editions Gallimard.
Eliade M. (1965). Le sacré et le profane. Paris, France : Editions Gallimard.
Le Breton D. (2000). Eloge de la marche. Paris, France : Editions du Métailié.
Le Breton D. (2012). Marcher. Eloge des chemins et de la lenteur. Paris, France : Editions du Métailié.
Leiris M. (2016). Le sacré dans la vie quotidienne. Paris, France : Editions Allia.
Leroi-Gourhan A (1982). Les racines du monde. Paris, France : Belfond
Ohler N. (1995). « In viam pacis dirige nos ». L’apport des pèlerins à la formation de l’Europe. Leçon inaugurale. Paris, France : Collège de France, chaire européenne.
Paquette J., Lacassagne A., Alcantara C. (2021). Cultural roads and itineraries. Concepts and cases. Palgrave Macmillan editions.
Picq P. (2015). La Marche. Sauver le nomade qui est en nous. Paris, France : Les éditions Autrement.
Rucquoi A. (2014). Mille fois à Compostelle. Pèlerins du Moyen-Âge. Paris, France : Édition Les belles lettres.
Rucquoi A. et al. (2018). Le voyage à Compostelle. Du Xe au XXe siècle. Paris, France :Édition Laffont.
Comité scientifique :
Adeline Rucquoi (Directeur de recherche émérite CNRS), Christophe Alcantara (Université Toulouse Capitole), David Le Breton (Université de Strasbourg),Sébastien Rayssac (Université Jean-Jaurès Toulouse), Jonathan Paquette (Universitéd’Ottawa, Canada), Martine Regourd (Université Toulouse Capitole), Alain Lavigne (Université Laval de Québec),
Philippe Delvitt (Université Toulouse capitole), Manuel Castiñeiras (Président du comité international des experts du chemin de Compostelle, Université autonome de Barcelone, Espagne) , Marco Piccat (Université de Trieste, Italie),Piotr Roszak (Université de Toruń, Pologne), Francine Charest (Université Laval de Québec),Klaus Herbers (Université d’Erlangen, Allemagne), Jean Davallon ( professeur émérite, université d’Avignon), Mathieu Boisvert, ( Université du Québec à Montréal-UQAM-Canada).
Coordinateurs scientifiques :
Adeline Rucquoi, Christophe Alcantara et l’agence française des chemins de Compostelle
Comité d’organisation :
L’Université Toulouse Capitole (Institut du Droit de l’Espace, des Territoires de la Culture et de la Communication-IDETCOM-) et l’agence française des chemins de Compostelle.

Partenaires

Leave a Reply