Mirages de Byzance dans l’art en France (1821–1931)
Lyon, Auditorium du musée des Beaux-Arts, 11–12 juin 2026
Comité scientifique et d’organisation
François de Vergnette (LARHRA), Maximilien Durand (Département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient, Musée du Louvre), Ioanna Rapti (EPHE), Rémi Labrusse (EHESS), Édouard Papet (Musée d’Orsay), Adrien Palladino (Département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient, Musée du Louvre)
De 1821, année du déclenchement de la guerre d’indépendance grecque, à laquelle la France prit une part active et qui contribua à la redécouverte d’un patrimoine grec médiéval encore méconnu, à 1931, date de la première exposition internationale d’art byzantin à Paris, l’intérêt pour Byzance en France ne cessa de s’intensifier. Cet engouement se manifesta dans l’ensemble des domaines artistiques, de la peinture et de la sculpture à l’architecture, aux arts décoratifs, mais aussi aux arts de la scène, à la mode et au cinéma. Parallèlement à la redécouverte ou la réinvention des arts du Moyen Âge occidental à la même époque, Byzance, insaisissable et rêvée, accompagna l’émergence d’un champ nouveau qui, au fil de ces mêmes décennies, s’est structuré et institutionnalisé : les études byzantines.
Dans le dynamique contexte actuel de la redécouverte historiographique de Byzance, de ses collections et des approches élaborées aux xixe et xxe siècles, ce colloque se propose d’examiner la réception de Byzance à travers les productions artistiques et leurs processus créatifs.L’accent sera porté sur les œuvres réalisées en France, tout en ouvrant la réflexion à des comparaisons avec celles produites en Europe occidentale, centrale et orientale, en Amérique et autour de la Méditerranée. Sur fond d’enjeux esthétiques, politiques, religieux et scientifiques, les créations des artistes français révèlent des visions multiples de Byzance, façonnées par les techniques qu’ils privilégient et les époques dans lesquelles ils s’inscrivent.
Sans exclure d’autres perspectives, les contributions pourront s’articuler autour de l’un des axes suivants :
La découverte de l’art byzantin par les artistes
Les artistes rencontrent l’art byzantin, dès l’époque romantique, à travers des voyages en Italie (Ravenne, Venise, Sicile), en Grèce, en Russie ou dans l’Empire ottoman. Architectes, peintres et photographes y reproduisent églises, mosaïques et objets de différentes périodes. D’autres, restés en France, découvrent Byzance en admirant les œuvres byzantines dans les collections publiques et privées, où leur regard s’enrichit d’un dialogue constant avec les érudits et les chercheurs byzantinistes, au croisement de la pratique artistique et de l’étude savante.
Une Byzance religieuse et mystique
C’est le plus souvent une Byzance religieuse et mystique qui se dégage des créations des artistes français de l’époque romantique, et qui continue d’inspirer certains jusqu’au xxe siècle. Des architectes et décorateurs d’églises et de chapelles funéraires puisent leur inspiration dans les édifices religieux byzantins ainsi que dans les motifs architecturaux et ornementaux, ou dans ce que l’on considérait alors comme « byzantin ». Dans les décors d’églises françaises de cette période, se déploient des compositions hiératiques, des fonds d’or et des mosaïques.
Une Byzance fantasmée, décadente et orientale
À la fin du xixe siècle, une Byzance fantasmée, décadente, orientale est mise en scène dans la peinture etla sculpture exposées au Salon, la peinture décorative, les illustrations d’ouvrages historiques ou de romans, ainsi que dans l’affiche.Ces représentations s’attachent aux grandes figures et aux épisodes marquants de l’histoire byzantine : les empereurs, les impératrices, avec une attention particulière portée à Théodora, au centre d’une véritable « théodoramania » déclenchée par la pièce célèbre de Victorien Sardou. Elles mettent également en scène les patriarches, les moines ascètes, et les fastes du cérémonial byzantin à travers les scènes de cour. Cette imagerie se prolonge dans la culture populaire, notamment au cinéma.
Byzance et modernités
Byzance devint, pour les avant-gardes du xxe siècle, une source d’inspiration ambivalente. L’éclat de ses ors, l’intensité de ses couleurs, la richesse de ses matières et son refus du mimétisme offraient un langage visuel affranchi des conventions occidentales. Ils y reconnaissaient un art à la fois abstrait et hiératique, mais aussi sensuel et vibrant, propice à réinventer formes et procédés. Matisse en retint la frontalité et l’éclat des icônes ; Maurice Denis, les effets décoratifs et symboliques des mosaïques ; Rouault, une intensité spirituelle et expressive… Bien d’autres artistes, souvent en marge des ceux les plus reconnus, ont également puisé dans cet héritage. Nous invitons les contributions qui explorent ces démarches moins attendues.
Les communications seront d’une durée de trente minutes. Les propositions, en français ou en anglais, de 2000 signes au maximum, accompagnées d’un titre et d’une brève notice biographique de 500 signes maximum, sont à envoyer d’ici au 30 novembre 2025 à :
francois.de-vergnette@univ-lyon3.fr et adrien.palladino@louvre.fr


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