Ce numéro se propose d’explorer les diverses articulations entre l’esthétique et le politique et de questionner les frontières parfois floues séparant l’art de la communication, l’économique du culturel, le privé du public, le signe de la marchandise.
À un moment où la question du politique revient d’une manière insistante dans les débats autour de l’art et de la culture (la création en 2010 de l’École des arts politiques à Sciences Po en est le témoignage le plus marquant), il est important de revenir sur la dimension tactique ou stratégique de la démarche artistique, ses potentiels, ses apories et ses limites.
Partant du principe que la représentation a toujours possédé un caractère actif dans la production du réel ce numéro se propose d’explorer les diverses articulations entre l’esthétique et le politique et de questionner les frontières parfois floues séparant l’art de la communication, l’économique du culturel, le privé du public, le signe de la marchandise.
Pris entre son devenir « relationnel » et les politiques culturelles l’art peut-il toujours revêtir une fonction critique ? Quelle est la marge d’intervention du geste artistique et comment peut-on repenser sa place et sa fonction au sein de l’espace public au-delà de sa conception comme fabrique de sociabilité ? Quelles formes peut prendre l’engagement artistique aujourd’hui, et quelles pratiques témoignent d’une volonté de concevoir l’art comme politique ou comme résistance à l’effondrement du politique – contre l’usage politique de l’art ?
La modernité a posé le problème politique de l’art en termes d’opposition entre l’autonomie irréductible de l’expérience esthétique et ses déterminations sociales et culturelles. L’œuvre fermée sur elle-même fut l’objet d’un ensemble de critiques qui visaient à l’ouvrir aux conditions historiques de son effectuation, déplaçant au passage les limites de l’esthétique. Or, après la dénonciation de la complicité entre les utopies de l’émancipation et l’idéologie totalitaire, la mercantilisation non moins totalisante de l’art au sein de la globalisation économique et l’émergence de micro-politiques identitaires qui sont venues remplacer les revendications de classe, quelles sont les chances d’une démarche capable de rendre compte de la complexité des enjeux actuels tout en évitant de s’aligner sur l’idéologie dominante de la « fin des idéologies » ? D’autant plus que si l’autonomie de l’objet esthétique semble être presque intégralement devenue fonction sociale de la marchandise, l’argument hétéronome d’un art aux prises avec la réalité sociale apparaît très souvent, lui aussi, comme la garantie de l’insertion optimale de l’œuvre dans le circuit du marché. En ce sens il ne s’agit pas tellement de subordonner l’art à des considérations qui lui seraient extérieures (le bien-penser du politiquement correct) mais d’interroger la politique qui l’anime de l’intérieur et qui inscrit sa vocation collective au cœur même du processus créatif.
Axes de réflexion :
- Esthétique relationnelle, critique artiste, net-art : l’art comme création de lien social, ses enjeux, ses limites.
- L’art et le marché : qualité artistique et valeur économique
- Politiques culturelles, politiques de l’art : critique institutionnelle et esthétique d’entreprise
- Le « terrorisme artistique » : intrusions artistiques intempestives dans l’espace public
- La place de l’art dans les politiques éducatives
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Le comité scientifique
- Karin Badt (Université de New York)
- Patrick Barrès (Université Toulouse II)
- Omar Calabrese (Université de Bologne)
- Dominique Chateau (Université Paris I)
- Tom Conley (Université de Harvard)
- Marc Jimenez (Université Paris I)
- Milani Raffaele (Université de Bologne)
- Pere Salabert (Université de Barcelone)
- Olivier Schefer (Université Paris I)
- Ronald Schusterman (Université Bordeaux III)
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Source : http://calenda.revues.org/nouvelle18968.html
Url de référence : http://www.revue-proteus.com/proteus_appel.php
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