Parution : Charles Errard : la noblesse du décor

Emmanuel Coquery, Charles Errard : la noblesse du décor. Paris : Arthena, 2013

 

Désigné par Louis XIV comme le « Premier Peintre de ses Bâtiments » dans une lettre de 1659, Charles Errard (ca. 1601-1689), peintre, dessinateur, « antiquaire », graveur, illustrateur, éditeur, architecte, pédagogue, administrateur, premier directeur de l’Académie de France à Rome, fut avant tout l’un des principaux décorateurs du Grand siècle et le rival de Charles Le Brun. Du palais du Louvre au château de Fontainebleau, du parlement de Bretagne au théâtre des Tuileries et au premier Versailles, il dirigea quelques-uns des plus prestigieux chantiers de décoration de son époque.

 

Diplômé d’HEC, ancien élève de l’École nationale du patrimoine et ancien pensionnaire à la Villa Médicis, Emmanuel Coquery a été conservateur au musée des Beaux-Arts de Nantes et au département des Objets d’art au musée du Louvre avant de prendre la direction des musées de Troyes puis d’être nommé directeur scientifique adjoint de l’Agence France-Muséums, chargée du musée du Louvre Abou Dabi. Conservateur en chef du patrimoine, il est aujourd’hui directeur du Patrimoine d’une grande maison de luxe française.

 

440 pages, 24 x 32 cm

Relié, 859 illustrations dont 228 en couleurs

Parution : 24 juin 2013

Prix : 116 euros

ISBN : 978-2-903239-50-3

 

Coordonnées de l’éditeur, pour commander l’ouvrage :

8 rue François-Miron, 75004 Paris, France
Tél: +33 1 42 71 61 08 / Fax: +33 1 42 71 25 88
e-mail: edition@arthena.org

 

 

Présentation de l’ouvrage :

 

Charles Errard est longtemps resté une énigme : voilà un artiste qui a décoré une bonne partie du Louvre de Louis XIV, des salles à Fontainebleau et au premier Versailles, qu’on appelait pour habiller le nouveau parlement de Rennes ou le théâtre des Tuileries, un artiste auquel Louis XIV s’adressait comme au « Premier Peintre de ses Bâtiments » en 1659, un artiste de fait concurrent de Le Brun pour la première place artistique du royaume, finalement premier directeur de l’Académie de France à Rome – et voilà un artiste qui a complètement disparu des manuels et de la mémoire collective. Faut-il accuser un sort particulièrement malheureux, qui a détruit la plupart des décors mentionnés par les sources ? Reconnu par son époque, Charles Errard aurait-il été maudit par la postérité ? Longtemps, on n’a eu que des morceaux de décor, des illustrations de livres, quelques peintures prudemment attribuées, pour tenter de voir à quoi ressemblait l’œuvre de cet artiste fantôme. De fait, Errard est un touche-àtout : peintre, copiste, dessinateur, « antiquaire », graveur, illustrateur, éditeur, architecte, pédagogue, administrateur, mais décorateur avant tout.

La présente monographie voudrait d’abord faire découvrir un artiste. Elle revoit largement l’œuvre, dresse et fouille son catalogue à l’aide de nombreuses découvertes. La figure d’Errard se situe au carrefour de tous les arts auxquels on a tenté de la rattacher. Ce carrefour, c’est une certaine idée du décor et de l’ornement – cette idée éclaire tout l’art français du milieu du XVIIe siècle, et c’est aussi l’objet de ce livre de la définir.

L’ouvrage s’attache d’abord à examiner les débuts de l’artiste, son environnement familial, ses premiers voyages en Italie. Entendant l’étude de l’art romain comme une activité pleinement artistique, Errard a dessiné inlassablement tout ce que Rome lui offrait de décors importants, de dessins de maîtres, d’antiques. Rentré à Paris en 1642, l’artiste réalise pour le roi de nombreux chantiers, nourris de son long séjour romain, suivant une esthétique ornementale tournée vers la glorification du monarque. C’est dans le dessin, orthographié alors dessein, dans l’ambiguïté de ce double sens, que l’on peut saisir au mieux Errard. Il est presque naturel que cette ambition de direction, que révèlent aussi ses tentatives d’imposer son hégémonie sur l’Académie royale de peinture et de sculpture, tende à une recherche d’universalité artistique. L’activité architecturale d’Errard en est la principale manifestation, mais ses entreprises liées à l’édition et à l’estampe en sont de multiples facettes.

La seconde carrière romaine d’Errard a été longtemps considérée comme un déclin, à la suite de ce qui serait son exclusion par Le Brun des chantiers versaillais. La création de l’Académie de France à Rome, en 1666, est bien plutôt le couronnement de son ambition. L’enseignement de l’Académie, destiné à une élite d’élèves mais tourné vers la production d’œuvres utiles à la Couronne, est l’aboutissement de cette science de l’art mise en œuvre par d’autres mains, dont la création de grands décors n’était qu’un aspect. Son ambition d’artiste universel tente en définitive de réactualiser l’idéal raphaélesque d’une absolue suprématie du disegno, s’identifiant à l’aspiration de toute une nation qui se voulait l’héritière de l’Italie. Son parcours rappelle que les amateurs de son temps ne concevaient pas la peinture comme nous la goûtons aujourd’hui, détachée d’un tout pour être raccrochée aux cimaises froides des musées, mais bien comme un morceau d’univers, une surface aux résonances cosmiques.

 

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