Appel à communication : « En lisant, en dansant : formes et pratiques de la lecture en danse (enseignement, création et représentation) » (Paris, 22-23 juin 2021)

Appel à communication : « En lisant, en dansant : formes et pratiques de la lecture en danse (enseignement, création et représentation) » (Paris, 22-23 juin 2021)

Journées d’étude des 22 et 23 juin 2021. Institut national d’histoire de l’art, 2, rue Vivienne, 75002 Paris.

Proposition de communication (français ou anglais) sous la forme d’un résumé (2000 à 3000 signes) ou d’une vidéo de cinq minutes, accompagnés d’une biographie succincte, à envoyer avant le 04 avril 2021 à : pauline.chevalier@inha.fr et lou.forster@inha.fr.

En lisant, en dansant : formes et pratiques de la lecture en danse (enseignement, création et représentation)

Dans le cadre du programme de recherche Chorégraphie. Écriture et dessin, signes et image dans les processus de création et de transmission chorégraphiques (XVe-XXIe siècle), dédié aux pratiques graphiques en danse, ces journées s’intéresseront aux pratiques de lecture de ces objets graphiques, aux gestes, aux situations et aux lieux qui permettent aux chorégraphes, aux interprètes, aux notateurs et notatrices de danser, et faire danser, avec des images ou des écrits. Souhaitant croiser les points de vue des chercheurs ou des chercheuses, et des praticiens ou des praticiennes, elle abordera la pluralité des formes que prend la lecture dans les différentes approches, techniques ou genres qui constituent la danse contemporaine.

L’enjeu de cette journée portera moins sur les spécificités sémantiques et formelles des systèmes de notation que sur la lecture comme pratique incarnée. Depuis la manipulation des objets jusqu’aux mouvements des yeux sur la page, elle construit une certaine pragmatique du corps. Formats, reliures, organisation de la page et découpage de l’espace et du temps déterminent des postures, une adaptation du regard et de la focalisation, une appréhension du rythme et du flux ; autant d’itinéraires perceptifs qui sont des cheminements intellectuels. La matérialité des formes graphiques contribue, ainsi, à construire des formes et des approches du mouvement. Comment, donc, penser l’articulation entre gestes, techniques du corps et sources matérielles de la lecture ?

La lecture met également en jeu un rapport à soi et aux autres, d’une lecture solitaire de la partition dans le studio à la lecture collective. L’étude des situations permet de réfléchir à la variété des configurations qui distribuent les activités de lecture et de danse, et les fonctions d’enseignant ou d’enseignante, d’élève, de chorégraphe, d’interprète, de dramaturge, de notateur ou de notatrice, et de spectateur ou de spectatrice. Il en découle une variété de conventions, de formes et d’usages, de valeurs et d’attentes vis-à-vis de l’écrit ou de l’imprimé. La lecture contribue, aussi, à construire des collectifs de lecteurs et de lectrices qui partagent des outils, des procédures d’interprétation et un discours sur la danse. À l’opposition entre une culture orale et une culture écrite, cette journée entend, ainsi, valoriser la diversité des situations auxquelles la lecture participe dans les pratiques de danse aujourd’hui, en abordant ces « complicités » du corps et du texte, ou du corps et du signe.

Enfin, en interrogeant l’incorporation des signes et des images, ces journées se placent dans le champ étendu des pratiques artistiques qui se trouvent médiées par des partitions. La pluralité des manières de lire et des manières de faire invite, alors, à interroger les nouages particuliers du visible et du lisible entre danse, musique et art contemporain, de l’art conceptuel aux pratiques performatives et chorégraphiques. À l’encontre d’une pensée de la lecture qui tend à prôner un engagement passif du corps, ces journées chercheront à saisir la diversité des formes d’incorporation des signes et des images en interrogeant l’implication corporelle des configurations visuelles de la liste au tableau, en passant par la portée, le croquis de parcours, le tracé, la figure ou le texte.

Plusieurs axes de recherche peuvent, dès lors, être mis en avant :

Apprentissage de la lecture et mise en danse de l’écrit : l’apprentissage d’un système de notation du mouvement ne se limite pas à l’acquisition d’une compétence, celle de lire et d’écrire, mais redéfinit la situation de répétition et de création. En quoi ces technologies intellectuelles proposent-elles des formes singulières d’incorporation du mouvement dans des contextes d’apprentissage ou de création ?

Lecture en situation de représentation : la partition d’orchestre constitue un modèle de lecture en situation de représentation. Si son déplacement dans le champ chorégraphique constitue un modèle fécond, quels sont les spécificités et les formes prises par cette pratique dans le champ chorégraphique ?

Lecture démonstration : les écrits peuvent être le support d’un discours sur la danse. La valeur rhétorique de l’écrit affiché sur un mur, inscrit sur un tableau, au sol ou projeté sert alors d’appui à la démonstration en coordonnant l’attention de l’auditoire ou d’un groupe. Quel partage ces écrits proposent-ils entre le visible, le lisible et le discours ?

Diversité des cultures de la lecture dans le champ étendu des pratiques performatives : la danse contemporaine peut être abordée comme un espace de croisement entre une diversité de formes et de pratiques de la lecture issues des arts visuels, de la musique, ou de la performance. En quoi cette porosité permet-elle, de comprendre certains enjeux des pratiques performatives, au sens large, et de leurs évolutions ?

Les propositions de communication, en français ou en anglais, pourront prendre la forme d’un résumé (2 000 à 3 000 signes) ou d’une vidéo de cinq minutes, accompagnés d’une biographie succincte, à envoyer avant le 4 avril 2021 à : lou.forster@inha.fr et pauline.chevalier@inha.fr

 

Comité d’organisation :

Pauline Chevalier (INHA)

Lou Forster (INHA)

Comité scientifique :

Laurent Barré (CND)

Marie Glon (Université de Lille) Marielle Macé (EHESS)

Valérie Mavridorakis (Centre André Chastel)

Julie Perrin (Paris VIII)

Laurent Pichaud (Paris VIII)

Laurence Schmidlin (Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne)

Laurent Sebillotte (CND)

 

Ces journées auront lieu en partenariat avec le festival et la plateforme internationale de workshops Camping, organisé par le Centre national de la danse du 14 au 27 juin 2021. Elles sont coordonnées avec deux autres événements : la résidence INHA Lab du collectif La Lecture-artiste et l’Atelier des Doctorants du CND dont les journées « Danse et textualités » se dérouleront les 24 et 25 juin.

 

Bibliographie indicative :

Approches de recherche :

Auslander Philip, « The performativity of performance art documentation », in Performing Art Journal, n°3, vol. 28, p. 2006.

Barton David, Literacy : An Introduction to the Ecology of Written Language, Oxford, Blackwell, 1994.

Besse Jean-Marc et Tiberghien Gilles A., Opérations cartographiques, Paris, Actes Sud, 2017.

Brandstetter Gabriele, Poetics of Dance : Body, Image and Space in the Historical Avant-Garde, traduit par Elena Polzer et Marc Franko, Oxford, Oxford University Press, 2015.

Burkhalter Sarah et Schmidlin Laurence (éd.), Spacescapes: danse et dessin depuis 1962, Zurich, JRP Ringier, 2017.

Chapuis Yvane, Gourfink Myriam et Perrin Julie (éd.), Composer en danse – Un vocabulaire des opérations et des pratiques, Dijon, Les presses du réel, 2019.

Chartier Roger et Cavallo Gugliemo (éd.), Histoire de la lecture dans le monde occidental, Paris, Édition du Seuil, 2001.

Christin Anne-Marie, L’image écrite ou la déraison graphique, 2009e éd., Paris, Flammarion, 1995.

Clausen Barbara, After the Act : The (Re)Presentations of Performance Art, Vienna, Museum Moderner Kunst Stiftung, 2005.

Contredanse (éd.), De l’une à l’autre : composer, apprendre et partager en mouvements, Bruxelles, Contredanse, 2010.

De Certeau Michel, L’invention du quotidien : 1. arts de faire, Paris, Gallimard, 1990.

Duerden Rachel et Fisher Neil (éd.), Dancing off the page, integrating performance, choreography, analysis and notation/ documentation, London, Dance books, 2007.

Faure Sylvia, Apprendre par corps. Socio-anthropologie des techniques de danse, Paris, La Dispute, 2000.

Fraenkel Béatrice et Mbodj-Pouye Aïssatou (éd.), Langage et société, n°133, vol. 3, New Literacy Studies, un courant majeur sur l’écrit, 2010.

Franko Mark, « Writing for the body : notation, reconstruction and reinvention in dance », in Common knowledge, n°2, vol. 17, 2011.

Ginzburg Carlo, « Traces. Racines d’un paradigme indiciaire » in Mythes, emblèmes, traces ; morphologie et histoire, traduit par Martin Rueff, Paris, Verdier, 2010.

Goodman Nelson, Langages de l’art : Une approche de la théorie des symboles, traduit par Jacques Morizot, Paris, Hachette, 2005.

Goodwin Charles, « Professional Vision », in American Anthropologist, n°3, vol. 96, 1994, p. 606-633.

Goody Jack, La raison graphique : la domestication de la pensée sauvage, traduit par J. Bazin et A. Bensa, Paris Éditions de Minuit, 1986.

Hennion Antoine, Comment la musique vient aux enfants. Une anthropologie de l’enseignement musical, Paris, Anthropos, 1988.

Hutchinson Guest Ann, Choreo-graphics : A Comparison of Dance Notation Systems From the Fifteenth Century to the Present, New York, Gordon & Breach, 1989.

Jacob Christian, L’empire des cartes : approche théorique de la cartographie à travers l’histoire, Paris, Albin Michel, 1992.

Kotz Liz, Words to Be Looked At : Language in 1960’s Art, Cambridge, The MIT Press, 2007.

Launay Isabelle, Cultures de l’oubli et citations : les danses d’après, II, Pantin, CND, 2019.

Leroi-Gourhan André, Le Geste et La Parole. Vol. 1 : Technique et language. Paris, Albin Michel, 1964.

Lely John et Saunders James, Word Events : Perspective on Verbal Notation, New York, The Continum International Publishing Group, 2012.

Macé Marielle, Façon de lire, manière d’être, Paris, Gallimard, 2016.

Patoine Pierre-Louis, Corps/texte. Pour une théorie de la lecture empathique, Paris, ENS Éditions, 2015.

Sermon Julie et Chapuis Yvane (éd.), Partition(s) : objet et concept des pratiques scéniques (20e et 21e siècles), Dijon, Les presses du réel, 2016.

Severi Carlo, Le Principe de La Chimère : Une Anthropologie de la mémoire, Paris, Éditions Rue d’Ulm – musée du quai Branly, 2007.

Van Imschoot Myriam, « Rests in Pieces : On Scores, Notation and the Trace in Dance », in Multitudes, n°21, Spring 2005.

Vincs Kim, Lahunta Scott de et Whatley Sarah (éd.), Performance research Vol.20 n.6 On An/Notation, Londres, 2015.

Yates Frances A., L’Art de la mémoire, traduit par Daniel Arasse, Paris, Gallimard, 1975.

 

Ouvrages de références, manuels et livres d’artistes :

Acogny Germaine, Danse africaine Afrikanischer Tanz African dance, Frankfurt-am-Main, Weingarten, 1994.

Benesh Rudolf et Benesh Joan, Reading dance : the birth of choreology, London, Souvenir Press, 1983.

Burrows Jonathan, Un manuel de chorégraphe, traduit par Denise Luccioni, 2017 éd., Bruxelles, Contredanse, 2010.

Cage John, Silence : Lectures and Writings, Middletown, Wesleyan University Press, 1961.

Chauchat Alice et Ingvartsen Mette (éd.), Everybodys performance scores, [n.d], Everybodys publication, 2010.

Conté Pierre, La Danse et ses lois, Paris, Arts et Mouvement, 1952.

Cunningham Merce, Changes : Notes on Choreography, New York, Something Else Press, 1968.

Cvejić Bojana, De Keersmaeker Anne Teresa, A Choreographer’s Score. Fase, Rosas danst Rosas, Elena’s Aria, Bartok, Bruxelles, Mercatorfonds publication, 2012.

Edvardsen Mette, Van den Brande Kirsten et Perez Royo Victoria (éd.), Time has fallen asleep in the afternoon sunshine : a book on reading, writing, memory and forgetting in a library of living books, Oslo, Mousse publishing, Oslo Biennalen, 2019.

Eshkol Noa, The hand book : the detailed notation of hand and finger movements and forms, Tel Aviv, Movement Notation Society, 1971.

Halprin Lawrence, The RSVP Cycles : Creative Processes in the Human Environment, New York, Braziller, 1969.

Laban Rudolf, La maîtrise du mouvement, traduit par Jacqueline Challet-Haas et Marion Bastien, Arles, Actes Sud, 1994.

Simonet Noëlle, La partition chorégraphique, outil de transmission, outil d’exploration. #01, le croquis de parcours, Paris, Association ARTDIR (compagnie Labkine), 2013.

 

Quelques études de cas :

Glon Marie, « “Learning to dance by book”. Formes et enjeux d’un apprentissage solitaire des danses au XVIIIe siècle » in Mémoire et histoire en danse, Mobiles n°2, Isabelle Launey et Sylviane Pages (éd.), Paris, L’Harmattan, 2010, p. 207-219.

Hecquet Simon et Prokhoris Sabine, Fabriques de la danse, Paris, Presses Universitaires de France, 2007.

Jacotot Sophie, « La transmission par l’écrit dans les processus de création en danse : l’exemple du système d’écriture du mouvement de Pierre Conté » in Modèles et modalités de la transmission culturelle, Jean-Philippe Garric (éd.), Paris, Éditions de la Sorbonne, 2015, p. 69-97.

Kirsh David, « Thinking With External Representations », in AI and Society, n°4, vol. 25, 2010, p. 441-454.

Kiss Dora, Saisir le mouvement : Écrire et lire les sources de la belle danse (1700-1797), Paris, Classiques Garnier, 2016.

Noland Carrie, Merce After the Arbitrary, Chicago, University of Chicago Press, 2019.

Pouillaude Frédéric, « D’une graphie qui ne dit rien », in Poétique, n°137, 2004.

 

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