Pour son huitième numéro, la revue en ligne à comité de lecture Le Verger propose d’engager une réflexion sur le thème de « L’exotisme ». Originaire du latin exoticus, et du grec exôtikos signifiant « étranger », le terme désigne de manière générale ce qui sort de l’ordinaire. Il souligne l’émerveillement éprouvé face à des objets et des coutumes qui se situent hors des références culturelles de l’observateur. Si le substantif est fréquemment employé dans la deuxième moitié du XIXe siècle, associé à celui d’« orientalisme », l’adjectif « exotique » est attesté dès le XVIe siècle, au moment des Grandes Découvertes et de l’expansion européenne dans le monde. L’exotisme est ainsi fortement lié au voyage, physique, mais également mental et temporel : il est la recherche d’un dépaysement, d’un ailleurs, qui se révèle parfois déceptif, car privé de sens et de référence. L’exotisme fascine donc tout autant qu’il déconcerte.
La Renaissance apparaît comme une période charnière dans la définition de l’exotisme. L’ouverture de l’Europe au monde et la découverte de nouveaux peuples et territoires engendrent un goût pour les merveilles et les curiosités qui se manifeste dans l’art, mais également la littérature et les sciences. L’élargissement soudain et brutal des frontières du monde connu pousse également l’Europe à engager une réflexion sur l’Autre, opposé à Soi. La notion d’exotisme est alors une manière de représenter cet Autre comme l’envers de soi-même ou au contraire comme une parfaite copie. Ce faisant, elle amène les Européens à s’interroger sur leur propre identité et à relativiser la centralité du Vieux continent et de ses conceptions.
Cependant, il peut n’y avoir ni fascination, ni décentrement, ni, en fin de compte, d’intérêt pour ce qu’est réellement l’étranger auquel on est confronté. Il est parfois utilisé, évoqué, regardé uniquement parce qu’il est suffisamment éloigné pour pouvoir servir de réceptacle, de prétexte modelable à plaisir pour engager des commentaires de tous ordres qui n’ont rien à voir avec lui, ses coutumes, ses représentations… toutes choses qui pourraient effectivement présider à un décentrement. On peut dès lors s’interroger sur l’effectivité de la rencontre avec l’étranger : lui portait-on un réel intérêt ?
La notion d’exotisme peut être abordée sous tous ses aspects, historique, artistique et culturel, littéraire ou encore sociologique. Nous invitons à soumettre des propositions d’articles sur les thèmes suivants, sans pour autant limiter le choix du sujet :
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La circulation des objets exotiques et des nouveaux savoirs en Europe et dans le monde
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Les représentations et perceptions de l’Autre
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Les descriptions des mondes lointains
Les propositions d’article (titre provisoire et résumé d’une page maximum) sont à adresser avant le 25 novembre 2014 à site.cornucopia@gmail.com.
Les articles seront à remettre le 15 mars 2015. Les articles peuvent être de longueur variable, dans une limite de 8 à 15 pages, soit entre 30 000 et 50 000 caractères environ (espaces compris, notes incluses). Le numéro paraîtra en juin 2015.
Toutes les propositions seront examinées par l’équipe de Cornucopia et soumises à l’approbation du comité de lecture du Verger.
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