Journée d’étude : « Un œil candide : les artistes non homologués en photographie »

Un œil candide : les artistes non homologués en photographie.

 

Lundi 27 août 2012 | Lectoure (32700)

Les 27 et 28 août 2012, le Centre d’art et photographie de Lectoure organise, dans le cadre de l’Été photographique, deux journées d’études autour de la figure d’Arnold Odermatt, policier suisse à la retraite et photographe reconnu sur le tard. Ces journées d’étude seront l’occasion de se pencher sur les questions posées par une oeuvre produites à priori sans intention artistique, mais que le milieu de l’art s’approprie avec admiration et condescendance tout à la fois. Des contributions d’historiens de l’art et de la photographie, de philosophes et d’artistes viendront nourrir la réflexion sur ces figures « d’artistes malgré eux » que sont certains photographes (Atget, Lartigue,Tichý, Odermatt), et sur leur réception, ainsi que sur les liens ambivalents entre photographie et art, entre art et art brut ou outsider. Annonce Un œil candide : les artistes non-homologués en photographie. À propos d’Arnold Odermatt, journées d’étude, Lectoure, 27-28 août 2012 Organisation : François Saint Pierre, Centre de Photographie de Lectoure, et Caroline Recher, Université de Lausanne Présentation Le photographe Arnold Odermatt, malgré son âge respectable, est un nouveau venu dans le monde de la photographie contemporaine. Né en 1925 dans le canton de Nidwald, en Suisse centrale, d’abord boulanger, puis policier de profession, il a pratiqué très tôt la photographie en autodidacte. Son Rolleiflex toujours à portée de main, il a photographié obstinément, pendant plus de soixante ans, non seulement les paysages et les gens de sa région, mais également les accidents de la route et le quotidien de la police cantonale. Ce n’est qu’à sa retraite que son œuvre fut mise en lumière et reconnue, tout d’abord grâce au travail d’éditeur de son fils Urs Odermatt, metteur en scène et réalisateur, qui, avec son regard d’artiste contemporain, sut repérer et mettre en valeur les motifs les plus constants et les plus originaux du travail de son père. L’adoubement de Harald Szeemann, qui exposa une série de Carambolages à la Biennale de Venise de 2001, signifia définitivement l’inclusion des photographies d’Arnold Odermatt dans le paysage de l’art contemporain. L’analyse de la réception du travail photographique d’Odermatt permet de constater une fascination pour ce personnage exotique, loin des préoccupations et des canons de l’art contemporain, mais qui a construit au fil des ans une œuvre très singulière. Odermatt représente par excellence la figure de l’« outsider », de l’artiste « naïf » à l’« œil innocent », inconscient de son talent – cette figure que le monde de l’art aime tant s’approprier. Ces journées d’étude visent à questionner, d’une part, la réception d’un travail et d’un auteur plus complexes qu’il n’y paraît à première vue, en la comparant à la réception d’autres d’artistes « non-homologués » et à leur transformation en figures quasi-tutélaires par le monde de l’art. D’autre part, il sera également question de se pencher sur la manière dont l’art se nourrit de ce qui lui est exogène en définissant dans un même mouvement le statut exotique, voire « non-artistique » de certaines pratiques et leur qualité si singulière qu’elle peut être homologuée en tant qu’art. Produites apparemment « sans intention artistique » mais reconnues tardivement par le milieu de l’art, les pratiques qui nous intéressent ici permettent également de confronter les processus de « fabrication » d’un auteur. La dimension automatique et mécanique de la photographie amplifie-t-elle cette aura d’innocence qui enveloppe l’« artiste malgré lui » ? Comment la photographie vernaculaire, professionnelle, utilitaire, est-elle annexée par le monde de l’art – des avant-gardes à l’art actuel friand de « décalé » – dans un rapport ambivalent ? Quelles sont les caractéristiques de ces artistes non-homologués qui plaisent tant à la critique ?

Programme lundi 27 août Matinée 9h00-9h30

Accueil 9h30-9h45 Mot de bienvenue et présentation du programme

9h45-10h30 Visite commentée de l’exposition Odermatt Modération : François Saint Pierre (Centre d’art et photographie de Lectoure)

10h45-11h30 Caroline Recher (Université de Lausanne) : Arnold Odermatt, par-delà les sept montagnes 11h45-12h30 Il était une fois Arnold Odermatt : entretien avec Urs Odermatt

Après-midi Modération : Caroline Recher

14h00-14h45Marc Lenot (Université Paris I – Sorbonne) : L’« invention » ambiguë de Miroslav Tichý, entre découverte et captation

15h00-15h45 Clément Chéroux (Centre Pompidou, Cabinet de la photographie, Paris) : L’avant-garde des amateurs

16h00-16h45 Lucie Goujard (Université Lille 3) : Contribution de l’image photographique à la construction de l’art brut

17h15-18h30 Visite libre des expositions de l’Eté photographique. 19h00-20h45 Projection au cinéma du film Le Pandore d’Urs Odermatt au cinéma

Mardi 28 août 9h00-9h15 Synthèse de la journée du lundi 9h15-10h00 Agnès Geoffray (artiste, en résidence au Centre photographique d’Ile-de-France) : La main perverse

10h00-10h45 Gilda Bouchat (Fondation Agalma, Genève) : Images pas sages : esquisses du reflet marginal et autres avatars de la mimésis

11h-12h45 L’œil candide du photographe : table ronde (avec tous les intervenants) Introduction par Jean-Hubert Martin (Conservateur général du patrimoine et commissaire d’exposition) : Les artistes innocents, leurs découvreurs et la modernité 12h45-13h Synthèse et conclusion des journées d’étude

source : Centre d’art et photographie de Lectoure

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