Le cycle « Archéologie des médias et histoire de l’art » présente les travaux d’historiens de l’art et de théoriciens qui abordent les liens entre l’art et la technologie à partir d’approches méthodologiques nouvelles empruntées à la discipline émergente de l’archéologie des médias. Le champ de recherche connu en anglais sous le nom de media archaeology et en allemand sous celui deMedienarchäologie s’est imposé ces dernières années comme un des plus stimulants et des plus féconds pour ce qui concerne la théorie, l’histoire et l’esthétique des médias, et ce notamment dans le cadre des études cinématographiques et audiovisuelles. Les « médias » sont ici envisagés non seulement comme moyens de communication de masse (les mass-media), mais surtout comme formes de médiation matérielle et technique. Les travaux dans ce domaine – dont beaucoup, non traduits, restent peu diffusés en France – font référence au modèle épistémologique de l’archéologie dans toutes ses variantes (de la fouille à la « description de l’archive » foucaldienne) afin d’étudier la perception, la représentation, la mémorisation et la transmission dans leurs aspects historico-techniques.
En partenariat avec l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3/LIRA
Description de la séance
Comment envisager le travail de l’artiste « dans l’atelier » à l’heure des nouveaux médias ? Dans son ouvrageMachine in the Studio: Constructing the Postwar American Artist (1996), Caroline Jones a décrit très justement la manière dont le studio dans lequel œuvrait en solitaire le peintre « héroïque » de l’expressionnisme abstrait a cédé la place aux lieux de travail quasi industriels d’artistes tels Frank Stella et Andy Warhol. Ce faisant, Jones a cependant laissé dans l’ombre l’émergence d’une autre conception du travail artistique qui s’est développée en relation avec l’évolution technologique contemporaine, à savoir celle introduite par la vidéo analogique à ses débuts. Dans ce contexte, en effet, un certain nombre d’œuvres mettent en avant l’idée du studio « à l’intérieur de la machine », c’est-à-dire d’un studio littéralement déplacé vers le domaine « inconnu » de la modulation électronique en temps réel. Ainsi appréhendé, le travail de l’artiste n’est plus assimilé à la production industrielle de masse mais il rejoint les conceptions postindustrielles du travail comme invention et les nouvelles approches de l’association entre l’humain et la technique. Les œuvres qui reflètent cette mutation sont en même temps des exemples de la manière dont la vidéo analogique s’est attachée à explorer de nouvelles formes de mémoire technico-sociales et des ontologies sociales alternatives.
Intervenant
- Ina Blom (université d’Oslo)
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Informations pratiques
24 mai 2016 – 18h-20h
Galerie Colbert, auditorium
Institut national d’histoire de l’art
2, rue Vivienne ou 6 rue des Petits Champs
75002 Paris
entrée libre
Image : Steina Vasulka, Image extraite de la vidéo Orbital Obsessions, 1977
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