Journées d’étude : « Imaginaires des lieux, réalité des territoires – La construction des identités néerlandaises par l’image (1579-1702) » (7-8 octobre 2021)

Journées d’étude : « Imaginaires des lieux, réalité des territoires – La construction des identités néerlandaises par l’image (1579-1702) » (7-8 octobre 2021)

En présentiel : galerie Colbert, 2 rue Vivienne, 75002 Paris – salle Vasari

En ligne : inscription lien Zoom : https://www.linscription.com/pro/activite.php?P1=77350

Contact : symposiumterritories@gmail.com

En 1548, Charles Quint fait des Dix-Sept Provinces une entité politique unique avec la création du cercle de Bourgogne ; trente ans plus tard, la révolte des Pays-Bas contre la tutelle espagnole fait voler cette unité avec la signature de l’Union d’Utrecht en 1579. Dès lors, pour les Provinces-Unies auto-proclamées indépendantes, s’amorce un processus de légitimation et de construction nationale au sein duquel le rapport au territoire constitue un enjeu d’autant plus crucial que les frontières continuent de fluctuer au gré des aléas de la guerre de 80 ans. Au cours de cette période, la définition géographique, puis culturelle du territoire commun se superpose progressivement aux identités locales : Si le terme de vaderland n’est utilisé pour faire référence à la République des Sept Provinces dans sa totalité qu’à partir du XVIIIe siècle, la notion même de territoire est investie de fonctions politiques dès le XVIe siècle aux Pays-Bas, ce dont témoignent les arts visuels.

Outil stratégique d’expansion territoriale et de développement économique, la cartographie apparaît comme le lieu privilégié des projections idéologiques et des revendications politiques. Les cartes métaphoriques, qui donnent aux terres des Habsbourg les traits d’une femme dont la péninsule espagnole forme la tête couronnée, et aux Dix-Sept provinces celle du Leo Belgicus, revendiquant l’intégrité des territoires historiques des Pays-Bas et mettant en garde tout agresseur éventuel, en sont de parfaits exemples. Non moins parlantes sont les cartes maritimes, sur lesquelles s’appuient l’hégémonie économique des Provinces-Unies, qui entremêlent informations scientifiques et fantasmes exotiques.

Dans la peinture, le motif iconographique de la carte géographique dans les scènes d’intérieurs devient un topos de la peinture néerlandaise. Mais c’est également par la représentation du paysage, réel ou fantasmé, que la peinture s’empare du territoire et élabore un discours sur celui-ci, à travers un large panel de genres: vues topographiques, paysages composites élaborés à partir d’éléments existants, « acclimatation » de monuments lointains, représentation du folklore local étroitement associé à un lieu …etc.

Cette rhétorique ne se limite pas à un regard patriotique sur le territoire domestique, mais a recours aux territoires étrangers dans ses stratégies d’affirmation nationale. Qu’il s’agisse de la représentation des Sept Provinces comme une Nouvelle Israël, de l’antiquarisme nourri par les séjours d’artistes dans le Sud de l’Europe puis en Orient, de l’exotisme polissé du Nouveau Monde, les artistes conjuguent réalité et fantasme en faisant appel à la charge historique, culturelle et religieuse de ces territoires.

De l’apparition à la disparition provisoire d’un régime politique spécifiquement néerlandais en 1702, le stadhoudérat, quel rôle la culture visuelle a-t-elle joué dans l’affirmation politique du territoire national ? Que nous dit le regard que portent les artistes sur leur propre territoire et sur ceux qu’ils visitent ou imaginent ? Comment des éléments d’Ailleurs vus ou rêvés sont-ils intégrés par les artistes dans une rhétorique visuelle locale ? Que nous révèlent ces images du goût du public qui les observe, les commande ou en fait l’acquisition ? Enfin, dans un processus qui allie édification nationale et territoriale, comment le regard sur le territoire, domestique ou étranger, s’incorpore-t-il et enrichit-il l’imaginaire de l’identité néerlandaise ?

C’est en prenant en compte l’ensemble de ces questionnements que notre colloque ambitionne de mettre en lumière la façon dont l’art néerlandais a fait de la représentation des territoires nationaux et transnationaux le creuset d’une identité commune. Les différentes interventions nous permettront d’appréhender l’imaginaire du territoire dans la culture visuelle néerlandaise et ses liens avec la construction du mythe national des Sept Provinces à l’époque moderne.

Comité Organisateur : Suzanne Baverez (EPHE, Ens Paris), Carole Fonticelli (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Esther Guillaume (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Sarah Moine (Universiteit Leiden)

Comité Scientifique : Stijn Bussels (Universiteit Leiden), Nadeije Laneyrie-Dagen (Ens Paris), Colette Nativel (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

 

PROGRAMME

Day one : October 7th 2021

10h00 : Accueil du public / Welcome

10h15 : Welcome word from the organizers

Introduction

10h30 : Colette Nativel : Prof. dr. Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

10h50 : Stijn Bussels : Prof. dr. Universiteit Leiden

11h10 : Conversation et pause / Conversation and Break

Opening talk

11h40 : Boudewijn Bakker: Dr., Ex-Chief Curator of the Stadsarchief Amsterdam

Concentric Identities: Landscape and Patriotism in the 17th-Century Dutch Republic

12h10 : Conversation

12h30 : Pause / Break

SESSION 1 : Paradoxes de l’image du territoire : Entre Unification Territoriale et Affirmation des Identités Locales

Paradoxical aspirations : Territorial Unification vs. Local Affirmation

14h00 : Merlijn Hurx Dr., Assistant Professor, Universiteit Utrecht and Bram Vannieuwenhuyze Prof. dr. Universiteit van Amsterdam

The Van Deventer Anachronism: Maps of the Northern and Entire Low Countries from about 1540

14h20 : Benjamin van der Linde, Dr., Research Associate, Universität Hamburg

The Dutch Republic and the Two Frieslands. Mapping the north of the Netherlands and the role of early modern historiography

14h40 : Questions and conversation

15h00 : Sarah Moine, Ph.D. Candidate, Universiteit Leiden

Besieged City, Liberated Republic: the Siege of Leiden in arts and its symbolism

15h20 : Carole Fonticelli, Ph.D. Candidate, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Mapping the religious identity in North Brabant through the prism of Mary Magdalene

15h40 : Questions and conversation

16h00 : Conversation et clôture de la 1ère journée / Conversation and closing of 1st day

 

Day two : October 8th 2021

9h00 : Accueil du public / Welcome

SESSION 2 : Modalités d’appropriation du territoire : images et usages de l’environnement

Appropriating the territory: using and being part of one’s environment

09h30 : Esther Guillaume, Ph.D. Candidate, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Outside the city walls: Negotiation of urban and social space in Joost Cornelisz. Droochsloot’s paintings of the Biblical Pool of Bethesda

09h50 : Sarah Mallory, Ph.D Candidate, Harvard University

Ruinous Works: Willem Buytewech’s “Pleasant Places” Landscape Prints and the Dutch Ecological Imagination

10h10 : Lorne Darnell Ph.D. Candidate, Research Assistant, Courtauld Institute and University College of London

Climatology and Civic Identity in the Landscape Tradition of Seventeenth Century Haarlem

10h30 : Questions and conversation

11h00 : Pause / Break

SESSION 3 : Manipuler le réel, manipuler le présent : dialogues entre environnements immédiats et distants

Bridging space and time: merging immediate and distant environments

SESSION 3.1 : Reinterpreting the city : imagination and memory

11h20 : Norbert Middelkoop, Dr., Senior Curator of Paintings, Prints and Drawings, Amsterdam Museum; Curator of Old Masters, Frans Hals Museum, Haarlem

The Amsterdam cityscape in the Golden Age: from representation tool to conversation piece

11h40 : Helen Hillyard, Acting Curator, Dulwich Picture Gallery, London

Reading the Netherlands: Seventeenth Century Civic Memory and the Images of Pieter Saenredam

12h00 : Questions and conversation

12h20 : Pause / Break

SESSION 3.2 : Distant space, distant time

14h00 : Catherine Powell-Warren, PhD. Postdoctoral Research Fellow in Art History, Ghent University

From Hortus Batavus to the Dutch Hesperides: Agnes Block, Vijverhof, and the domestication of the exotic in the fashioning of identity

14h20 : Suzanne Baverez, Ph.D. Candidate, EPHE, Ens Paris

Naturalism, picturesque, exoticism, orientalism : insights on Dutch Italianate paintings

14h40 : Danielle Gravon, Ph.D. Candidate, University of Manchester

« Kandy is now Flanders »: Cartographic propaganda and the mapping of Dutch Ceylon

15h00 : Questions and conversation

Keynote

15h30 : Koen Ottenheym, Prof. dr. Universiteit Utrecht

The imaginary country and buildings of the Ancient Batavians, as reconstructed by early modern scholars

16h00 : Questions and conversation

16h20 : Clôture du Colloque / Closing of the Symposium

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