Formations artistiques transnationales / Transnationale Künstlerausbildung / Transnational artistic training Colloque international (Université François-Rabelais Tours,
Technische Universität Berlin, Centre allemand d’histoire de l’art) Centre allemand d’histoire de l’art, Paris, 28.-29. Mai Le projet de recherche ArtTransForm (TU Berlin/Tours, 2010-2015) s’est intéressé au phénomène de la formation artistique transnationale au XIXe siècle.
Menée de manière bilatérale par une équipe de recherche franco-allemande, l’enquête a porté sur les jeunes peintres germaniques venus étudier à Paris entre 1793 et 1870. Près de 500 jeunes hommes – et quelques rares jeunes femmes – ont choisi de venir s’établir quelque temps à Paris afin d’y travailler à l’École des beaux-arts ou dans les musées, de suivre l’enseignement de maîtres comme Jacques-Louis David, Antoine-Jean Gros, Paul Delaroche, Léon Cogniet, Thomas Couture, ou encore d’expérimenter un travail plus autonome dans les ateliers libres ou la campagne environnante. Les raisons de leur séjour sont plurielles : entre démarche mûrement réfléchie ou expatriation subie, les séjours de formation répondent à des désirs et des attentes esthétiques, économiques, politiques très variables. A partir de documents d’archives privés et publics, registres administratifs, correspondances personnelles, journaux intimes ou carnets de croquis, le projet ArtTransForm a retracé, sur une durée longue, les différentes trajectoires qui ont conduit ces jeunes gens à partir à l’étranger pour compléter ou achever leur formation. Le résultat de cette recherche bat en brèche nombre d’idées reçues sur la période : l’attractivité de Paris, loin d’être irrésistible et absolue, se construit petit à petit autour de lieux changeants – Louvre, ateliers privés, École des beaux-arts, pratique de plein-air – et par des affinités électives parfois anecdotiques. Les résistances sont parfois fortes, les expériences ambivalentes. Le discours totalisant de l’histoire (de l’art) qui voudrait que les jeunes Allemands aient été attiré par « le » modèle français, tel qu’on le trouve dans les manuels de la fin du XIXe siècle et tel qu’il s’est fossilisé dans les consciences, ignore complètement les nuances que le projet ArtTransForm a mis au jour. En s’intéressant sans discrimination de gloire et de réputation à plusieurs générations de jeunes peintres, le projet a remis en lumière une population artistique en grande partie oubliée qui nous renseigne pourtant sur les conditions mêmes de la carrière artistique au XIXe siècle. Le succès de la poignée d’élus, ceux que l’histoire de l’art a conservés dans ses annales, apparaît ici au regard des espoirs déçus ou des renommées plus passagères de nombreux autres. Afin de mettre en perspective les résultats de ce projet de recherche, l’équipe organise un colloque conclusif pour lequel d’autres chercheurs sont invités à venir exposer leurs résultats dans des enquêtes similaires, portant sur la mobilité des artistes au XIXe siècle. Le focus est placé sur les années de formation comme des années de construction biographique cruciales à la différence de voyages plus tardifs. Si certains artistes considèrent cette expérience comme une étape cruciale parce qu’elle leur a permis de trouver le « chemin vers eux-mêmes » (Eduard Magnus, 1867), ce qui signifie parfois l’abandon de l’art ou la reconversion vers des métiers artistiques plus lucratifs (illustrateurs, photographes, reporters d’images, etc.), d’autres vont choisir de la nier ou d’en minimiser la portée. La dimension idéologique et esthétique de ces déclarations est riche de sens dans la mesure où elle souligne les tensions qui apparaissent entre le fait historique et le discours.
Les contributions à ce colloque aborderont cette expérience du voyage de formation au XIXe siècle à travers des problématiques liées, entre autres, aux questions suivantes :
ACTEURS origine sociale et construction de carrière intermédiaires, réseaux sociaux, affinités électives migration économique et exil politique intégration et marginalisation
INSTITUTIONS ET ALTERNATIVES académies et alternatives stratégies de carrière in et off boursiers et indépendants
THEORIES ET PRATIQUES transferts de savoir/savoir-faire apprentissage, artisanat, beaux-arts principes académiques/pratiques d’atelier regard des maîtres
ESPACES lieux de vie, lieux de travail étudier hors les murs itinéraires, circuits, détours rapports d’échelle
Les propositions de communication devront être adressées à France Nerlich (france.nerlich@univ-tours.fr) et à Gitta Ho (gho@dt-forum.org) avant le 15 décembre 2014. Le texte de présentation, qui comportera en outre les titres universitaires et éventuellement l’établissement de rattachement, ne devra pas excéder 4000 signes. Les auteurs seront informés de la décision du comité scientifique dans le courant du mois de janvier. Les frais de voyage et de séjour seront pris en charge.
Comité scientifique/Wissenschaftlicher Beirat/Scientific Board : Thomas Kirchner (Centre allemand d’histoire de l’art, Paris), France Nerlich (InTru, université de Tours), Bénédicte Savoy (Technische Universität Berlin), Béatrice Joyeux-Prunel (École normale supérieure, Paris), Michael Thimann (Georg-August-Universität Göttingen), Eleonora Vratskidou (EHESS – Humboldt Foundation)
H-Artist<http://arthist.net/archive/8524>.
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