Autour de l’exposition
De soie et d’ailleurs, une histoire à la croisée des chemins
Bâtir – Orner – Accueillir – Découvrir
Les antonins à la croisée des chemins
Journées d’étude internationales organisées par le Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye
15 – 16 septembre 2017
Dans le prolongement de son cycle d’expositions initié en 2016 autour de l’exposition Bâtisseurs d’Éternité, le Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye organise du 9 juillet au 8 octobre 2017 une exposition programmée en lien avec la réouverture progressive des espaces muséographiques consacrés à l’histoire des hospitaliers de Saint-Antoine ou antonins, des origines au XVIIIe siècle. Cette exposition, De soie et d’ailleurs, une histoire à la croisée des chemins, et la publication qui l’accompagne, appuyées par les contributions de spécialistes, auteurs de nombreux ouvrages de référence, proposent de poursuivre parallèlement la recherche pluridisciplinaire autour de l’église abbatiale édifiée de la fin du XIIe siècle à la fin du XVe siècle, du bourg attenant comme du vaste réseau de préceptories au Moyen Âge et de commanderies à l’Époque Moderne structurées le long des grands axes stratégiques qui ont façonné l’Europe. Si la soie est en quelque sorte le fil d’Ariane de cette nouvelle présentation, c’est aussi parce que, aux confins des XVIIe et XVIIIe siècles, une manufacture florissante fut implantée aux portes de l’abbaye, redessinant par l’entremise de deux dynasties de soyeux, les contours du bourg médiéval. En prolongement de l’exposition, le Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye organise les secondes journées d’étude, programmées les 15 et 16 septembre 2017 et intitulées Bâtir – Orner – Accueillir – Découvrir. Les antonins à la croisée des chemins.
Le développement de Saint-Antoine, dont le premier toponyme de la Motte-aux-Bois évoque à la fois le cadre naturel particulièrement boisé à la fin du XIe siècle et l’existence d’un château à motte, est dû à l’arrivée des reliques d’Antoine l’Égyptien. La renommée spirituelle de celles-ci et l’implantation d’un prieuré bénédictin contribuent au développement et à la transformation de la modeste agglomération castrale primitive blottie au pied du château en un bourg riche et puissant, lieu de pèlerinage important situé sur l’une des voies de Saint-Jacques-de-Compostelle ralliant le Puy. Ainsi, peu à peu, pèlerins et malades se mêlent à la population résidente et favorisent son augmentation. Lorsqu’au XIIIe siècle, les bénédictins doivent abandonner les lieux au profit d’une confraternité d’hospitaliers installés à proximité, cet essor se poursuit sous l’impulsion de l’abbaye nouvellement érigée par le charismatique et influent premier abbé de Saint-Antoine, Aymon de Montagne, et de l’ordre des hospitaliers de Saint-Antoine.
La confraternité laïque des frères hospitaliers de Saint-Antoine apparaît au XIIe siècle dans le sillage des ordres religieux, militaires et mendiants. Dès sa fondation, elle est connue sous la double appellation de domus elemonisaria, domus pauperum, maison de l’Aumône – maison des Pauvres. Ceux que Guiot de Provins, moine de Cluny, poète et moraliste, nomme dans sa célèbre Bible composée entre 1204 et 1224 « convers de Saint-Antoine » pratiquent l’aumône d’Écosse jusqu’en Antioche, accueillent en leur hôpital infirmes et malades victimes du mal des Ardents, mais n’ont aucun pouvoir réel. Leur totale soumission au prieuré voisin détenteur des reliques de saint Antoine et leur éloignement géographique, bien que contraignant, leur permet toutefois une relative indépendance et attirent de nombreux legs et donations garants d’une certaine pérennité. C’est au demeurant dans la première moitié du XIIe siècle que les hospitaliers initient l’extension territoriale de leur communauté, s’appuyant sur le réseau dense des voies de pèlerinage tout comme les axes stratégiques du commerce et des échanges, notamment avec l’Orient. Dans le contexte favorable du XIIIe siècle caractérisé par une avancée vers l’état de cléricature, l’organisation charitable des frères de l’Aumône alors gouvernée par un Maître magister, est particulièrement privilégiée par les autorités ecclésiastiques. En 1209, les hospitaliers peuvent construire un oratoire aux portes du prieuré bénédictin et sont pourvus dès 1230 de statuts réglant la vie de leur communauté. Considérant les hospitaliers comme de véritables religieux, le pape Alexandre IV leur accorde la faculté d’élire leur supérieur et leur permet dès 1256 l’usage du bréviaire romain. Forts de soutiens multiples et de revenus conséquents, les hospitaliers de Saint-Antoine font rapidement partie du paysage familier des villes. De nombreux chroniqueurs font état de leurs possessions, s’interrogeant sur leur présence au-delà des seules limites du royaume de France.
La maison de l’Aumône ne cesse en effet depuis sa fondation d’accroître sa renommée et ses richesses. Dès le XIIe siècle, plusieurs dépendances sont ainsi fondées : dans les Alpes (Gap, dès 1123), en Italie (Ranvers, vers 1170-1180) et dans les Flandres (Bailleul, vers 1160). Exerçant leur première vocation d’hospitalité et de charité, ces maisons annexes gagnent l’Europe entière, et au-delà Saint-Jean-d’Acre (1218), Constantinople (1256) ou Rhodes (1392). Elles sont la plupart du temps obtenues par acquisition ou donation dans les pays germaniques à Memmingen (1214/1215), Grünberg (1218), Tempzin (1222) mais aussi à Cologne (1298), à Issenheim (1313) ou encore à Maastricht (1236). Les hospitaliers conquièrent progressivement les états italiens, le royaume d’Angleterre et la péninsule Ibérique. En 1478, le Liber religionis Sancti Anthonii Viennensis Sacre Reformationis renfermant les statuts réformés du monastère et de l’Hôpital mentionne 370 maisons, prieurés et hôpitaux rattachés à l’ordre de Saint-Antoine-en-Viennois selon une hiérarchie précise, segmentée en préceptories générales, préceptories secondaires, hôpitaux et maisons de quête. Si l’abbé Aymon de Montagne s’emploie à asseoir la puissance de son ordre naissant, il permet tout autant de légitimer un réseau de filiales conséquent et initie l’âge d’or de l’abbaye. C’est surtout à l’un de ses successeurs, l’abbé Guillaume Mitte, que l’on doit la reprise du chantier de l’église (dès 1337) abandonné dans la seconde moitié du XIIIe siècle. Ce dernier consolide les fondations de l’ordre et en poursuit l’extension amorcée quelques décennies plus tôt. À la croisée des chemins, un réseau se tisse selon une stratégie d’implantation définie en fonction des opportunités à la fois économiques et géographiques, des alliances politiques et des conquêtes territoriales, des flux de pèlerins et des grands fléaux endémiques. De soie et d’ailleurs, ces routes revêtent des réalités diverses au sein desquelles les hospitaliers ne sont pas étrangers. Ces réseaux sont à la fois leur force et leur faiblesse. Ébranlés par les Guerres de religion et les querelles fratricides qui secouent les états européens à la fin du XVIe siècle et jusqu’aux premières décennies du XVIIe siècle, les hospitaliers assistent impuissants à la dislocation de leur empire. Des commanderies en Espagne et dans les pays germaniques fragilisent le délicat équilibre d’un ordre désormais en reconquête. Tournés dès lors vers les sciences et les arts, les hospitaliers s’appuient sur ce qu’ils ont pu sauver d’un inéluctable effritement territorial pour maintenir à flot leur abbaye et leur ordre affaibli.
Dans ce contexte, les secondes journées d’étude de Saint-Antoine-l’Abbaye auront pour objectif, par le biais d’une large approche pluridisciplinaire, d’explorer et de renouveler les connaissances relatives au « réseau antonin ». Autour de médiévistes et de modernistes (historiens, historiens de l’art et archéologues du bâti, littéraire, musicologue), il s’agira d’aborder les préceptories/commanderies de l’ordre selon quatre thèmes principaux : BÂTIR autour des implantations, des constructions et l’affirmation ou non d’un « art antonin » ; ORNER autour du décor peint et sculpté ainsi que des commanditaires ; ACCUEILLIR autour des pèlerinages, de l’hospitalité et de la liturgie ; DÉCOUVRIR autour de l’expansion extra-européenne des antonins du Moyen Âge à l’Époque Moderne et de leur ouverture scientifique à l’origine du cabinet de curiosités de l’abbaye.
PROGRAMME
VENDREDI 15 SEPTEMBRE
9h-9h30
Accueil des participants
9h30-10h
Accueil officiel
Marie Chantal Jolland – Maire de Saint-Antoine-l’Abbaye
Jean-Pierre Barbier – Président du département de l’Isère
Adalbert Mischlewski – Président honoraire de l’Antoniter-Forum
Géraldine Mocellin – Directrice du Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye
Sylvain Demarthe – UMR ArTeHis Université de Bourgogne
BÂTIR
– Présidence : Nicolas Reveyron
10h-10h15
Nicolas Reveyron – Université de Lyon 2
Introduction
10h15-10h45
Mathieu Piavaux – Université de Namur
L’architecture des antonins dans les Pays-Bas du Sud. État de la question et perspectives de recherche
10h45-11h15
Nicolas Reveyron – Université de Lyon 2
Découvertes récentes sur l’abbaye et l’abbatiale de Saint-Antoine-en-Viennois
11h15-11h45
Georges Fréchet – Conservateur des bibliothèques honoraire
Les antonins et leur réseau dans le département de l’Ardèche
11h45-12h15
Discussions
12h30-14h15
Déjeuner
ORNER
– Présidence : Daniel Russo
14h15-14h30
Daniel Russo – Université de Bourgogne
Introduction
14h30-15h
Daniel Russo – Université de Bourgogne
Le prix du salut. Marie d’humilité, servante de Dieu, des hommes, et des antonins
15h-15h30
Martine Jullian – Université Grenoble-Alpes
Aux portes du ciel. Les anges musiciens du triforium de l’abbatiale de Saint-Antoine
15h30-16h
Frédéric Elsig – Université de Genève
L’axe rhodanien et le courant avignonnais dans la peinture du début du XVe siècle
16h-16h30
Discussions
16h30-17h30
Autour d’un verre
19h-20h
Le patrimoine vivant des antonins
20h30
Dîner thématique
(ouvert aux auditeurs sur réservation ; voir les modalités sur le programme)
SAMEDI 16 SEPTEMBRE
ACCUEILLIR
– Présidence : Sylvain Demarthe
10h-10h15
Sylvain Demarthe – UMR ArTeHis Université de Bourgogne
Introduction
10h15-10h45
Aurore-Diane Simon – UMR ArTeHis Université de Bourgogne
Réflexions sur le rôle des maisons des antonins dans la pratique médiévale du pèlerinag
10h45-11h15
Julie Dhondt – Université de Lyon 3
Des maisons aux préceptories : la construction des dépendances antonines d’après les exemples de Gap et Sainte-Croix
11h15-11h45
Gisèle Clément – Université de Montpellier 3
Musique et liturgie dans l’abbatiale de Saint-Antoine
11h45-12h15
Discussions
12h30-14h15
Déjeuner
DÉCOUVRIR
– Présidence : Géraldine Mocellin
14h15-14h30
Géraldine Mocellin – Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye
Introduction
14h30-15h
Sylvain Demarthe – UMR ArTeHis Université de Bourgogne
L’expansion antonine en Méditerranée orientale
15h-15h30
Joëlle Rochas – Conservatrice, directrice de bibliothèque Université Grenoble-Alpes
Collections scientifiques à la croisée des routes antonines, entre royaume de France et Saint-Empire romain germanique
15h30-16h
Dominique Moncond’huy – Université de Poitiers
Les voies d’entrée en Europe des objets de curiosité venus des Amériques et leurs enjeux
16h-16h30
Discussions
16h30-16h45
Daniel Russo – Université de Bourgogne
Conclusions
16h45-17h45
Autour d’un verre
Comité scientifique et d’organisation
Sylvain Demarthe
Docteur en histoire de l’art du Moyen Âge
UMR 6298 ArTeHis – Université de Bourgogne
Coordinateur des journées d’étude
Géraldine Mocellin
Attachée de conservation du patrimoine
Conservatrice déléguée des Antiquités et Objets d’art de l’Isère
Directrice du Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye
Nicolas Reveyron
Professeur d’histoire de l’art et d’archéologie du Moyen Âge, Université de Lyon 2
Daniel Russo
Professeur d’histoire de l’art du Moyen Âge, Université de Bourgogne
Joëlle Rochas
Conservatrice de bibliothèque universitaire
Docteure en histoire
Julie Dhondt
Doctorante en histoire du Moyen Âge
UMR 5648 Ciham – Université de Lyon 3
Claire Bleuze
Assistante principale de conservation du patrimoine, Musée de Saint-Antoine-l’Abbaye
Salon aux Gypseries
Grande Cour
38160 Saint-Antoine-l’Abbaye
Dans la limite des 80 places disponibles
Contact : sylvain.demarthe9[at]gmail.com
JE Saint-Antoine 2017_Programme
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