Appel à communication : « Images et temps-réel »

Capture d’écran 2014-07-25 à 18.13.35Cet appel à contribution invite à embrasser l’ensemble des questions esthétiques posées par le temps-réel dans son questionnement à l’image. Outre la nature spécifique de ce temps-réel (convergence, extension, enchevêtrement et préhension) peuvent être explorées les nouvelles formes d’esthétique spécifiques à ce type d’expérience en régime numérique. Celles de l’esthétique de l’interactivité et de l’interaction par exemple. Par ailleurs, le temps-réel dans le champ de l’art néo-médiatique en général et de l’image numérique en particulier a sans doute favorisé de nouvelles interrogations et posé les bases d’une esthétique de la réponse (et de son inscription dans un contexte précis). À celles-ci nous pourrions ajouter une esthétique du process, de la performance ou de la performativité, du « game » et du « play », etc. 

Contexte général

L’Observatoire des pratiques de création de l’image numérique (Obs/IN) a été fondé en 2011 à l’initiative de l’Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles, l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence et de l’IUT d’Arles dans le but de créer une synergie nouvelle entre les différents acteurs du développement de l’image numérique : théoriciens, industriels et artistes numériques. Rejoint depuis par l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, l’Université d’Aix-Marseille, l’École supérieure d’art d’Avignon, l’université de Montpellier, Supinfocom, l’Obs/IN rassemble aujourd’hui des chercheurs, des ingénieurs, des artistes qui partagent tous la même envie d’inventer, autour de l’image et du numérique, un concept nouveau de la recherche. Son but est de réunir en un centre d’études les différents secteurs qui structurent ce champ de recherche et d’organiser chaque année un colloque international destiné à rendre compte de l’observation des pratiques de création de l’image numérique.

Pour sa quatrième édition, le Colloque de l’Obs/IN, lieu d’échanges et de réflexions, poursuit son exploration des pratiques de création des images numériques. Après les problématiques du codage, décodage et transcodage (2011), de l’immersion (2012), de l’en-Jeu [vidéo] des images (2013) nous proposons pour l’édition 2014 le thème : Images et temps-réel.

Problématique générale et argumentaire

La notion de temps est d’un accès difficile. Il recouvre non seulement différents concepts (durée, événement, mesure, etc) mais encore plusieurs définitions : temps physique, temps psychologique, temps biologique, temps cosmogonique, temps géologique, temps de l’atmosphère, etc.

La notion de temps-réel quant à elle a émergé au sein des domaines informatiques industriels dans les années 60. D’abord centrée sur l’immédiateté – le temps-réel était perçu comme un simple mode de traitement qui permet l’admission des données à un instant quelconque et l’obtention immédiate des résultats – sa définition n’a cessé ensuite de croitre et de se complexifier pour intégrer certains points importants pour l’ingénieur ou l’informaticien : l’extériorité du système en fonctionnement à contrôler; l’obtention d’informations sur des processus externes; la séparation entre le traitement de données extérieures collectées et le contrôle effectif physique; le contrôle d’un environnement grâce à une rapidité suffisante ; le taux d’utilisation élevé et respect garanti des contraintes temporelles.

Dans les arts médiatiques, le temps-réel défini une modalité temporelle des systèmes de traitement de l’information dans lesquels il n’y a pas de délai entre la sortie d’informations et l’entrée de données. Ici, le temps réel est caractéristique du mode interactif. Il s’agit ainsi d’une part de savoir réagir à un stimuli extérieur au système et d’autre part de poser clairement l’opposition entre l’idée de deux temporalités en opposition – entre du « direct » et du « différé ».
L’instantanéité perceptive d’une part et l’interaction homme-machine d’autre part constituent à la fois des différences avec les définitions empruntées à l’ingénierie informatique mais aussi des traits caractéristiques essentiels du temps-réel tel qu’il est appréhendé dans le domaine des arts.

Dans les arts néo-médiatiques et numériques qui nous intéressent particulièrement à l’Obs/IN, loin d’être en opposition les unes aux autres, toutes ces définitions peuvent se croiser, s’imbriquer, voire se compléter. C’est là toute la richesse de cet exercice. Bien qu’inscrites dans la sphère médiatique, les œuvres dont il est question ici dépassent le simple rapport entre machine et instantanéité. L’outil informatique apparaît presque systématiquement dans les domaines où l’interaction avec l’environnement constitue une raison d’être essentielle au système. Se posent alors, dans un premier temps, les questions du contrôle, de la participation, de l’incorporation de règles et de la structure de l’action engagée, de processus de feedback, de boucle rétroactive, des algorithmes, etc.
Viennent ensuite, toute une série de questions relatives aux nouvelles formes d’expériences esthétiques spécifiques à cette relation multi-temporelle particulière qu’est le temps-réel.

Cet appel à contribution invite donc à embrasser l’ensemble de ces questions esthétiques posées par le temps-réel dans son questionnement à l’image. Outre la nature spécifique de ce temps-réel (convergence, extension, enchevêtrement et préhension) peuvent être explorées les nouvelles formes d’esthétique spécifiques à ce type d’expérience en régime numérique. Celles de l’esthétique de l’interactivité et de l’interaction par exemple.
Par ailleurs, le temps-réel dans le champ de l’art néo-médiatique en général et de l’image numérique en particulier a sans doute favorisé de nouvelles interrogations et posé les bases d’une esthétique de la réponse (et de son inscription dans un contexte précis). À celles-ci nous pourrions ajouter une esthétique du process, de la performance ou de la performativité, du « game » et du « play », etc.

Porté par une équipe transdisciplinaire, cet appel à contribution s’adresse à la fois à des théoriciens (chercheurs en sciences humaines et sociales, etc) et à des praticiens du numérique (artistes, hackers, programmeurs, etc.). Cette démarche d’ouverture nous semble importante à l’Obs/IN dans la mesure où seule une confrontation avec d’autres pratiques de recherche, d’intervention ou de création nous permet de renouveler nos approches et de nous donner les outils pour pouvoir pleinement appréhender les enjeux que recouvre les pratiques de création des images numériques.

Axes thématiques

Trois thèmes seront privilégiés dans ce colloque :

1- L’approche archéologique des réseaux

Les contributeurs interrogeront l’archéologie des réseaux pour poser la question de la relativité époquale (historique) du temps réel. La transmission de l’information « en temps réel » est au cœur de la notion de réseau, des premiers réseaux télégraphiques puis téléphoniques jusqu’à l’Internet et la téléphonie mobile, en passant par le Vidéotex, dont le terminal français est le Minitel. La notion de temps réel s’est alors transformée parallèlement aux possibilités techniques et aux usages du réseau. Des effets médiatiques des réseaux, en évolution continue depuis un siècle et en dialogue avec d’autres média, comme la télévision et la radio, a découlé à chaque fois une certaine idée du temps réel, faite de discours, de représentations, de pratiques et d’usages, contribuant à définir ainsi un écosystème médiatique. L’art des réseaux, caractérisé par des phénomènes d’émergence et d’obsolescence logicielle et matérielle marqués et rapides, témoigne de ces mutations.

Comment s’emparer artistiquement et de manière sensible de cette approche archéologique des réseaux ? Comment explorer le temps-réel des média nouveaux à l’aune des anciens et vice-versa ? Par ailleurs, comment, à travers l’exploration d’oeuvres des arts des réseaux ou à travers les machines médiatiques elles-mêmes rendre compte des écosystèmes médiatiques dans lesquelles elles sont nées ? Enfin, quelle pérennité (notamment matérielle) ont les œuvres d’art des réseaux qui font (ou ont fait à une date donnée) largement appel au temps-réel ? Cette dernière question touche à la préservation des arts médiatiques.

2- Cartographie en temps réel.

Les cartes sont depuis le XVI° siècle ce qui détermine à la fois les formes dans lesquelles nous nous représentons l’espace concret et dans lesquelles nous agissons. Elles ont produit un point de vue d’extériorité dominante qui a progressivement incarné un modèle de la connaissance objective. Elles accompagnent et contribuent à forger une notion de l’espace considérée comme une étendue homogène, susceptible d’être rationalisée, maitrisée, sur quoi nous projetons notre identité comme nos projets. En un demi-siècle, la logique territoriale s’est vue déplacée et bouleversée par la logique des flux, flux de marchandises, flux d’argent, flux d’informations, flux humains.

Les technologies de la mobilité et de la géolocalisation ont profondément transformé les pratiques et les représentations de l’espace. A la temporalité continue et linéaire des déplacements terrestres s’est substituée la complexité de temporalités complexes et multiples de sphères de circulation dans lesquelles les ordres du proche et du lointain, du rapide et du lent, ont perdu leur vertu d’organisation stable. Nous sommes passé d’un espace constitué comme un plan de visibilité posé face à soi comme le spectacle du monde, à un champ mouvant d’expérimentation dans lequel nous nous trouvons toujours, d’une façon ou d’une autre, immergés. La notion même de la carte est profondément réinventée en même temps qu’une nouvelle relation au monde vécu et à sa représentation cherche les modalités de son objectivation. Elle ne relève plus de l’image fixe d’un monde stable, projeté comme un plan extérieur, mais de la modélisation mouvante d’interactions temporelles dans lesquelles le point de vue est inclus, relatif, ramené à un « moment » provisoire et partiel.

3- Le cinéma interactif et le cinéma génératif
Le cinéma interactif est intimement lié à la question du temps-réel. Composante de la réception de l’œuvre, il est aussi présent aussi dans la phase de création. Il s’inscrit en effet de façon dynamique dans le processus de figuration des relations tissées entre le réel et les modalités d’enregistrement de celui-ci.
Mais le temps réel est avant tout l’essence de ces œuvres interactives. Inscrite au cœur même des images, il en permet l’apparition et le fonctionnement. Il les anime et influence leurs comportements. L’aléatoire et le génératif s’invitent dans ces processus de fabrication des images et l’enregistrement de ces processus permet non plus de donner à voir la seule trace de ce qui a été regardé dans le viseur, mais de garder et rendre compte de la performance et de l’expérience pour certains (les machinimas par exemple) ou figurer l’aléatoire (ou le pseudo aléatoire) pour d’autres (les films génératifs). On peut également se demander en quel termes poser la question du temps-réel à des projets cinématographiques non interactifs.

Ces pistes ne sont pas limitatives et toutes les ouvertures permettant d’éclairer notre problématique dans l’esprit pluridisciplinaire qui est le nôtre seront les bienvenues.

Modalités de soumission

Les propositions doivent être transmises par courrier électronique

jusqu’au 1 septembre 2014

à : yannick.vernet@ensp-arles.com

La réception de chaque proposition donnera lieu à un accusé de réception par mail

La proposition livrée en fichier attaché (titré au nom de l’auteur et Obs_IN2014) aux formats rtf, doc ou odt, sera composée de 2 parties :

  • Un résumé de la communication de 1 500 signes maximum,
  • Une courte bio-bibliographie du (des) auteur(s)

Organisation de la sélection

La lecture des propositions se fera en double aveugle (deux lecteurs, ne disposant que du texte de la communication, sans les mentions liées à son auteur).

Chaque auteur recevra un avis qui indiquera l’acceptation ou le refus de la communication.

Comité scientifique

  • Jean-Paul Ponthot, École supérieure d’art d’Aix-en-Provence, France
  • Jean Cristofol, École supérieure d’art d’Aix-en-Provence, France
  • Rémy Fenzy, Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles, France
  • Yannick Vernet, Ecole nationale supérieure de la photographie d’Arles, France
  • Patricia Gaitan, Aix-Marseille Université, IUT d’Arles, France
  • Sébastien Thon, Aix-Marseille Université, IUT d’Arles, France
  • Marie-Sylvie Poli, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, France
  • Caroline Renard, Aix-Marseille Université, LESA, France

  • Emmanuel Guez, École supérieure d’art d’Avignon, France
  • Paul-Emmanuel Odin, responsable de la galerie La Compagnie, Lieu de création, Marseille

Modalités techniques

L’article définitif devra respecter les conventions typographiques et de mise en page habituelles.

La taille de l’article sera comprise entre 10 000 et 15 000 signes espaces compris.

Il sera envoyé par voie électronique sous la forme d’un fichier au format.doc, .rtf ou .odt, contenant le titre, le résumé, le texte et, le cas échéant, ses illustrations, numérotées de façon incrémentielle (figure 1, figure 2, etc). Les illustrations devront être libres de droit et facilement utilisables dans le cadre des différents supports de communication et de valorisation.

Participation au colloque

Les auteurs seront conviés à venir présenter leurs travaux à Marseille dans le cadre d’une communication orale de 20 minutes.

L’Obs/IN prend pas en charge les frais de transport et d’hébergement des communicants (forfait).

La publication dans les Actes est conditionnée à la participation au colloque.

Calendrier (dates importantes)

  • Date limite de soumission : 1 septembre 2014.
  • Notification d’acceptation des propositions : 4 septembre 2014.
  • Remise des textes complets (15 000 signes maximum, espaces compris) : 15 octobre 2014.
  • Colloque : du jeudi 20 au vendredi 21 novembre 2014.

Publication

Les résumés des articles acceptés, notes bio-bibliographiques seront publiés avant le colloque sur le site de l’Obs/IN : http://observatoireimagenumerique.com

Les articles sont succeptibles d’être publiés par voie électronique après le colloque dans l’Hubservatoire, un espace de publication sémantisé sur lequel travaille l’Obs/IN actuellement.

Les Actes du colloque seront publiés dans une version papier.

En savoir plus

Pour de plus amples renseignements sur l’appel à communications, vous pouvez nous contacter par l’adresse de réception des communications : yannick.vernet@ensp-arles.com

Les informations ultérieures seront diffusées sur le site :http://observatoireimagenumerique.com

Coordination scientifique de l’Obs/IN

Yannick Vernet (École nationale supérieure de la photographie d’Arles).

Coordination administrative de l’Obs/IN

Françoise Lacotte (Pôle Industries Culturelles et Patrimoines d’Arles)

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