Pour donner ordre et compréhensibilité à l’univers qui l’entoure, l’homme médiéval développe une nette prédilection pour la pensée sérielle. Les quatre éléments, les cinq sens, les sept vices et vertus. Alors que ces catégories mentales organisées en liste permettent de structurer la pensée, les nombres qui président à ces séries ont valeur symbolique et rendent compte des correspondances entre microcosme et macrocosme. Entre les différentes séries se tissent souvent des réseaux de correspondance, obligeant quelquefois à de sérieux tours de passe-passe. Car comment réduire, par exemple, les cinq sens aux quatre éléments ?
Liée à la pensée métaphorique, c’est souvent par le truchement du symbole et de l’allégorie que la pensée sérielle s’exprime aux niveaux textuel et visuel. Par ailleurs les séries littéraires telles que les Neuf Preux, les Douze Pairs ou encore les dix journées du Décaméron connaissent également un succès considérable, jusque dans la première modernité et au-delà (Les 120 Journées de Sodome…).
Dans ce colloque, nous désirons examiner le fonctionnement de la pensée sérielle dans la période médiévale et pendant la première modernité, ainsi que les transformations qu’elle subit au cours des siècles. Comment ce mode de pensée, solidement assis dans la conception médiévale de l’univers, continue-t-il à opérer dans la première modernité ? Est-ce qu’il correspond toujours à un désir fondamental d’organiser la réalité, ou est-il devenu surtout un dispositif rhétorique? Que devient le lien entre la pensée sérielle et le mode d’expression métaphorique ? Le nombre garde-t-il sa charge symbolique? Les réseaux de correspondance entre les séries continuent-ils à exister, et d’ailleurs quels sont les effets qui en ressortent dans les différentes périodes ? Comment passe-t-on de la pensée sérielle à la pensée encyclopédique ? Rencontre-t-on des ruptures par rapport aux modèles sériels (pré)existants, un jeu sur les nombres habituels, d’autres phénomènes de dislocation ? Que signifient alors ces écarts ? Comment le recours à l’énumération, la série, la liste, permet-il une meilleure compréhension de l’esthétique de l’époque ?
Les communications (en français ou en anglais) pourront traiter de ces questions et sujets, sans toutefois en exclure d’autres, en relation avec la problématique de la pensée sérielle. Le colloque s’adresse à des chercheurs de disciplines variées, telles que la littérature, l’histoire de l’art, l’histoire des idées, la philosophie, la théologie.
Publication : une sélection des communications sera publiée. Les langues de la publication seront le français et l’anglais.
Date limite pour l’envoi des propositions : le 15 octobre 2011.
Merci d’envoyer une proposition d’environ 300 mots (20-30 lignes), accompagnée d’une brève notice biobibliographique, à Anne-Marie De Gendt et Alicia C. Montoya
Le colloque international et interdisciplinaire se tiendra à l’Université de Groningen aux Pays-Bas, les 7 et 8 juin 2012.
Comité d’Organisation:
Dr. A.M.E.A. De Gendt, Dr. A.C. Montoya, avec le soutien du Professeur Dr. P.G. Bossier
L’Université de Groningen, fondée en 1614, est la deuxième plus ancienne des Pays-Bas. Située au nord d’Amsterdam, elle est directement reliée par le train à l’aéroport d’Amsterdam. Le colloque se déroulera au coeur de la ville.
Source : http://www.fabula.org/actualites/la-pensee-serielle-du-moyen-age-aux-lumieres_45808.php
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