Appel à communication : « Danse et dessin depuis 1962 »

La danse et le dessin sont intimement liés au geste qui les exécute. Le corps dansant crée une figure dans l’espace et laisse un impact in situ, tandis que l’action de l’artiste met un point en mouvement et capte un événement éphémère restitué sous forme graphique. Au cours du siècle passé, les arts chorégraphiques et visuels se sont rencontrés à de nombreuses reprises. Tandis que les artistes sondaient la valeur incarnée et énergétique de la forme, les danseurs-ses et chorégraphes expérimentaient avec les interfaces entre signe et action, notation et improvisation, sens spatial de soi et configuration architecturale du mouvement. Aussi est-ce dès la seconde moitié du XXe siècle que s’est accentuée l’hybridation de la danse et du dessin, lorsque la performance prit un essor inédit et que les frontières entre les différentes disciplines se sont élimées, laissant apparaître des formes intermédiales.

Le corps de l’artiste – danseur ou danseuse, plasticien ou plasticienne – est désormais l’instrument que ces champs se partagent et qui rend leur accomplissement simultané. L’ouverture du dessin à l’espace réel, à ses surfaces (sol, plafond, murs) autant qu’à ses volumes, le mène frontalement à la danse. C’est sur cette rencontre que se concentre ce colloque : il vise à évaluer et discuter l’interaction spécifique des deux médias et la diversification de leurs pratiques depuis 1962, soit depuis les événements coïncidant avec la première publique du Judson Dance Group à New York. L’obtention ou la création intentionnelle d’un dessin ne sont cependant pas toujours la finalité d’une danse. On a jusqu’ici souvent considéré le dessin, ce qui subsiste sur un subjectile, sans prendre en compte le mouvement l’ayant fait advenir, comme si, dans le cadre de l’art processuel, la danse n’était qu’un moyen de plus et non une fin. Mais que se passe-t-il si l’on renverse cette pensée? Si l’on valorise ce qui a précédé le dessin? Si la danse n’est pas subordonnée au dessin, mais que le second, en tant que trace, est mémoire de la première? Au-delà de la métaphore, comment les danseurs-ses et artistes visuel-les ont-ils et ont-elles recouru différemment au mouvement corporel et au dessin, les intervertissant par exemple en tant qu’outils d’improvisation ou supports de notation? Que se passe-til lorsque le dessin use de tout sauf du papier? En retour, que reste-t-il lorsque le corps tangible a disparu? Qu’est-ce qui distingue les danseurs dessinant et les artistes visuels dansant? Et cette distinction ne se réduit-elle pas encore de nos jours? Y a-t-il des dessins sans geste et des mouvements sans corps? Et qu’en est-il des ballets mécaniques: les machines à dessiner sont-elles des danseuses à la gestuelle plus ou moins programmée? La notion de « chorégraphie » peut-elle servir de modèle, utile quoique partiel, pour penser la corrélation de la danse et du dessin? Ces questions sont les pivots d’une connaissance intégrée des arts des XXe et XXIe siècles. La transversalité de la danse et du dessin ouvre à des rapprochements inédits, ainsi que le montrent actuellement de nombreuses études et expositions.

Les chercheurs-euses, historien-nes de l’art ou de la danse, sont invités-es à proposer une contribution explorant les liens de la danse et du dessin, compris dans leurs acceptions les plus vastes, ainsi que la réception de l’un par l’autre et inversement, au cours de la période allant de 1962 à nos jours. Les échanges entre des prises de position diversifiées en histoire de l’art et en histoire de la danse sont encouragées, de même que les perspectives non occidentales.

Ce colloque est organisé par le Département d’histoire de l’art et de musicologie de l’Université de Genève (Suisse) et aura lieu du 31 mai au 1er juin 2012 en français et en anglais. Les propositions (400 mots maximum) pour des communications de 20 minutes doivent être reçues au plus tard le 24 février 2012, accompagnées d’un curriculum vitae complet. Les confirmations de participation seront envoyées le 19 mars 2012.

Veuillez adresser votre proposition et CV en format PDF et par courriel aux organisatrices, Sarah Burkhalter (sarah.burkhalter[at]unige.ch) et Laurence Schmidlin (laurence.schmidlin[at]gmail.com).

Source : articulations

 

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