Colloque : « La Résurrection de Lazare » (Arras, 17-18 mars 2016)

Giotto, La Résurrection de Lazare, 1304-06, Padoue, Chapelle ScrovegniFidèle à une alternance entre Ancien et Nouveau Testaments, le colloque annuel de Graphè porte en 2016 sur un miracle que Jean est seul à rapporter dans une longue péricope (Jn 11, 1-44). Ils sont trois dans les Évangiles à avoir été ramenés à la vie : la fille du notable Jaïre (Mc 5), le fils de la veuve à Naïm (Lc 7) et Lazare, le frère de Marthe et Marie. C’est à ce dernier qu’est consacré le colloque que l’on ne confondra pas avec le pauvre de la parabole du mauvais riche (Lc 16).

Quatre jours après la mort de son ami, Jésus se rend à Béthanie et demande qu’on enlève la pierre qui ferme le tombeau. Puis, d’une voix forte, il appelle le défunt par son nom et Lazare sort des ténèbres, les mains liées de ses bandelettes et le visage caché dans un suaire. Le dernier « signe » donné par Jésus met en scène la condition mortelle de l’homme. Cette katabase chrétienne possède une forte charge symbolique. S’il revient à la vie, Lazare n’en demeure pas moins mystérieux et suscite nombre d’interrogations. Porteur d’une espérance fondamentale, il apparaît comme un personnage à la fois historique et éminemment littéraire, d’une rare modernité. Jean Cayrol invente le qualificatif « lazaréen » pour désigner l’errance de ceux qui sont revenus de l’enfer des camps nazis alors que Jean Giono assimile le retour de Lazare à une renaissance généreuse de la nature.

L’attente de Jésus avant de rejoindre Béthanie, ses larmes surprenantes qui s’unissent à l’émotion générale, le silence de Lazare sur son séjour dans l’au-delà font de l’épisode johannique un récit ouvert que la postérité ne manquera pas de questionner et d’interpréter. Le récit est étroitement associé au cycle liturgique pascal et baptismal car la victoire temporelle sur la mort est aussi celle sur le péché. Les Pères de l’Église y voient la préfiguration de la résurrection des morts à la fin des temps. La tradition orientale élève Lazare au rang de premier « évêque » de Chypre quand La Légende dorée rapporte qu’il a évangélisé Marseille, après avoir débarqué en Camargue avec ses soeurs et plusieurs disciples. Le merveilleux s’invite naturellement dans le récit. Dans son Mystère de la Passion, Arnoul Gréban accorde une large place au personnage tandis que Bossuet donne à voir le corps de Lazare dans son célèbre sermon sur la mort. Hugo en appellera au ressuscité à des fins politiques et d’aucuns en feront même un « homme nouveau ».

L’ombre de Lazare hante l’imaginaire européen jusqu’au fantastique. Mais l’ami de Jésus est aussi considéré comme un personnage négatif, assimilé malgré lui à une espèce de mort-vivant qui a du mal à retrouver sa place parmi ses semblables, à l’instar du colonel Chabert.

On ne s’étonnera pas que la résurrection de Lazare soit l’un des motifs les plus fréquents dans les catacombes et sur les sarcophages antiques. Giotto et Roublev, Caravage, Rembrandt et Van Gogh saisiront l’occasion offerte par le texte évangélique de mettre en image ce retour à la vie terrestre, tout en jouant sur la représentation du tombeau en de subtiles variantes.

Toujours au regard du texte biblique, dans une perspective diachronique et une démarche interdisciplinaire, le colloque Graphè 2016 s’intéresse aux relectures littéraires et artistiques que l’épisode de la résurrection de Lazare a suscitées au fil des siècles.

L’ensemble des communications paraîtra dans le volume 26 de la collection Graphè diffusée par l’Artois Presses Université, au printemps 2017.

PROGRAMME DU COLLOQUE

 

Pour tout renseignement, s’adresser à :

Université d’Artois / Maison de la Recherche
colloque GRAPHÈ  ‘La résurrection de Lazare’
9 rue du temple B.P. 10665 F – 62030 Arras cedex
Secrétariat : sophie.richard@univ-artois.fr

http://www.univ-artois.f/graphe
http://apu.univ-artois.fr/Collections/Graphe

 

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