Appel à communication : « Photographie urbaine : histoire, enjeux, fonctions de l’image » (8 février 2019)
Journée d’études proposée dans le cadre des journées doctorales en Histoire de l’architecture organisées par Anne-Marie Châtelet (École nationale supérieure d’architecture de Strasbourg, ARCHE), Hélène Jannière (Université Rennes 2) et Jean-Baptiste Minnaert (Université Paris-Sorbonne, UMR André Chastel).
Cette manifestation scientifique est organisée par Alessandro Benetti (Université Rennes 2 et Politecnico di Milano, Ecole doctorale ALL), et Hélène Jannière (Université Rennes 2, EA1279 Histoire et critique des arts).
Conférencier invité : Antonello Frongia, historien de la photographie, Dipartimento di Studi Umanistici, Università degli Studi Roma Tre.
En 2001, l’historien d’art et d’architecture James Ackerman observait que « l’histoire moderne de l’architecture a eu ses origines, en Europe occidentale, à peu près au même moment où les chercheurs eurent à leur disposition des photographies de bâtiments. Les photographies ne créèrent pas la discipline, mais sans elles, les opportunités de développement de méthodes de recherche sophistiquées n’auraient pas été à disposition des chercheurs qui auparavant, avaient uniquement accès aux dessins et à des reproductions traditionnelles. […] Les photographies sont fondamentales pour la pratique de la recherche historique et de l’interprétation car elles donnent au chercheur une collection extensible, presque à l’infini, d’enregistrements visuels de bâtiments ou de détails de bâtiments dans son domaine de recherche[1]».
L’utilisation de la photographie dans l’écriture et la diffusion de l’histoire de l’architecture a désormais fait l’objet de plusieurs travaux, qui interrogent notamment les pratiques d’historiens de l’architecture du 20e siècle[2]. D’un autre côté, les historiens se sont penchés sur leurs propres usages des images photographiques[3]. Les liens entre photographie et histoire des villes et de l’urbanisme commencent eux aussi à être explorés, comme en témoignent récemment quelques journées d’études, colloques ou numéros de revue[4].
Cette journée d’étude doctorale se propose d’approfondir quelques aspects des usages du medium photographique dans les pratiques relatives à l’histoire de la ville et de l’urbanisme.
La photographie a pu véhiculer des fonctions aussi diverses que la documentation d’espaces urbains et d’immeubles voués à la disparition, la découverte d’une ville « ordinaire » occultée par les rhétoriques officielles du pouvoir politique, la dénonciation publique des destructions de la rénovation urbaine, l’ « invention » et la promotion des villes touristiques, enfin la formulation d’un nouveau regard partagé sur des territoires urbains en quête d’identité.
Si la photographie est abondamment utilisée en tant qu’instrument de lecture, d’analyse et de compréhension des territoires urbains, si elle constitue un outil indispensable au projet d’urbanisme et de territoire, la question posée ici concernera plus spécifiquement les différentes fonctions des images photographiques dans les pratiques des historiens des villes et de l’urbanisme. Comment les historiens de la ville et/ou de l’urbanisme se sont-ils approprié et ont-ils utilisé la photographie comme instrument de connaissance et de critique de la ville et de ses évolutions ? De quelle manière l’image photographique et sa diffusion agissent-elles au sein des processus de patrimonialisation, par exemple des centres urbains ? De quels matériaux photographiques les historiens se saisissent-ils ?
Les communications pourront également s’intéresser au contexte de production et de diffusion des clichés. En effet, la photographie urbaine remplit des fonctions variées (description, critique, promotion, dénonciation, etc.), s’inscrivant dans des projets artistiques, architecturaux et urbains, mais répondant également à des desseins politiques, des stratégies commerciales et/ou de communication. Les images des villes sont diffusées auprès du public à travers plusieurs supports (presse, expositions, documents issus des collectivités locales ou liés au tourisme, etc.). La photographie urbaine se trouve ainsi au cœur d’une chaine de relations engageant de multiples acteurs : clients (commande publique ou privée, institutionnelle ou artistique, etc.), opérateurs, publics ciblés par ces images, etc.
En outre, les historiens de la ville se constituent, selon les occasions, en tant que commanditaires des images photographiques, producteurs des clichés ou public ciblé par la photographie. Les propositions pourront explorer leurs positionnements dans le système de relations complexes qui président à la production du corpus photographique sur la ville et analyser les images à la lumière des contraintes et des sollicitations culturelles, sociales, politiques et économiques qui ont pesé sur leur réalisation.
Ces questions pourront être abordées selon plusieurs approches : à partir de l’expérience d’un photographe, d’un historien, d’une ville-cas d’étude, d’une campagne photographique, de l’analyse d’une revue ou d’albums photographiques.
Cette journée d’étude souhaite encourager les interventions de doctorants ou de jeunes docteurs de plusieurs disciplines, dont l’histoire de la ville et de l’urbanisme, l’histoire du paysage et de l’architecture, l’histoire de la photographie, l’histoire de la presse et du journalisme.
Les propositions de 3000 signes, assorties d’une courte biographie et liste de publications), sont à envoyer à :
Alessandro Benetti (alessandro.benetti@univ-rennes2.fr) et Hélène Jannière (helene.janniere@univ-rennes2.fr),
avec copie à
Anne-Marie Châtelet (chatelet.schmid@wanadoo.fr) et Jean-Baptiste Minnaert (jean-baptiste.minnaert@sorbonne-universite.fr).
Date limite d’envoi des propositions : 23 décembre 2018
Notification d’acceptation aux auteurs : 6 janvier 2019
Journée d’étude : 8 février 2019
Les organisateurs sont au regret de faire savoir aux intervenants que leurs frais de mission devront être prioritairement pris en charge par leur laboratoire ou université de rattachement.
[1] J. Ackerman, « On the Origins of Architectural Photography », (Origins, Imitation, Conventions. Representation in the Visual Arts, MIT Press, 2002, p. 95-12).
[2] Quelques exemples : W. Oechslin, G. Harbusch, Sigfried Giedion und die Fotografie. Bildinszenierungen der Moderne, Zurich, GTA, 2010, « La source photographique dans la pratique de l’historien de l’architecture », Livraisons d’histoire de l’architecture n° 31, 1er semestre 2016, J. Otero–Pailos, « Photo[historio]graphy : Christian Norberg-Schulz’s demotion of textual history », JSAH vol. 66, n°2, June 2007, p. 220-241.
[3] Numéro « Image et histoire », Vingtième siècle n° 72, octobre-décembre 2001.
[4] Par exemple : journée d’études « Villes en photographies : Les usages de la photographie en histoire urbaine », Société Française des Historiens de l’Urbanisme, Université Paris-Est Marne la Vallée, 17-18 janvier 2013 ; « Photographier la ville », Histoire urbaine n° 46, 2016/2 ; « Capitales photographiques », colloque sous la dir. de S. Aubenas, J.-P. Garric et M. Volait, BNF, CNRS-InVisu, Université Paris 1, 15 septembre 2015.
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