Jacqueline Lichtenstein est décédée le 2 avril 2018 à l’âge de soixante-douze ans. Venue de la philosophie, elle a profondément marquée l’histoire de l’art.
Après une thèse de doctorat sous la direction de Louis Marin (1986) sur les fondements philosophiques et théoriques de l’éloquence picturale dans la deuxième moitié du XVIIe siècle en France, elle devient Associate Professor à l’University of California de Berkeley, puis maitre de conférences à Paris X avant de devenir en 2004 professeur à l’Université de Paris-Sorbonne, où elle a été Directrice de l’UFR de Philosophie-Sociologie à la Sorbonne et responsable de la spécialité Esthétique et philosophie de l’art.
Parmi ses publications, plusieurs livres sont à mentionner :
– La couleur éloquente, Rhétorique et peinture à l’âge classique, coll. « Idées et recherches », Paris Flammarion, 1989.
– La Peinture, Larousse, coll. « Textes essentiels », 1995.
– La tache aveugle. Essai sur les rapports de la peinture et de la sculpture à l’âge moderne, Paris, Gallimard, coll. « Essais », 2003.
– Les raisons de l’art : essai sur les théories de la peinture, Paris, Gallimard, 2014.
– L’argument de l’ignorant : le tournant esthétique au milieu du XVIIIe siècle en France, Dijon, Les Presses du réel, 2015.
Elle a en outre codirigé avec Christian Michel l’édition des Conférences de l’Académie royale de peinture et de sculpture à l’époque de 1648 à 1793 (12 vol., 2007-2015) publiées par l’ENSBA et le Centre allemand d’histoire de l’art.
Jacqueline Lichtenstein, qui avait été deux fois scholar au Getty Research Institute, a exercé de nombreuses responsabilités. Elle fut rédactrice en chef de Traverses, la revue du Centre national d’art contemporain Georges Pompidou de 1990 à 1993, directrice de la collection « Essais d’art et de philosophie » chez Vrin et membre de plusieurs comités de rédaction dont celui de la Revue de l’art. Elle fut membre du Conseil scientifique du musée du Louvre, musée qui l’a invitée en 2013 pour un cycle de conférences sur la poétique et la théorie du dessin du XVe au XIXe siècle et faisait partie du Conseil des études et de la recherche de l’École du Louvre, où elle a enseigné.
On peut retrouver la voix de celle qui fut aussi une femme de théâtre dans plusieurs émissions de France Culture.
Passionnée par la peinture, elle n’hésitait à défendre la spécificité du discours de l’art : « l’art perturbe l’ordre du discours ».
Son immense savoir, son enthousiasme pour le débat intellectuel et sa générosité à partager ont marqué beaucoup de chercheurs et d’étudiants.
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