Cet ouvrage dirigé par Béatrice Joyeux-Prunel avec la collaboration de Louis Sigalo-Santos est le fruit de plusieurs rencontres et séminaires menés depuis 2006 au département d’histoire et théorie des arts de l’ENS – Ulm ainsi que d’un colloque en décembre 2008 dont les actes sont consultables en ligne.
Le résultat est une somme de près de 600 pages organisée en trois parties : « L’approche quantitative est-elle utile à l’histoire de l’art ? », « De la sociologie à l’histoire de l’art » et « Défis pour l’approche métrique ».
La première partie, disponible gratuitement sous format pdf, s’ouvre par un « état des lieux » autour des questions de la mesure quantitative en histoire de l’art avec des articles de Béatrice Joyeux-Prunel (« L’art et les chiffres : une mésentente historique ? Généalogie critique et tentative de conciliation »), Robert Jensen (« Disaggregating the aggregate : the question of measures in quantitative art history ») et Séverine Sofio (« Créer, compter : panorama critique de l’usage du quantatif en art ») en parcourant aussi les exemples de disciplines connexes comme la littérature et la sociologie (« Mesure du littéraire : approches sociologiques et historiques » par Gisèle Sapiro). Les évolutions apportées par les bases de données par rapport aux inventaires sont ensuite évoquées par deux études de cas allemands, Prometheus (« Prometheus : the distributed digital image archive for research and education » par Lisa Dieckmann) et Artigo (« Artigo : social image tagging pour les œuvres d’art » par Hubertus Kohle). Enfin, les problèmes pratiques liés à la constitution d’une base de données d’histoire de l’art sont abordés dans les articles de Solveig Serre, s’appuyant sur la musicologie (« Chronopéra : principes de constitution d’une base de données conçue pour historiens »), et de Béatrice Joyeux-Prunel et Claire Lemercier (« Créer une base de données en histoire de l’art : comment s’y prendre »).
La deuxième partie traite de l’adaptation des méthodes quantitatives issues de la sociologie à l’histoire de l’art, d’abord autour de la question du marché et par là même du prix et de la valeur intrinsèque de l’oeuvre d’art avec deux exemples : la « Valeur des acquisitions des artistes belges par l’État français (1890-1940) » (par Luc Champarnaud et Céline de Potter) et « La construction de la valeur marchande. Le cas Manessier, ou comment mesurer les stratégies marchandes de l’« officialité parallèle » » (par Julie Verlaine).
Les réseaux sociaux font ensuite l’objet de quatre articles. Le premier, de Alain Bonnet, porte sur l’aide financière accordée aux artistes (« L’artiste nomade. Le prix du Salon et les bourses de voyage dans la politique d’encouragement aux artistes de la IIIe République »). Les trois suivants montrent comment se tissent des liens sociaux entre les différents « mondes de l’art » selon la théorie d’H. Becker : les hommes de lettres et les critiques (« Les animateurs de la vie littéraire. Sociabilités littéraires au sein du sous-champ belge francophone de l’entre-deux-guerres » par Björn-Olav Dozo et « La valse courte des critiques d’art : un surdéterminisme de la gratuité » par Pierre François et Valérie Chartrain) ; et un exemple plus global avec l’article de Karim Hammou intitulé « Artistes, professionnels, stars : l’histoire du rap français au prisme d’une analyse de réseaux ».
Enfin, la troisième partie, celle qui intéresse sans doute le plus l’histoire de l’art, repose le problème de l’histoire du goût avec trois articles (« De la narration à la consécration : l’exemple de la peinture flamande de Van Eyck à Rubens » par Victor Ginsburgh, François Mairesse et Sheila Weyers, « Measuring the Chester Dale Collection and the canon of modern art » par Jorgelina Orfila, « Boundless configurations : analysing fashions, styles ans taste in late medieval Northern European jewellery » par David Humphrey, « Proposition de méthodologie pour l’étude du goût d’un groupe social : l’exemple de l’élite noble flamande à la fin du XVIIIe siècle » par Cécilia Fleury et « Le projet eMotion : comment mesurer les émotions dans une exposition d’art » par Stéphanie Wintzerith).
Pour clore l’ouvrage, cinq textes tentent de répondre à la question « peut-on mesurer la créativité ? ». Eva Bouillo propose de réfléchir sur « Le Salon ou l’histoire des goûts et des modes : analyse thématique des œuvres exposées de 1817 à 1827 » ; Solveig Serre reparle de la base Chronopéra ; Sébastien Dubois évoque la mesure de la gloire, Annie Verger les méthodes quantitatives et Luc Sigalo Santos la « mesure administrative de l’activité artistique » à travers une enquête à l’ANPE Spectacle.
Informations complémentaires sur : http://www.dhta.ens.fr/enseignants/beatrice-joyeux-prunel-4/seminaires-de-recherche/Art-et-mesure/article/parution-electronique-l-art-et-la
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