Argumentaire
Au gré de donations et parfois d’acquisitions de feuillets enluminés provenant de manuscrits démantelés ou de manuscrits complets, les musées se sont enrichis de précieux témoignages de l’enluminure médiévale et de la Renaissance. Rarement exposées, ces œuvres ont pour une grande partie d’entre elles été peu étudiées, ou demeurent encore inconnues.
Le musée des Beaux-Arts d’Angers, le Palais des Beaux-arts de Lille et le musée des Augustins de Toulouse, en collaboration avec l’INHA, accueilleront à l’automne 2013 trois expositions à partir des collections conservées dans les institutions des régions Centre et Pays de la Loire, Nord-Pas-de-Calais, Picardie et Champagne-Ardenne, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon (musées et sociétés savantes) afin de faire connaître au grand public ce patrimoine fragile. À cette occasion, l’INHA organise une journée d’études le 18 novembre 2013 visant à penser l’histoire des collections de manuscrits aux périodes modernes et contemporaines, à mettre en perspective historique les processus de découpages, de collages et de remaniements des manuscrits médiévaux tels qu’ils ont été développés à partir du XVIIIe siècle et à réfléchir sur les questions touchant à la conservation, la restauration et l’exposition de telles œuvres au sein des musées.
La production de feuillets isolés existe dès la fin du Moyen Âge mais leur découpe, leur recomposition et leur collection se développent au XVIIIe siècle. Les célèbres Heures d’Etienne Chevalier, par exemple, réalisées par Jean Fouquet, sont démembrées au XVIIIe siècle puis collées sur des panneaux et leur texte dissimulé, pour en faire des images indépendantes, répondant aux critères contemporains de l’œuvre d’art. De nombreux exemples de montage à partir de plusieurs manuscrits, de recueils de lettrines ou de découpes, pour des raisons aussi bien économiques qu’esthétiques, émaillent ainsi l’histoire du livre médiéval. Ces pratiques révèlent les goûts et les aspirations des collectionneurs, dont certains sont très célèbres pour leur approche du manuscrit enluminé (J. Granger et J. Bagford au XVIIIe siècle ou Luigi Celotti au XIXe siècle). Les collectionneurs et les sociétés savantes, dont l’essor est contemporain, ont joué un rôle important dans la constitution de certaines collections et la préservation de nombreuses œuvres enluminées. Parallèlement à l’engouement croissant des collectionneurs du XIXe siècle pour les œuvres médiévales et, parmi elles, les manuscrits enluminés, la question de leur conservation et de leur exposition au public apparaît fondamentale. Les conditions d’exposition de telles œuvres sont en effet particulièrement complexes et demandent des moyens scientifiques et techniques importants, ainsi qu’une réflexion approfondie en amont.
Les communications pourront ainsi porter sur les questions suivantes :
- Les pratiques et les goûts des collectionneurs vis-à-vis du manuscrit enluminé depuis le début de l’époque moderne jusqu’à la période contemporaine (découpe, recomposition, destruction, création de faux, etc.)
- La constitution des collections de manuscrits dans les musées
- La conservation, la restauration et la présentation de manuscrits dans les musées ou les collections privées et les sociétés savantes du XIXe siècle à nos jours
Modalités de participation
Communications en français, en anglais ou en italien.
Veuillez envoyer un résumé de 250 mots avec un CV de deux pages maximum à Judith Soria (judith.soria@yahoo.fr) et Tania Lévy (tlevy@info-histoire.com)
avant le 19 mai 2013.
Le programme sera annoncé en juillet 2013.
Comité scientifique
- Chrystèle Blondeau (Paris X Nanterre),
- Pascale Charron (Université de Tours),
- Marc-Édouard Gautier (Bibliothèque municipale d’Angers),
- Marc Gil (Université de Lille 3), Pierre-Gilles Girault (Musée château de Blois),
- Jean-Marie Guillouët (Université de Nantes),
- Codélia Hattori ( Palais des Beaux-Arts de Lille),
- Ariane James-Sarazin (Musée des Beaux-arts d’Angers),
- Charlotte Riou (Musée ds Augustins de Toulouse).
Comité d’organisation
- Tania Lévy (Paris IV)
- Ambre Vilain de Bruyne (INHA)
- Judith Soria (EPHE)
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