ESPACE art actuel, Issue: Art Spatial / Space Art
Espace art actuel, Montréal, Canada, October 27, 2017 – January 15, 2018
Deadline: Nov 30, 2017
ESPACE art actuel, no 119 (Mai 2018)
Il y a un peu plus de quatre cent ans, la Terre, considérée comme stable au centre du monde, a subi – définitivement avec Galilée – un « déclassement cosmique ». Désormais reconnue comme un « astre errant », la Terre devenait une planète parmi d’autres au sein d’un vaste ensemble où l’image du ciel a perdu sa dignité d’antan. S’en est alors suivi une nouvelle « situation de l’homme dans le monde » où les humains, en tant que créatures terrestres, sont aussi amenés à agir comme habitants de l’univers. Grâce aux avancées technoscientifiques, cette extraordinaire aventure se concrétisera à la fin des années 1950 avec la conquête spatiale et le désir fou de mettre un jour les pieds sur la Lune. Lancé dans le cadre de l’année géophysique internationale, mais aussi en pleine « guerre froide », Spoutnik 1, le premier satellite fabriqué par le génie humain, a été mis en orbite par les soviétiques le 4 octobre 1957. En 1961, un premier vol habité par un humain devait avoir lieu avec, à son bord, le Soviétique Youri Gagarine. Mais ce sont les Américains qui ont eu droit aux premiers pas sur la Lune, le 20 juillet 1969, avec Neil Armstrong. C’était comme si l’humanité accédait à une nouvelle dimension dont seul l’avenir pourra nous dire ce qu’elle peut offrir de mieux à notre espèce. Dans son prologue à Condition de l’homme moderne, paru en 1958, la philosophe Hannah Arendt souligne l’importance de cette conquête dans l’histoire de l’humanité, mais elle s’inquiète aussi de ce que cet exploit apporte à l’esprit humain. Elle déplore ce désir, inconscient ou non, d’échapper à la condition humaine. En effet, que veut dire le fait de n’être plus rivé à la Terre ?
Bien avant la possibilité de nous imaginer en dehors de notre propre maison, de nous placer en situation d’extraterrestre devant l’image de la planète bleue, l’idée d’envoyer un objet ou un être humain dans l’espace a été conçue par des auteurs de science-fiction. C’est que le monde de l’art s’est toujours émerveillé devant le Cosmos. Toutefois, depuis la fin des années 1960, certains artistes désirent participer activement à cette aventure humaine hors du commun. Avec Apollo 12, une légende laisse entendre qu’un premier « musée » a été installé sur le sol lunaire à l’initiative de l’artiste Forrest Myers. Moon Museum consistait en une petite plaque de céramique sur laquelle étaient reproduites des œuvres d’artistes américains. En 1971, une œuvre, intitulée Fallen Astronauts de Paul Van Hoeydonk. aurait également été déposée sur la lune par la mission Apollo 15. L’œuvre était placée près d’une plaque commémorative rendant hommage à des astronautes disparus. En 1993, pour la station MIR, Arthur Woods a créé Cosmic Dancer, une sculpture de forme géométrique faite pour s’exposer en situation d’apesanteur. D’autres projets artistiques sont eu cours, comme celui du regretté Jean-Marc Philippe et son projet Keo, un satellite contenant des messages de Terriens à leurs descendants.
C’est dans l’horizon de ces projets d’art spatial que ce dossier de la revue ESPACE art actuel souhaite susciter des réflexions. S’il y a eu déjà plusieurs précurseurs dans le domaine de l’art spatial, d’autres projets poursuivent ce désir de sortie hors de notre monde terrestre. On pense à celui de Trevor Paglen avec le projet Orbital Reflector, qui devrait prendre forme au printemps 2018, mais aussi à MoonArch, un autre musée miniature prévu pour 2019 et initié par Lowry Burgess. Ces œuvres créées pour l’espace, sinon mises en état d’apesanteur, ces sculptures orbitales, soulèvent certes plusieurs questions. Une œuvre d’art peut-elle être extraterrestre ? Que signifie une œuvre d’art lorsqu’elle est exposée dans l’espace ? Pour quel spectateur existe-t-elle ?
Par ailleurs, si l’art spatial réfère à l’ensemble des pratiques artistiques contemporaines inspirées par la recherche ou l’activité spatiale, ce dossier mise également sur les pratiques artistiques qui, grâce aux numériques et à l’utilisation des données scientifiques, s’inspirent ou traitent de l’espace pour concevoir des vidéos, des sculptures ou des installations. Dès lors, ce dossier souhaite aussi rendre compte de ces pratiques artistiques fascinées par l’espace. Celles-ci offrent souvent plus de fantaisies et de liberté critique. Elles permettent d’autres questionnements. Quel nouvel imaginaire l’art spatial suppose-t-il ? En quoi l’espace est-il un lieu privilégié pour penser et interroger d’autres conceptions du monde ? À l’ère de la globalisation, que nous dit l’art sur la domination de l’espace ? En quoi l’art peut-il nous donner à penser un nouveau « cosmopolitisme » ?
Pour ce dossier, nous souhaitons des contributions qui seront autant des études de cas que des mises en perspectives plus théoriques sur les enjeux que peuvent soulever l’art spatial. Si vous souhaitez participer à ce dossier, nous vous invitons, dans un premier temps, à contacter la direction de la revue par courriel (alpare@espaceartactuel.com) afin de présenter sommairement votre proposition. Très rapidement, nous vous informerons si votre proposition est retenue. Votre texte, version complète, ne devrait pas dépasser les 2000 mots, notes incluses. En plus du cachet de 65 $ par feuillet (250 mots), nous vous offrons un abonnement d’un an à la revue.
La date de tombée pour le texte, version finale, est le 15 janvier 2018
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