Conférence : « Le marchand Alexis Delahante (1767-1837) et la dispersion de tableaux de maître entre Paris, Londres et Berlin », 06 octobre 2020 (en ligne)

En ligne, 18h30-20h00

Intervenant : Christine Godfroy-Gallardo

Au tout début du XIXe siècle, le marchand Alexis Delahante exporte en Angleterre un nombre considérable de tableaux de maître, principalement en provenance des saisies révolutionnaires. La confiscation des collections royales, des richesses de l’Eglise et des biens des émigrés met à la portée des acheteurs anglais des toiles prestigieuses jusqu’alors difficilement accessibles. Les ventes aux enchères représentent pour cette nouvelle clientèle une occasion inespérée de se procurer des tableaux en provenance de France, mais aussi des Pays-Bas autrichiens, de la Hollande ou de l’Italie. De retour à Paris après des années d’exil londonien, Delahante poursuit avec succès son négoce entre la France et l’Angleterre. Il sait combler les attentes d’une riche clientèle anglaise en lui fournissant des chefs- d’œuvre qu’elle souhaite conserver à tout prix sur le sol britannique. Son cercle d’acheteurs comprend aussi bien des membres de l’aristocratie, que des financiers ou des négociants nouvellement enrichis tels que Lord Penrice ou John Julius Angerstein. Fort de son autorité en matière d’expertise, Delahante devient l’un des fournisseurs privilégiés du prince Régent et futur roi d’Angleterre George IV, à qui il procure tableaux et œuvres d’art.
Si Delahante utilise régulièrement les ventes aux enchères organisées à Paris ou à Londres pour se défaire de ses tableaux, il préfère néanmoins les ventes à l’amiable, proposant directement les oeuvres à son réseau de collectionneurs français et étrangers. Le marchand ne limite pas ses transactions à ces seuls acheteurs privés, mais intervient aussi personnellement auprès des responsables de trois grands musées européens : le musée du Louvre à Paris, la National Gallery de Londres et la Gemäldegalerie de Berlin. Il prodigue conseils et expertises aux administrateurs de ces institutions, faisant passer ses tableaux dans l’un ou l’autre pays, selon les meilleures opportunités à saisir. Delahante est ainsi l’un des rares marchands à avoir réussi à vendre en bloc à l’établissement du Louvre 12 chefs-d’œuvre des écoles italiennes et flamandes, avant d’être officiellement nommé commissaire-expert du Louvre en 1836. Bien que sa discrétion lui ait valu une renommée moins éclatante que celle d’un J.B.P. Lebrun, Delahante a considérablement contribué à la dispersion de tableaux de maître au-delà des frontières nationales, aussi bien auprès de collectionneurs privés que d’établissements muséaux en voie de formation.

Christine Godfroy-Gallardo est docteur en histoire de l’art de l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle a soutenu en 2014, sous la direction de Dominique Poulot, sa thèse qui portait sur les marchands de tableaux qui ont oeuvré en tant qu’experts pour le musée du Louvre, de la Révolution à 1848. Chercheur indépendant, elle concentre son intérêt sur l’histoire du marché de l’art en relation avec les premières institutions muséales en Europe. Elle travaille actuellement à la publication d’une étude sur les rivalités politiques qui ont présidé à l’arrangement des tableaux au sein du Muséum des arts.

La conférence, gratuite, aura lieu sur Zoom. Veillez à vous inscrire au préalable, afin de recevoir les informations nécessaire, à cette adresse : collection.seminaire@gmail.com

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