Journée d’étude : « Face au corps » (Paris, musée Rodin et en ligne, 18 octobre 2024)

Journée d’étude

Face au corps

Paris, musée Rodin, auditorium Léonce Bénédite, et retransmission en ligne

Sous la direction de Catherine Méneux, maîtresse de conférences HDR en histoire de l’art du XIXe siècle, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

 

Pour « interpréter tous les aspects de la chair, il faut s’être entraîné patiemment à épeler et à lire les pages de ce beau livre », déclarait Auguste Rodin en 1911 dans ses Entretiens avec Paul Gsell. Un « beau livre » spécifique pour les sculpteurs, puisque ceux-ci étaient plus dépendants des exemples antiques et qu’à l’âge du réalisme et de la photographie, une trop grande proximité avec le modèle vivant ou l’adjonction d’une polychromie étaient susceptibles d’entacher leurs œuvres d’un illusionnisme ou d’un caractère décoratif disqualifiants.

En sculpture, s’il est omniprésent, le corps a donc posé des questions particulières qui ont été peu traitées : alors qu’il a fait l’objet de nombreux travaux en histoire, en anthropologie ou encore en sociologie, sa place centrale a paradoxalement été peu étudiée en tant que telle, en histoire de l’art. Qu’il soit appréhendé dans une optique moniste ou dualiste, le corps a pourtant porté la quête d’expressivité et de dramaturgie gestuelle de maints artistes, leur aspiration à un idéal et leur soumission à des canons, leur volonté de susciter le désir et de s’adapter à l’horizon d’attente des spectateurs. Des spectateurs dont les regards ont été déterminés par les convenances, les modèles perceptifs et les rapports de pouvoir. Certains artistes ont également soumis les corps à la déformation et à l’exagération pour esquisser des charges contestant les canons et les grands hommes ; d’autres les ont stylisés pour se conformer à la beauté de leur époque.

Au XIXe siècle, leurs approches ont fortement évolué sous la pression des découvertes scientifiques et de nouvelles taxinomies, des politiques sociales et d’une culture visuelle notamment orientée vers la capture imagée du mouvement, parallèlement à une reconfiguration des identités genrées. Plus que les autres, les sculpteurs ont donné forme à la précarité de la chair et à son éventuelle évanescence, à la volonté de la sauver de l’oubli ou, au contraire, d’incorporer sa puissance vitaliste ; ils ont figuré la singularité de chaque corps, au temps des sciences anthropométriques et de leur classification hiérarchique. Ils ont aussi travaillé avec ses fragments pour les réassembler dans des compositions inédites ou des œuvres décoratives, se confrontant alors à la question de la figure dans l’ornementation. Tels sont les quelques axes qui seront traités lors de cette journée d’études qui accueillera divers points de vue sur la fabrique des corps du milieu du XIXe siècle à l’entre-deux-guerres.

 

Comité scientifique et coordination

Amélie Simier, conservatrice générale du patrimoine, directrice du musée Rodin

Catherine Méneux, maîtresse de conférences HDR en histoire de l’art du XIXe siècle, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Véronique Mattiussi, cheffe du service de la Recherche au musée Rodin

Franck Joubin, documentaliste, chargé des colloques au musée Rodin

 

Programme

09h00

Mot d’accueil

Amélie Simier, conservatrice générale du patrimoine, directrice du musée Rodin

 

09h15

Introduction

Catherine Méneux, maîtresse de conférences HDR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

 

09h30

« Une étreinte mystérieuse » de l’âme et du corps : Burne-Jones, Moreau et Rodin face aux Esclaves de Michel-Ange

Sébastien Mullier, enseignant agrégé de Lettres modernes, Lycée Auguste Blanqui

 

10h00

Absences/présences. Formes en devenir du corps à l’époque symboliste

Adriana Sotropa, maîtresse de conférences en histoire de l’art contemporain, Université Bordeaux Montaigne

 

10h30

Discussion et pause

 

11h00

Utopie régénératrice. Le corps sculpté à l’épreuve des derniers avatars du symbolisme : Adolfo Wildt (1868-1931), Gustav Vigeland (1869-1943), Henrick Christian Andersen (1872-1940)

Claire Barbillon, professeure des universités, directrice de l’École du Louvre

 

11h30

Sculptures de chair. Le modelage des corps dans les salles d’Edmond Desbonnet

Thierry Laugée, professeur d’histoire de l’art contemporain, Nantes Université

 

12h00

Discussion et pause

 

14h30

Figuristes ou ornemanistes : le défi de la Petite École au milieu du XIXe siècle

Maxime Paz, docteur en histoire de l’art

 

15h00

La rhétorique du corps blessé : les représentations du mutilé dans la sculpture de l’époque fasciste 

Sara Vitacca, maîtresse de conférences en histoire de l’art contemporain, Université de Franche-Comté

 

15h30

Discussion et pause

 

16h00

Donnée scientifique ou procédé d’esthétisation des corps sculptés ? La couleur dans les Races of Mankind de Malvina Hoffman (1931-1933)

Nancy Ba, doctorante contractuelle en histoire de l’art, Sorbonne Université

 

17h00

Discussion

 

17h30

Visite de l’exposition « Corps In⸱visibles. Une enquête autour de la Robe de chambre du Balzac »

Isabelle Collet, conservatrice générale, cheffe du département scientifique et des collections du musée Rodin, co-commissaire de l’exposition

 

 

Informations pratiques

Musée Rodin

Auditorium Léonce Bénédite

21, boulevard des Invalides

75007 Paris

www.musee-rodin.fr

 

De 09h00 à 18h00

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Accessible aux personnes à mobilité réduite

Ouverture de l’auditorium 15 minutes avant le début de la manifestation

 

Retransmission en direct sur Zoom (hors visite de l’exposition)

Inscription (obligatoire) : https://www.musee-rodin.fr/musee/agenda/face-au-corps

 

Contact 

colloques@musee-rodin.fr

 

Visuel : Messrs. Stearn, Portrait de Samuel White, modèle pour l’Athlète américain d’Auguste Rodin (détail), 1900-1901, épreuve sur papier albuminé, 9 x 6 cm, Paris, musée Rodin, Ph.01315 © musée Rodin

Leave a Reply