Appel à communications de Marges (revue d’art contemporain) : Journée d’études « High & Low » (27 octobre 2018, Paris)
De nos jours, la distinction traditionnellement faite entre un art « noble » et un art « populaire » peut sembler renvoyer à une question relativement désuète. On observe pourtant qu’en pratique des hiérarchies implicites subsistent à propos de ce qui distingue l’art « véritable » du reste, même lorsque, dans différents contextes, est remise en cause l’échelle des mérites artistiques. Il s’agit notamment d’un effet de l’acception commune de la notion d’« art » comme terme « laudateur » (Schaeffer ; 1996), une qualité qui s’ajoute aux artefacts ordinaires et les sort de leur aspect routinier et banalisé. De même, des « professionnels », comme les esthéticiens ou les critiques, ont souvent pour tâche de classer les produits artistiques selon qu’ils sont dignes ou non de l’appellation art. Poser la question du mérite en ce qui concerne les arts revient ainsi à faire acte non seulement de jugements esthétiques ou artistiques mais aussi moraux. Les spécialistes ne cherchent pas uniquement à trancher ou à délibérer autour de débats philosophiques : leur activité est également responsable, d’une manière directe ou indirecte, de la répartition des « ressources précieuses » (Becker ; 1982) que constituent les salles de concert, les espaces des musées, les subventions, les aides, les postes, etc.
Cette journée d’études s’attache à analyser les principes et les conditions de la hiérarchie des arts selon les cultures ou les géographies, tant occidentales que non occidentales. En ancrant les questions de dignité et/ou de légitimité artistique des œuvres dans une vision pragmatique, les critères d’évaluation apparaissent ainsi à la fois comme mobiles et comme des données constantes.Ils sont présents dans les différentes sociétés et déterminent la répartition des produits comme artistiques ou non artistiques, bien que la dénomination « art », au sens où on l’entend dans les mondes occidentaux, ne soit pas toujours d’usage. Si l’influence d’une culture populaire sur les pratiques dites légitimes a déjà fait l’objet de nombreuses études, seront privilégiées les propositions qui mettent l’accent sur une approche sociologique, anthropologique, historique, etc. Que considère-t-on, historiquement et contextuellement parlant, comme art mineur, art populaire, art naïf, art noble, grand art ? À quels « mondes de l’art » appartiennent ces différentes catégories ? De quelles manières s’organisent la circulation des œuvres au sein de ces mondes et leur réception ? Comment définir d’autres schémas hiérarchiques dans les arts, selon les cultures et dans la durée ?
Axes de recherche
La journée d’études se concentrant sur la période contemporaine, les propositions qui recouperont les axes proposés ci-dessous seront privilégiées :
- La recherche de légitimité à travers l’auctorialité (cinéma, bande dessinée, musique, etc.) ; la redécouverte des arts populaires ;
- Les pratiques émergentes susceptibles d’être légitimées dans le futur par le biais de processus d’artification ;
- La hiérarchie des arts dans les cultures non occidentales ; conflits et critiques autour de cette hiérarchie ;
- Les différents mondes artistiques et leurs porosités ;
- Le rôle et le statut des critiques et philosophes dans l’établissement des systèmes esthétiques ; le rôle de ces catégories et hiérarchies dans la réception des productions artistiques, dans les pratiques culturelles… ;
- La question des politiques culturelles vis-à-vis des différents mondes de l’art et des formes de création « non légitimes » ;
- Les modalités concrètes de l’extension du champ artistique, le brouillage entre pratiques culturelles et artistiques : les différents types de labels attribués à des objets patrimoniaux (y compris relevant du patrimoine immatériel) et leurs limites éventuelles.
Modalités
Les propositions devront nous parvenir avant le 11 juin 2018, sous la forme d’une problématique résumée (5000 signes maximum, espaces compris), adressée par courriel à Umut Ungan (umut.ungan@ehess.fr).
Les textes sélectionnés (en double aveugle) feront l’objet d’une journée d’études à Paris, à l’INHA (salle Walter Benjamin), le 27 octobre 2018.Le texte des propositions retenues devra nous parvenir le 20 octobre 2018 (30.000 à 40.000 signes, espaces et notes compris) et les communications ne devront pas excéder 30 minutes lors de la journée d’études. Certaines de ces contributions seront retenues pour la publication du numéro 29 de Marges en octobre 2019.
La revue Marges (Presses Universitaires de Vincennes) fait prioritairement appel aux jeunes chercheurs des disciplines susceptibles d’être concernées par les domaines suivants : esthétique, arts plastiques, études théâtrales ou cinématographiques, musicologie, sociologie, histoire de l’art…
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