La succession des générations humaines a servi de base aux toutes premières tentatives visant à construire des modèles plus ou moins mathématisés de l’évolution culturelle (de Machiavel à Augustin Cournot). Les raisons qui firent échouer ces modèles sont trop nombreuses pour qu’on les détaille, mais leur échec n’épuise pas la question des générations culturelles. Après un bref panorama de l’état de la question en modélisation et en sciences cognitives, on présentera un outil statistique simple permettant d’évaluer la part du changement générationnel dans un changement culturel donné. Cet outil sera appliqué à la pose des modèles dans les portraits de la Renaissance. Elle subit, au cours du seizième siècle, un certain nombre de changements, qui ne se révèlent que sur une longue durée, et qui sont soit passés relativement inaperçus, soit restés inexpliqués. Par exemple, le regard des portraits se dirige, avec le temps, vers le spectateur, et les portraits d’hommes cessent de montrer le profil gauche plutôt que leur profil droit. Le premier de ces changements est entièrement dû au renouvellement des générations de peintres : connaître l’année de naissance d’un peintre permet mieux que toute autre variable, de prédire la pose de ses modèles. Cet outil peut corroborer des hypothèses psychologiques avancées pour expliquer ces changements.
La conférence d’Olivier Morin (Université d’Europe Centrale, Budapest) aura lieu le vendredi 26 avril, 15h30, à l’EHESS, salle 1 – 105 bd Raspail 75006 Paris, dans le cadre du séminaire du CAMS « Systèmes complexes en sciences sociales ».
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