M. Maël Tauziède-Espariat soutiendra sa thèse de doctorat en histoire de l’art, intitulée :
« Être artiste en dehors de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture : peinture et reconnaissance publique dans le Paris des Lumières (1751-1791) »
devant un jury composé de :
M. Olivier Bonfait, Professeur, Université de Bourgogne (directeur).
Mme Charlotte Guichard, Directrice de recherche au CNRS, École normale supérieure – Institut d’histoire moderne et contemporaine.
M. Christophe Leribault, Conservateur général du Patrimoine, Directeur du musée des beaux-arts de la Ville de Paris Petit-Palais.
M. Mathieu Marraud, Chargé de recherche au CNRS HDR, École des hautes études en sciences sociales – Centre de recherches historiques.
M. Christian Michel, Professeur, Université de Lausanne.
Mme Sophie Raux, Professeure, Université Lumière Lyon 2.
Le jeudi 14 janvier à 14h en visioconférence.
Pour toutes questions, merci d’adresser un mail à l’adresse suivante: Mael_Tauziede-Espariat@etu.u-bourgogne.fr
Mots clés : artiste; espace public; professionnalisation; exposition; marché de l’art
La thèse analyse les modalités de la reconnaissance artistique dans une catégorie spécifique d’acteurs, la plus anonyme, la plus nombreuse et la moins étudiée, celle des peintres actifs en dehors de l’Académie royale de Peinture et de Sculpture. Autrement dit, il s’agit de comprendre comment un peintre qui n’était pas consacré par cette institution professionnelle et qui, de ce fait, ne bénéficiait pas des supports de visibilité et de notoriété officiels, pouvait néanmoins être considéré comme un artiste professionnel par ses contemporains. À différentes reprises, la correspondance des directeurs des Bâtiments du roi affirme qu’il n’existait aucun artiste remarquable en dehors de l’Académie royale. Pourtant, les efforts de la même administration royale pour censurer les artistes non-académiciens, de même que l’appui que ceux-ci trouvaient auprès de puissants protecteurs ou du marché de l’art, prouvent au contraire qu’il existait une concurrence à l’extérieur de l’Académie royale, dont témoigne encore la renommée de Liotard,Eisen, Lantara, Pillement ou Saint-Aubin.L’étude porte sur l’espace de l’art parisien entre 1751 à 1791, c’est-à-dire un lieu et une période décisifs pour l’émancipation des peintres actifs en dehors du système officiel des arts. Alors que les arts étaient dominés par l’Académie royale, dont seuls les membres pouvaient présenter leurs ouvrages au public dans le cadre du Salon, la corporation des peintres de Paris organisa en 1751 une première exposition concurrente au profit de ses membres. Cet événement,qui concurrençait une sorte de monopole acquis par l’Académie royale, marque le début d’un processus d’une quarantaine d’années à l’issue duquel tous les artistes furent autorisés à exposer avec les académiciens au Salon de 1791. Entre ces deux dates, divers phénomènes témoignent de la constitution d’un espace extra-académique soutenu par des consommateurs plutôt que par des contestataires.Alors que l’admission à l’Académie royale emportait avec elle la reconnaissance d’un statut d’artiste professionnel, la thèse défend l’idée que la reconnaissance du public, qui émerge à la même époque, offrait une autre forme de légitimité professionnelle aux artistes non-académiciens. Cette hypothèse induit deux conséquences. D’abord, il existait des artistes professionnels ou bien, pour reprendre une formule du comte d’Angiviller, de «véritables artistes», en dehors de l’Académie royale. Ensuite, la professionnalisation du statut de l’artiste ne résultait pas d’une dynamique bornée à l’Académie royale, mais d’une accumulation de divers modèles (académique, corporatif, individualiste…) expérimentés par l’ensemble des artistes. S’appuyant sur un corpus de plus de 800 artistes et sur une méthodologie associant l’histoire quantitative et la prosopographie, la thèse remet en perspective l’organisation de l’activité artistique à Paris de cette période en abordant pour la première fois les carrières des peintres dans leur pluralité (première partie). L’étude des carrières montre ensuite combien la mobilisation de compétences relevant aussi bien du «savoir-faire» que du «savoir-être» était utile pour se distinguer dans l’espace de l’art des Lumières (deuxième partie). Enfin, la dernière partie évalue l’étendue de la reconnaissance dans trois lieux importants: le marché de l’art, la Cour et la ville (troisième partie).
The thesis analyses the modalities of artistic recognition concerning a specific category of actors : the most anonymous, the most numerous and the least studied ; that of painters active outside the Académie Royale of Painting and Sculpture. In other words, the thesis aims to better understand how a painter, not consecrated by this professional institution and without benefiting from its visibility and official notoriety, could nevertheless be considered asa professional artist by his contemporaries.On various occasions, correspondence from the directors of the King’s Buildings asserts there were no remarkable artists outside the Académie Royale. However, the efforts of the same royal administration to censor non-academic artists, as well as the support they found with powerful protectors or the art market, prove on the contrary that there was competition for those outside the Royal Academy, to which the fame of Liotard, Eisen, Lantara, Pillement or Saint-Aubin still testifies.The study focuses on Parisian art between 1751 and 1791, a decisive place and time period for the emancipation of painters active outside the official art system. While the arts were dominated by the Académie Royale, whose world renowned Salon only presented work by their members to the public, the Paris Painters’ Corporation organized, in 1751, a first concurrent exhibition for the benefit of its members. This event, which competed with the monopoly acquired by the Royal Academy, marks the beginning of a process of around forty years, at the end of which all artists were authorized to exhibit with academics at the Salon of 1791. Between these two dates, various phenomena bear witness to the constitution of an extra-academic space supported by consumers rather than by protesters.While admission to the Académie Royale brought with it the recognition of a professional artist status, the thesis defends the idea that public recognition, which emerges at the same time, offered another form of professional legitimacy to non-academic artists. This hypothesis induces two consequences. First, there were professional artists or, to use the expression of the Count of Angiviller, « real artists » outside the Académie Royale. Next, the professionalization of the artist’s status was not the result of a dynamic limited to the Royal Academy, but of an accumulation of various models (academic, corporate, individualist, etc.) experienced by all artists.Based on a corpus of more than 800 artists and on amethodology combining quantitative history and prosopography, the thesis puts into perspective the organization of artistic activity in Paris during this period by addressing for the first time the careers of the painters in their plurality (first part). The career study then shows how useful the mobilization of skills relating to both « know-how » and « interpersonal skills » was to distinguish oneself in the era of Enlightenment art (second part). Finally, the last part assesses the extent of recognition in three important places: the art market, the court and the city (third part)
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