Ce numéro se propose d’explorer les innombrables figures du corps amoureux, à travers ses appréhensions, ses achèvements et dans ses diverses réalisations contemporaines, en ce qu’elles témoignent également et du rapport de l’artiste à son oeuvre, et des théories sur l’art. De la légende instituée par Pline l’Ancien, qui situe une histoire d’amour aux fondements de la première image, aux iconographies renaissantes susceptibles d’examiner chaque posture de la passion ; des éprises chez Vermeer, comme phagocytées par des fenêtres à travers lesquelles on ne voit rien, aux Madeleines se consumant à la lueur d’un miroir sans visage, et jusqu’aux oeuvres romantiques, nous avons été habitués à penser le corps amoureux en relation avec une certaine dépossession.
Qu’en est-il néanmoins, aujourd’hui, de ces représentations qui ont trait, de près ou de loin, à l’amour ?
Nombreux sont les auteurs qui ont souligné les incertitudes qui imprègnent l’espace amoureux. Lorsque Freud remarquait que « la toute-puissance de l’amour ne se manifeste jamais plus fortement que dans ses égarements », d’autres théoriciens ont explicité les liens qu’entretient l’amour avec l’identité. Pensons à Georges Bataille dans son rapport qu’il établit entre l’érotisme et la chute ; à Christian David pour qui « l’état amoureux est animé d’une volonté d’indétermination (…) » ; à Michel de M’Uzan selon qui, « s’il est vrai que l’homme n’aime que lui seul, (…) il ne peut être lui-même que (…) s’il est capable de devenir aussi un autre » ; ou encore à Julia Kristeva qui souligne, dans ses histoires d’amour, un « oubli de son image » et, ce faisant, une « aliénation dans l’image de l’autre » ; songeons également à Joyce McDougall et à son plaidoyer pour une certaine anormalité ; à cette notation de Paul Celan : « Je suis toi, quand je suis moi », ou enfin à Alain Badiou qui insiste sur les risques consécutifs au champ amoureux.
Quelques pistes de réflexion sont proposées à titre indicatif :
– Quelles sont les nouvelles poétiques contemporaines du corps amoureux ?
– Que reste-t-il du courant amoureux ? De ses figures ? Du corps épris, emporté dans ses attachements ?
– Comment saisir les entrelacements qui nouent le sujet à autrui ? Dans quelles mesures l’espace amoureux participe-t-il de la construction de soi ?
– En quoi la création contemporaine a-t-elle réinventé de nouvelles érotiques ? En quoi ces érotiques parviennent-elles à circonscrire les territoires instables du désir, du sujet, de sa présence, voire parviennent-elles à redéfinir les champs liés au verbe aimer ?
– Comment penser la sensualité du geste créateur dans la construction de l’objet esthétique ?
– En quoi la création contemporaine déplace-t-elle la question amoureuse dans de nouvelles dramaturgies : les écritures de l’errance, les figures du repli, etc.
Les propositions doivent comporter un titre et un résumé du propos (5000 signes espaces compris). Elles doivent être envoyées à Julien Milly (julien.milly@laposte.net) et au comité de rédaction (carole.talon-hugon@wanadoo.fr) avant le 15 janvier 2012. Après appréciation des propositions par le comité de rédaction, un courrier sera envoyé aux auteurs. Ceux dont les propositions seront retenues devront suivre les consignes qui leur seront données par les organisateurs du numéro.
Les textes définitifs devront être reçus avant le 1er mai 2012. Ils seront publiés dans le numéro 10 de la Nouvelle Revue d’Esthétique à l’automne 2012, aux Presses Universitaires de France.
Responsable : Julien Milly (julien.milly@laposte.net)
Nouvelle Revue d’Esthétique : http://www.puf.com/wiki/Nouvelle_revue_d’esthétique
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