Journée d’étude : « Images empruntées : l’artiste comme éditeur »

Il existe deux mots dans la langue anglaise pouvant traduire le mot français « éditer ». « To Publish » concerne la diffusion dans l’espace public, et « To Edit », un travail d’agencement et de traitement de contenus lié au texte et à l’image, quels qu’en soient les modes de diffusion. Le terme français regroupe implicitement ces deux significations. Rendre les choses accessibles et traiter le contenu, voilà deux aspects qui renvoient aux pratiques de collecte et d’appropriation de l’image photographique dans l’art depuis plusieurs décennies. À l’heure où cette appropriation est entrée dans une ère numérique et post-industrielle, cette journée d’étude sera l’occasion de s’interroger sur les principes et les enjeux fondamentaux de telles pratiques ainsi que sur leurs évolutions récentes.

Programme

9h30 : accueil du public

10h : Ouverture par Olivier Michelon (directeur des Abattoirs), Emmanuelle Garnier (directrice du laboratoire LLA-CREATIS – Université Toulouse 2) et Yves Robert (directeur de l’ISDAT), puis introduction par Natacha Détré (Université Toulouse 2) et Jérôme Dupeyrat (ISDAT).

10h30 : Natacha Detré, doctorante en arts et sciences de l’art, Université Toulouse 2
Les relecteurs d’images. Une pratique contemporaine de collecte, d’association et de diffusion d’images photographiques
Depuis plusieurs années, de nombreux artistes contemporains puisent dans l’archive visuelle universelle afin d’en révéler les latences, de l’interpréter à nouveau ou encore de remettre sur le circuit du visible ces fantômes du passé oubliés. Utiliser à nouveau des images photographiques existantes, c’est offrir la possibilité d’une relecture de la photographie, de la société et de l’histoire des formes et des pratiques. Ces images sont à la fois relues pour ce qu’elles sont en soi, mais aussi pour leur résonance avec d’autres éléments hétérogènes. C’est-à-dire relire «  au regard de  ». On nommera «  Relecteurs d’images  » ces artistes qui utilisent les images photographiques existantes sans en transformer leur représentation.

11h : Céline Duval, artiste et enseignante, École supérieure d’arts et médias de Caen
La main de l’image
À partir d’une sélection d’artistes pouvant être regroupés sous le terme «  re-lecteurs d’images  », nous analyserons les différents gestes liés à l’acte d’appropriation, de manipulation et de re-distribution des images sur support papier. Cette étude révèlera le rapport corporel, quasi charnel qu’entretiennent ces artistes avec l’image imprimée, fétichisée, voir érotisée. Mais qu’en est-il de la pilosité des images numériques ?

11h30 : Discussion

14h : Jérôme Dupeyrat, enseignant en histoire de l’art, Institut supérieur des arts de Toulouse – beaux-arts
Emprunts et remédiations
Lorsque les artistes travaillent avec des images empruntées, l’utilisation de ces dernières implique le plus souvent le passage d’un médium et/ou média à un autre :   passage d’une forme imprimée à une autre, du livre au web, du web au papier, du papier à l’écran, du cinéma à l’édition, de l’édition à l’exposition, etc. On se proposera ici d’étudier ces remédiations ainsi que les processus d’adaptation, de traduction et de transposition qui en résultent, afin de saisir quels sont leurs effets sur l’économie et la réception des images.

14h30 : Christine Buignet, professeur en arts et sciences de l’art, Université Toulouse 2
Rencontres, collisions, éclosions, dans le flux des images ‘net-errantes’
Parmi les images d’internet, celles qu’on recherche, celles qui vous arrêtent, celles qu’on croise… certaines font parfois écho à une image mentale, elle aussi peut-être errante. Capturées et rediffusées telles quelles ou plus ou moins remaniées par des plasticiens, photographes, blogueurs, elles se redéploient alors dans un autre univers, ouvrant des voies qui peuvent être poétiques, narratives,  critiques voire politiques. À travers quelques exemples, nous interrogerons ces étranges trajectoires, entre ‘radicant’ et cosmologie…

15h : Morad Montazami, enseignant en histoire de l’art, Institut supérieur des arts de Toulouse – beaux-arts
Éditer la guerre
Trois œuvres basées sur l’appropriation d’images de guerre et le spectre plus large de leur fabrication, leur transmission et leur mise en discours, nous serviront d’exemples dans la perspective singulièrement politique d’«  éditer la guerre  » (J.L. Godard, Ici et ailleurs, 1974  ; Walid Raad, Atlas Group, 1989-2004  ; Zineb Sedira, Gardienne d’images, 2010). Entre images de Palestine, du Liban et de l’Algérie, nous étudierons ainsi les gestes de montage, d’archivage ou de décodage qui activent des dispositifs de témoignages.

15h30 : Pause

16h : Christophe Viart, artiste et professeur en arts plastiques, Université Rennes 2
« As-tu vu la Baleine blanche ? » Un livre en chantier
Le grand livre de Melville, Moby Dick, ouvre sur une lecture infinie en quête d’un objet introuvable. Composé lui-même d’emprunts et de références puisés dans une multitude de récits, sa reprise par nombre d’auteurs, artistes, écrivains, réalisateurs, musiciens, fait place à de nouvelles lectures dont il s’agira ici de rendre compte à la manière dont se compose un atlas.

16h30 : Discussion

17h30 : Visite de l’exposition A kind of « huh? » à la médiathèque des Abattoirs.

18h : Vernissage du workshop Back / Front Front / Back avec David Coste et les étudiants
de l’Université Toulouse 2 et de l’ISDAT. Exposition jusqu’au 2 février 2013, Les Abattoirs, galerie des publics.
« En observant les gravures d’Antoine Watteau conservées dans le fonds ancien de la bibliothèque de l’ISDAT, on est frappé par leurs espaces, construits sur plusieurs niveaux de représentation : les planches combinent différents points de vue, associant des paysages, des échelles différentes et des éléments extraits du répertoire formel et stylistique de l’artiste.
Ces gravures représentant des lieux idéalisés, hypothétiques ou reconstruits, sont le matériau et le point de départ du workshop pour aborder les notions de fiction, de remake et de détournement. »

19h30  : Pierre LeguillonLa Promesse de l’écran présente : Manuel de photographie.
La Promesse de l’écran est un dispositif de projection escamotable proposé par Pierre Leguillon depuis 2007. La Promesse de l’écran — Manuel de photographie, présentée une première fois au Musée de l’Élysée à Lausanne en 2011, est une recréation personnelle de l’histoire de la photographie au travers du cinéma. Le Manuel de photographie réunit des dizaines d’extraits de films, tous genres confondus, qui mettent en scène l’histoire de la photographie et ses usages.

Co-organisation

  • Université Toulouse 2 ― Laboratoire LLA-CREATIS, avec le soutien de l’association LLA.DOC et du département Arts plastiques et Arts appliqués
  • Institut supérieur des arts de Toulouse – beaux-arts
  • Les Abattoirs ― Frac Midi-Pyrénées

La promesse de l’écran, par Pierre Leguillon, est une production du Musée de L’Élysée à Lausanne.

Images empruntées  : l’artiste comme éditeur, 24 janvier 2013 , Auditorium –Les Abattoirs – 76 allées Charles de Fitte – 31300 Toulouse

Une proposition de Natacha Détré pour l’Université Toulouse 2 – LLA-CREATIS, et deJérôme Dupeyrat pour l’Institut supérieur des arts de Toulouse – beaux-arts.

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