Les Trente Glorieuses en France marquent dans la deuxième moitié du XXème siècle une période particulièrement féconde dans les domaines de l’architecture et de l’urbanisme. Le temps de la Reconstruction, puis la mise en œuvre des politiques d’aménagement du territoire ont donné lieu à une activité constructrice intense, qui n’a immanquablement pas échappé à la création audiovisuelle.
Parallèlement, l’industrie cinématographique est bouleversée par la démocratisation de la télévision et diverses évolutions technologiques. Ainsi le matériel devient plus léger et permet de travailler avec plus de souplesse. Une redéfinition du langage audiovisuel s’engage dès lors avec la production massive de reportages, de documentaires, de films à budgets réduits.
Dans ce contexte de croissance et d’expansion de la société de consommation, les supports audiovisuels sont largement exploités, afin de promouvoir les nouveaux équipements urbains et architecturaux. Ceux-ci font alors l’objet de politiques de valorisation, sous différentes formes : films de commandes, campagnes de communication, spots publicitaires, tournages de films de fiction dans des décors contemporains.
Se dessinent aussi à cette période les éléments d’un discours critique, contribuant à nourrir le débat sur les architectures de la croissance, qu’elles s’intéressent au logement, à la consommation ou aux loisirs. Ainsi, les méthodes documentaristes, les recherches artistiques ou les pratiques cinématographiques militantes s’interrogent sur les mutations sociales induites par les nouveaux modes d’habiter, de travailler, de se distraire. Elles en explorent les marges, remettant en cause le concept téléologique de croissance et de progrès.
Différentes thématiques pourront être évoquées lors de cette journée d’étude, dont l’ambition première est de développer les échanges interdisciplinaires au sein de l’école doctorale, et d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherche communes :
- Présentation et analyse des nouveaux modes de diffusion audiovisuels, des nouveaux formats : émissions ou documentaires télévisés sur l’architecture et le design.
- Regards documentaristes sur les appropriations de l’architecture : dialogues et confrontations entre paroles d’usagers et discours d’architectes.
- Déambulations cinématographiques : l’œil du cinéaste sur la ville spectacle.
- Utopies architecturales et cinéma d’anticipation : entre adhésion et répulsion à l’architecture moderne et ses esthétiques.
- Politiques d’aménagement du territoire francilien : campagnes de communication, documentaires et enquêtes filmées.
- Villes nouvelles et banlieues : propagandes, poétisations et politisations des grands ensembles.
- La station de vacances, perçue comme ville spectacle et décor cinématographique : le cinéma, outil critique ou vecteur de communication de la société de consommation et du loisir.
- Rapports entre cinéma et télévision. Des espaces de diffusion en pleine mutation : analyse de leurs usages et formes.
Modalités d’évaluation et de sélection des propositions
Les propositions privilégiant des objets d’étude communs aux deux spécialités invoquées permettront d’identifier des problématiques transversales et complémentaires. Elles pourront ainsi confronter les pratiques des historiens de l’architecture avec celles des historiens du cinéma. Ainsi, les contributions à deux voix seront particulièrement bien accueillies.
Les propositions (une page environ, titre provisoire, indications bibliographiques, brève présentation de l’auteur) doivent être envoyées avant le 15 juin 2011.
Contacts :
- Marguerite Vappereau (marguerite.vappereau@gmail.com)
- Marie Gaimard (marie.gaimard@gmail.com)
Comité scientifique :
- Marie Gaimard, doctorante en histoire de l’architecture, allocataire de recherche, université Paris 1
- Marguerite Vappereau, doctorante en histoire du cinéma, allocataire de recherche, université Paris 1
- Stéphane Goudet, maître de conférence, CERHEC, université Paris 1
Présentation générale de la journée
14 octobre 2011 : des architectures de la croissance à la ville spectacle : approche croisée entre histoire de l’architecture et du cinéma, 1945-1975.
Nous croiserons les approches de l’histoire de l’architecture et du cinéma, afin de tenter des rapprochements, d’identifier d’éventuels objets d’études communs, de confronter les pratiques de nos différentes disciplines. Pour débuter cette réflexion, nous proposons comme période d’étude les Trente Glorieuses, marquées par la Reconstruction, puis la mise en œuvre des politiques d’aménagement du territoire. Parallèlement, l’industrie cinématographique est bouleversée par la démocratisation de la télévision et d’importantes évolutions technologiques. Une redéfinition du langage audiovisuel s’engage dès lors avec la production massive de reportages, de documentaires, de films à budgets réduits.
Cette journée d’étude permettra de s’interroger sur l’utilisation du support cinématographique dans le cadre d’une réflexion sur l’espace urbanisé et construit. Des documents audiovisuels (16mm, Super8, 8mm, vidéo) peuvent ainsi servir aux architectes et aux historiens de l’architecture comme ressources vers une meilleure compréhension de la ville. Ainsi, les politiques successives d’aménagement du territoire ont régulièrement fait l’objet de campagnes de communication, de documentaires ou d’enquêtes filmées, qui ont pu être archivés dans différentes institutions.
Par ailleurs, se dessinent les éléments d’un discours critique, contribuant à nourrir le débat sur les architectures de la croissance, qu’elles s’intéressent au logement, à la consommation ou aux loisirs. Ainsi, les méthodes documentaristes, les recherches artistiques ou les pratiques cinématographiques militantes se confrontent aux transformations sociales induites par les nouveaux modes d’habiter, de travailler, de se distraire. Elles en explorent les marges, remettant en cause le concept téléologique de croissance et de progrès.
Enfin, le cinéma, loisir populaire s’il en est, pourra également être envisagé du fait de son inscription physique dans la ville, à travers des lieux de diffusion en mutation. Il s’agira d’identifier leurs usages, d’en analyser les différentes formes, ainsi que leur répartition spatiale sur le territoire.
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