Appel à Communication : « Le livre à l’époque romane » (Issoire, octobre 2015)

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Les XIe et XIIe siècles témoignent en Occident d’un recours croissant à l’écrit sous toutes ses formes : on assiste d’abord à l’essor de l’écriture diplomatique (c’est la « révolution de l’écrit », étudiée par Michael Clanchy, 1979), à la multiplication des œuvres théologiques, des chroniques, des œuvres littéraires, etc… et à l’augmentation du nombre des copies manuscrites.

Dans les dernières décennies, plusieurs études se sont penchées sur la question majeure de la culture écrite médiévale, selon des perspectives différentes. Au cours des années 1980, dans ses ouvrages sur les rapports entre oralité et écriture, l’anthropologue Jack Goody a étudié les impacts sociaux de l’accès à l’écrit. En partant des mêmes interrogations, mais en se focalisant sur les XIe et XIIe siècles, Brian Stock a mis en lumière le rôle de l’écrit comme dépositaire de la mémoire collective et catalyseur de groupes sociaux (textual communities).

Ces travaux ont ouvert de fécondes pistes d’études, à l’origine d’un foisonnement de recherches sur la place de l’écriture dans les différents contextes médiévaux. Plus récemment, parallèlement à l’irruption du numérique, parfois perçue comme une menace pour les pratiques traditionnelles d’écriture et de lecture, l’objet livre a été redécouvert dans sa matérialité et sa morphologie : une véritable « archéologie du livre », attentive à tous les aspects matériels concernant la fabrication, l’usage, la conservation des livres, s’est alors développée.

Axes thématiques

Dans la continuité de ces réflexions, le 25ème colloque d’Issoire se propose de discuter la place du livre en Occident à l’époque romane. Au sein d’une démarche qui souhaiterait fortement privilégier les approches problématiques sans totalement exclure les études monographiques, plusieurs axes de recherche peuvent être envisagés :

  • Les conception, production et matérialité du livre

Cette approche pourra inclure toutes les questions relatives à la réalisation du livre médiéval (organisation du scriptorium ou de l’atelier, pratique de la reliure, matériaux, techniques, couleurs, etc…) et aux aspects matériels du produit fini (organisation de l’espace du livre, réglures et mise en page, apparats graphiques, rapports entre les pages et leurs marges, etc.). La question des « mains », des rédacteurs et des copistes pourra être posée, comme celle des bibliothèques, des catalogues, de la circulation des livres. Cette première approche inclut donc à la fois des textes et des modèles iconographiques.

 Les fonctions, utilisations et diffusion du livre

Les relations complexes entre l’utilisateur du livre, le public auquel il s’adresse et ses contenus textuels, graphiques et iconographiques, devront faire l’objet d’une attention particulière, notamment pour une meilleur définition et distinction des cadres public / privé. L’objectif pourra être également de discuter les contextes et formes de consignation, de conservation et de transmission des textes, notamment antiques, mais aussi des prototypes iconographiques. La question de la diffusion devra être abordée, autour des copies et des variantes, de même que les interrogations sur les notions d’unicum, d’authenticité, d’actualisation. Ce dernier processus sera intéressant à considérer pour les miniatures dans la mesure où ce qui est donné à voir trouve souvent un écho dans la société médiévale contemporaine.

  • Le livre comme support de communication

Un des enjeux sera de revenir sur la place du livre au sein des différents supports de communication médiévaux et d’interroger les rapports entre écriture et oralité. Le livre pourra ainsi être pensé comme « oralisé » ou au contraire comme outil de fixation d’une tradition orale, notamment à travers l’analyse de la littérature profane (chansons de geste, lyrique d’oc et d’oïl).

  • Le livre entre écriture et image

Le livre pourra aussi être interrogé dans ses rapports à l’image, qu’il s’agisse des miniatures ou des images extérieures au livre. Les réflexions pourront porter sur le statut du livre illustré, sur ses utilisations, sur le sens de la présence des images à l’intérieur des livres, ainsi que sur les rapports de dépendance entre images, écriture et espace. À l’échelle du livre, les réflexions pourront porter sur l’emplacement des décors et leur rapport au texte, à travers les prismes de l’ornement, de l’illustration ou du discours parallèle plus ou moins autonome.

  • La symbolique du livre

Cette dimension pourra être étudiée àpartir de ses différentes dénominations (codex, opus, liber), de sa forme (par exemple en opposition au volumen, encore utilisé à l’époque romane dans certaines régions et pour certains usages), de ses matériaux (type de parchemin, matières utilisées pour les couvertures, etc.), ou encore de la représentation des livres dans les images médiévales.

  • La dimension spirituelle du livre

Dans une société profondément chrétienne, le livre devra être considéré en tant qu’objet de dévotion, support de la vie spirituelle à travers les textes et les images qu’il contient. Devront également être considérés les rapports importants existant entre pratiques liturgiques et livres. Cette approche pourra être l’occasion de façon plus générale, d’évoquer la différence entre livre religieux et livre profane et d’interroger également les formes et fonctions des livres contenant des pièces musicales. L’étude du statut du livre au sein des spiritualités et pratiques juives et musulmanes devra être également prise en compte.

  • La dimension sociale du livre-objet

Cet aspect pourra être considéré à travers l’usage des livres dans les différents contextes (monastique, aristocratique, urbain, etc…), leur circulation et leur impact sur la formation des groupes et des réseaux sociaux (que l’on pense par exemple à la circulation des rouleaux mortuaires entre les monastères, étudiée par Jean-Claude Schmitt), la conservation (ou la destruction) des livres, la constitution d’archives et de bibliothèques.

  • Le livre comme objet de rencontre entre les civilisations

La question pourra être également posée à traver l’étude des échanges de livres entre l’Occident chrétien, la civilisation musulmane, l’Orient byzantin et les communautés juives présentes au sein de ces trois aires culturelles, sous l’angle des transferts de savoir, de la transmission de savoir-faire, des traductions, etc… Ceci offrira une perspective comparatiste et ouvrira à une histoire connectée de l’objet-livre, c’est-à-dire attentive à la manière dont il permet le contact et l’influence culturelle.

Modalités pratiques d’envoi des propositions

  •  Date limite d’envoi des propositions de communication : 15 mai 2015 (titre de la communication et résumé de 10 lignes maximum en français et en anglais).
  •  Réunion du conseil scientifique et élaboration du programme : début juillet 2015.

Vous recevrez aussitôt un courrier vous avisant de la décision du conseil scientifique.

  •  16, 17 et 18 octobre 2015 : colloque et excursion.
  •  15 mai 2016 : date limite d’envoi des textes pour publication.

Vos propositions de communication sont à retourner par mail à davbmorel@gmail.com et annieregond@gmail.com.

avant le 15 mai 2015

Merci d’y préciser :

  •  Vos nom et prénom
  •  Profession / Structures de rattachement
  •  Adresses postale et email
  •  Titre et Résumé (Anglais/Français)
  •  Évaluation des frais de déplacement

Comité scientifique

  •  Christian Karoutzos, Adjoint à la culture à la ville d’Issoire et secrétaire de l’association Terres Romanesd’Auvergne.
  •  Pierre Deneuve, Attaché de Conservation du Patrimoine à la ville d’Issoire, Responsable adjoint du Centred’art roman Georges-Duby d’Issoire.
  •  Jean-Luc Fray, Professeur d’histoire médiévale de l’Université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand – Centre d’Histoire Espaces et Cultures, Clermont-Ferrand.
  •  Martine Jullian, Maître de conférences honoraire en histoire de l’art médiéval à l’Université Pierre Mendès France de Grenoble.
  •  Annie Regond, Maître de conférences honoraire en histoire de l’art moderne à l’Université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand – Centre d’Histoire Espaces et Cultures – Clermont-Ferrand.
  •  Pascale Chevalier, Maître de conférences en histoire de l’art et archéologie médiévale à l’Université BlaisePascal de Clermont-Ferrand – ARTeHIS – CNRS UMR 6298, Dijon.
  •  Alessia Trivellone, Maître de conférences en histoire médiévale à l’Université Paul Valéry – Montpellier 3 – Centre d’Études médiévales de Montpellier.
  •  David Morel, Docteur en histoire de l’art et archéologie médiévale de l’Université Blaise Pascal de ClermontFerrand
  •  Ingénieur de recherches en archéologie médiévale, bureau d’investigations archéologiques Hadès, Cournon d’Auvergne.
  •  Marie Charbonnel, Docteure en histoire de l’art et archéologie médiévale de l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, Maître – Assistant associé recherche, École Nationale Supérieure d’architecture de ClermontFerrand.
  •  Nathanaël Nimmegeers, Docteur en histoire médiévale, chercheur contractuel à l´Ecole des hautes études hispaniques et ibériques (Casa de Velázquez, Madrid), CIHAM-UMR 5648, (Lyon).
  •  Sébastien Fray, Docteur en histoire médiévale de l’Université de Paris 4 – Sorbonne. Membre associé du Centre d’Histoire « Espaces et cultures » (Université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand).
  •  Vincent Debiais, Chargé de recherches au C.N.R.S., Centre d’Études Supérieures de Civilisation Médiévale, U.M.R. 7302, Université de Poitiers.

 

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