Appel à publication : « L’image trompeuse »

Magritte, L'image interditeAppel à contributions pour un ouvrage interdisciplinaire sur l’ « Image trompeuse » à paraître aux PU de Provence fin 2015, proposé par Florence BANCAUD, directrice du  laboratoire ECHANGES.

À notre époque caractérisée par la prolifération des images, dont « la généralisation  et la banalisation ont entraîné une suspicion, voire une peur liées à son caractère falsifiable comme à sa dimension invasive [1]», en un temps où toute image est susceptible d’être fabriquée, retravaillée, falsifiée, manipulée, il s’agit d’interroger l’effet et le statut de vérité/véracité des images. On pourra partir de la condamnation platonicienne de l’art producteur d’apparences détournant de la vérité idéale ou de la critique classique de l’image lorsqu’elle n’est que pâle copie, que simulacre de la réalité. L’image en ce sens se réduit à être une copie trompeuse, illusoire (Schein et non Erscheinung) qui n’a d’autre ambition que celle de tromper et d’illusionner. Elle peut alors s’avérer dangereuse et manipulatrice.

On se penchera également sur l’ ambiguïté fondamentale des images les situant entre imitation et (re)création, dans une dialectique révélation/falsification qui fait d’elles tant un mode de représentation du réel que de transformation et de travestissement de celui-ci : attentif à l’ « effet de réel » produit par l’image, mais aussi à son caractère d’artefact, voire de leurre et de simulacre et à l’écart qu’elle introduit avec son modèle, on s’interrogera donc sur ce que les images masquent, dissimulent, travestissent autant que ce qu’elles montrent malgré elles ; on soulignera leur statut d’écran comme leur valeur épiphanique faisant d’elles soit le vecteur d’une illusion, soit l’espace de révélation d’une vérité cachée, permettant ainsi de passer d’atteindre le vrai caché derrière les apparences (Rilke, Rodin).

On analysera les diverses variantes de l’image trompeuse, du fac-similé au trompe-l’œil et au simulacre ; la dimension trompeuse de l’image généralisatrice, du cliché au stéréotype sclérosant ou réducteur dénoncé dans les gender studies et dans les recherches sur l’interculturalité  ; la dimension esthétique de l’image élaborée comme procédé rhétorique (symbole, métaphore, hyperbole) ou comme dispositif (anamorphose, procédés illusionnistes du cinéma et de la photographie tels le trucage ou la surimpression (Man Ray)) ; la part de mise en scène et de sublimation esthétique de l’image-culte, de l’icône et sa dimension mythique (Barthes); la force persuasive ou hypnotique de l’image publicitaire ou de propagande ; la fonction critique et subversive de l’image fabriquée, dans la caricature ou le photomontage par exemple (Heartfield). On pourra recourir à l’opposition benjaminienne entre l’œuvre d’art auratique et l’œuvre reproductible à l’infini et qui perd par là-même son caractère d’originalité et d’authenticité en devenant retouchable à l’infini, dans le film ou la photographie par exemple.

On pourra également analyser comment l’image-simulacre, en utilisant délibérément le faux-semblant ou le mensonge, exprime la réflexion des artistes sur la manipulation de l’image, interrogeant ainsi notre relation au réel et à l’histoire, comment les arts plastiques ou le cinéma comme la littérature, oscillant entre réalité et fiction et effaçant les différences entre faux et vrai, recourent à l’image trompeuse comme symptôme de l’inauthenticité du monde, l’art devenant alors, pour paraphraser Picasso, « un  mensonge qui nous fait comprendre la vérité », affirmation reprise par Welles dans son film F for Fake /Vérités et mensonges (1973), dont le sous-titre était « nothing but the truth ».

[1] Catherine Grenier, La manipulation des images dans l’art contemporain, Paris, Editions du Regard, 2014, p. 9.

Cet appel s’adresse aux littéraires, linguistes, civilisationnistes, historiens d’art, spécialistes du cinéma et de la photographie et esthéticiens. Date limite de communication des propositions : 30 janvier 2015. Remise des articles pour le 30 mai 2015.

 

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