Conférence du GRHAM : « L’objet comme gageure : pour une approche matérielle de l’histoire du vêtement »

Conférence du GRHAM : « L’objet comme gageure : pour une approche matérielle de l’histoire du vêtement » par Ariane Fennetaux (Paris, 16 novembre 2017).

Type : Conférence (entrée libre)
Date et horaire : jeudi 16 novembre 2017 à 19h.
Lieu : Paris, Institut National d’Histoire de l’Art, salle Demargne (rez-de-chaussée).
Pour tout renseignement : asso.grham@gmail.com

L’intervention se fonde sur une monographie à paraître, The Artful Pockets: Social and Cultural History of an Everyday Object 17th-19th century, qui se propose de faire une histoire sociale et culturelle d’un accessoire méconnu du vestiaire féminin, la poche. Entre la fin du XVIIe siècle et la fin du XIXe siècle, celle-ci se présente en effet sous une forme spécifique; un accessoire indépendant et détaché du vêtement. Il s’agit d’un ou deux sacs oblongs qu’un lien permet de nouer autour de la taille sous le jupon. Là où les hommes disposent depuis le XVIe siècle de poches dans les différentes pièces de leur tenue, que ce soit le pourpoint ou les hauts de chausses, les femmes n’ont pas de poches. Lorsque celles-ci apparaissent dans le vestiaire féminin, à la fin du XVIIe siècle, ce sont des poches qui sont séparées du vêtement et auxquelles les femmes accèdent par des fentes ménagées dans leurs jupes et leurs robes. Loin d’être une histoire de « la mode », c’est bien une histoire des pratiques vestimentaires qui est conduite dans l’ouvrage, et au-delà, une histoire des pratiques culturelles et sociales auxquelles les poches donnent lieu.

Il s’agit de replacer cet humble accessoire dans l’histoire culturelle, sociale et économique des dix-huitième et dix-neuvième siècles britannique pour comprendre ce que l’existence de cet objet particulier et spécifiquement féminin nous dit d’un ensemble de questions telles que le genre bien sûr mais aussi le travail des femmes, leur rapport à la possession, la consommation, leur sociabilité, ou leur rapport à l’intimité à une époque où la poche reste souvent l’un des rares lieux dont elles contrôlent l’accès. Toute marginale que la poche puisse paraître, elle est en réalité liée à de nombreux paradigmes mobilisés pour comprendre la période et constitue un outil critique permettant d’apporter un correctif aux récits parfois trop lisses de l’émergence de la consommation et du rôle qu’y ont joué les femmes, du triomphe de l’industrialisation, ou de l’émergence des sphères privées et publiques.

Ariane Fennetaux est maître de conférences en histoire sociale et culturelle de la Grande-Bretagne au XVIIIe siècle à l’Université Paris-Diderot et membre de l’équipe de recherche LARCA. Elle s’est spécialisée en material culture avec un intérêt particulier pour l’étude de la mode et des textiles. Elle a publié en 2014 un ouvrage co-dirigé avec  Amélie Junqua et Sophie Vasset et intitulé The Afterlife of Used Things : Recycling in the Long 18th century. Elle a également organisé en mars 2016 la conférence ‘Objets Nomades: circulations matérielles, appropriations et formation des identités XVI-XVIIIe siècle’ en collaboration avec le musée de la Renaissance et le Musée Cognacq Jay (dont les actes sont en préparation), ainsi que les 13 et 14 octobre 2017 une conférence sur les rivalités du marché textile entre la France et la Grande-Bretagne de 1700 à 1914.

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