Appel à communication : « Art et science, regards croisés » (Liège, 26-27 octobre 2017)

hans-holbein-nicholas-kratzer-1528-tempera-sur-bois-paris-louvreLa question des relations entre art et science gagne aujourd’hui l’intérêt de nombreux chercheurs qui, à l’appui de cas exemplaires, démontrent avec toujours plus de pertinence le rôle joué par les avancées scientifiques et technologiques dans le domaine des arts, depuis la Renaissance jusqu’à nos jours. L’objectif du colloque Art et science, regards croisés est de comprendre les raisons d’une telle fascination des artistes pour la science, mais pas seulement.

En croisant les regards – ceux des artistes, des scientifiques, des historiens d’art, des philosophes –, l’approche se veut interdisciplinaire et ouverte à des discussions qui dépassent la frontière de l’art pour mesurer les interactions mutuelles entre deux disciplines qui, dans le domaine de la recherche universitaire, continuent d’être séparés, voire opposés. Ce colloque a donc pour ambition de dépasser les spécialités et les frontières et de dresser, à travers de multiples regards et selon une approche aussi vaste que possible, un bilan à la fois historique et critique du rapport art-science et science-art.

Quatre axes principaux traversent ce colloque :

1er axe : Postures et identités

L’artiste-savant et le scientifique-artiste

La figure de l’artiste savant, qui émerge à la Renaissance avec les « peintres anatomistes » (Léonard de Vinci, Paolo Uccello) et qui se poursuit aujourd’hui avec les « artistes-ingénieurs » (Nicolas Schöffer, Panamarenko, Alain Bublex, etc.), se trouve incontestablement au cœur des interrogations actuelles sur le rapport entre art et science. Cette figure de l’artiste-savant sera traitée dans une perspective historique, soit à travers des cas particuliers (ex. : l’artiste savant à la Renaissance, les peintres de marines au XVIIIe siècle, les artistes-ingénieurs aux XXe et XXIe siècles), soit à travers des problématiques susceptible d’éclairer, plus largement, le statut parfois ambigu de l’artiste-savant.

A la figure de l’artiste-savant sera confrontée celle, moins connue, du scientifique-artiste. Des dessinateurs botanistes du XVIIIe siècle aux Space artists actuels ou aux inclassables tels que le mathématicien et sculpteur Piotr Kowalski, la figure du scientifique-artiste offre de multiples pistes de réflexion, tant sur la curiosité sans cesse renouvelée des scientifiques « purs » pour la création artistique que sur la façon dont les deux activités – scientifique et artistique – parviennent à se conjuguer.

 2e axe : Définitions et débats critiques

Art scientifique ou invention artistique ?

Lorsque l’on jette un coup d’œil sur les grands courants de l’histoire de l’art du XXe siècle, on découvre quantité d’œuvres et de mouvements se définissant en fonction d’une pensée ou d’un principe scientifique. De l’art cinétique à l’art cybernétique, mathématique ou robotique en passant par l’art technologique, le bio-art ou l’art génératif, ces mouvements sont non seulement difficiles à définir, mais ils posent également de nombreuses questions quant à l’usage exact des sciences qui y est fait. Peut-on parler d’une science devenue art ou doit-on plutôt qualifier ces entreprises comme de nouvelles inventions artistiques intégrant ici et là des outils ou des principes scientifiques ? De telles interrogations peuvent donner lieu à des réflexions théoriques et critiques sur le rapport art et science (en essayant, par exemple, de définir la part parfois fictionnelle et imaginaire qui s’en dégage), mais peuvent aussi susciter des débats sur l’existence ou non d’un art scientifique. La question de la collaboration entre scientifiques et artistes sera aussi abordée, car elle est souvent méconnue, voire passée sous silence. Un exemple, parmi d’autres : que sait-on au juste des ingénieurs qui ont travaillé avec Wim Delvoye sur la célèbre machine Cloaca ?

3e axe : Inspirations mutuelles

De la science comme source d’inspiration à la science dite « créative »

La science comme source d’inspiration et de réflexion peut être abordée de plusieurs manières. Il peut être question de l’intérêt ou de la fascination que des artistes éprouvent pour des concepts, des méthodes ou des principes issus des sciences exactes (ex. : compositions atticistes des peintres du XVIIe siècle, le néo-impressionnisme de Seurat, les cosmogonies de Kupka, le théorème de Pappus repris par Duyckaerts, etc.), de l’inquiétude qu’ils peuvent ressentir à l’égard des progrès scientifiques ou technologiques (Orlan, Aziz+Cucher, etc.) ou encore du désir de mener, dans le domaine artistique, des expériences proches de ce que font les physiciens ou les astrophysiciens (Paysant, Eliasson, etc.).

Parallèlement à cet état des lieux, qui offre de nombreuses pistes de réflexion, nous voudrions que soit abordée la question de la créativité dans la science et que soit envisagée une influence souvent méconnue : celle des artistes qui, en intégrant les avancées scientifiques dans leur travaux, ont pu à leur tour inspirer les recherches des savants. La demande, très actuelle, d’une créativité dans le monde de la recherche pourra aussi être analysée, à l’aune de questionnements sur la manière dont cette notion de créativité est pensée, mais aussi sur les attentes et les effets réels d’initiatives de certains laboratoires qui, comme le CERN, invitent des artistes en résidence (ex. : Arts@CERN).

4e axe : Une relation nécessaire

La science au service de l’histoire de l’art/ l’art au service des sciences de la santé

La relation entre le monde des sciences et le monde des arts s’avère dans bien des cas, sinon capitale, tout au moins nécessaire à l’avancée de deux disciplines que tout oppose a priori. Dans le domaine de l’histoire de l’art, la science apporte des clés de lecture et des méthodes d’analyse se révélant souvent indispensables à la compréhension de productions artistique et archéologiques (ex. : l’archéométrie). De son côté, l’art offre des possibilités essentielles de traitements thérapeutiques (ex. : les expériences artistiques menées au XIXe siècle par Charcot ; la relation entre art et psychiatrie ; l’art comme soin du corps ; l’art dans les soins palliatifs ; l’intervention d’artistes dans les hôpitaux, etc.).

Organisation : Julie Bawin et Yaël Naze

Comité scientifique et organisateur :

  • Maria-Giulia Dondero
  • Vincent Geenen
  • Eric Haubruge
  • Jean-Marc Levy-Leblond
  • Alexander Streitberger
  • David Strivay
  • Yves Winkin

Pour proposer une communication, veuillez remplir ce formulaire : http://www.gaphe.ulg.ac.be/ArtCol2017/reg.php avant le 15/01/2017. Un email de confirmation vous sera envoyé. Résultat des sélections et programme final : le 15/02/2017.

Pour des informations complémentaires sur ce colloque, voir son site internet : http://www.gaphe.ulg.ac.be/ArtCol2017/index.html

 

Date et lieu du colloque : les 25 et 27 octobre 2017, Université de Liège
Date limite : 15 janvier 2017

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