Appel à communication : journée d’études « Le langage des présents » (Paris, 25 octobre 2019)

Projet pour un éventail, La réception d’un cadeau à la cour de Louis XIV (détail), 1679, Londres, British Museum. (c)Trustees of the British Museum

Journée d’études : Le langage des présents. Choix, circulation et signification des présents d’apparat à l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle)

INHA Paris, salle Giorgio Vasari

25 octobre 2019

Date limite : 31 mai 2019

 

[english version below]

 

 

  1. Description

Cette journée se propose d’étudier, dans une perspective interdisciplinaire et transnationale, les objets d’art offerts comme cadeaux diplomatiques entre le 16ème et le 18ème siècle.

C’est à cette époque, caractérisée par l’apogée du système politique de l’absolutisme et de la culture de cour, que la diplomatie se fixe avec des règles précises et que l’art d’offrir des cadeaux (ars donandi) devient une véritable obligation tacite entre les principales puissances européennes. Habituellement échangés lors des manifestations d’envergure diplomatique, par exemple des mariages dynastiques, la réception des ambassades, la signature de contrats politiques ou encore des entrées cérémoniales, les types de cadeaux offerts pouvaient couvrir une large gamme, tels que des peintures, des sculptures, des pièces d’argenterie-orfèvrerie, de la porcelaine, des armes, des meubles, des médailles, des tapisseries, des tissus, des livres, jusqu’aux plantes, animaux vivants, voire des chanteurs d’opéra… Le choix du type du cadeau, du matériau, de sa forme, de l’artiste et en général de toutes ses caractéristiques, était le fruit de réflexions profondes. C’est notamment la grande adaptabilité de ces œuvres en fonction de l’occasion et du statut social du destinataire qui en faisait un médium de communication idéal sur le plan diplomatique à l’époque moderne.

Depuis l’étude pionnière de Marcel Mauss de 1924, le phénomène de l’échange de présents d’apparat a suscité beaucoup d’intérêt scientifique, notamment dans les disciplines de la sociologie, de l’histoire de l’art et de l’ethnologie. Mais le courant récent dans les sciences humaines, réuni sous le mot-clé de material turn, incite à renouveler la réflexion sur cette thématique : il permet notamment de ne pas réduire ces cadeaux à des simples illustrations, mais à les mettre en valeur et à rendre justice à leurs spécificités matérielles et formelles. Dans cette perspective, la journée d’études place les œuvres au centre de l’intérêt et cherche à les « faire parler » : Que peuvent-ils nous raconter sur leur genèse, sur leur valeur, sur leurs commanditaires,? Pour quelles raisons étaient-ils envoyés, quel chemin ont-ils parcouru et, enfin, par qui et comment étaient-ils reçus ? Par quelles stratégies (matérielles, stylistiques, iconographies etc.) favorisaient-ils l’échange ? Que s’est-il produit lorsque les cadeaux ont franchi des barrières culturelles et religieuses ?

Les interventions se concentreront de préférence sur un seul cadeau diplomatique. Partant de l’étude détaillée de l’œuvre dans ses qualités matérielles et formelles, les interventions sont ensuite invitées à replacer les cadeaux dans leur contexte historique et ainsi à éclairer leurs conditions de création, leur circulation, leur commanditaire ou leur destinataire dans une perspective plus large. Chaque type d’œuvre et chaque pays (même au-delà de l’Europe) peuvent être thématisés, à condition que la conférence soit tenue en langue française ou anglaise. Les interventions devront durer une vingtaine de minutes et viendront s’inscrire dans plusieurs grands thèmes susceptibles de rendre compte de la diversité des approches qu’offre la réflexion sur le don. La journée cherche en particulier à encourager et à faciliter l’échange entre les participants ; chaque contribution sera donc suivie d’un temps réservé à la discussion.

De manière à susciter une discussion véritablement interdisciplinaire, l’appel à communication s’adresse aux doctorants, post-doctorants et chercheurs issus, en premier lieu du domaine de l’histoire de l’art, mais aussi de disciplines voisines, comme l’histoire, la sociologie, l’anthropologie, la littérature ou encore la restauration d’œuvres d’art.

 

  1. Axes thématiques

En partant d’études de cas concrets, les interventions sont invitées à explorer plusieurs axes, dont la liste n’est pas exhaustive :

– L’étude des principales techniques artistiques employées et des matériaux mis à l’honneur pour la fabrication du cadeau ainsi que celle du lieu de production

– L’étude de la circulation des cadeaux et les altérations éventuellement subies au cours du transport (circulations, contraintes de taille)

– La réflexion sur les questions économiques, notamment le coût et le financement des cadeaux diplomatiques

– L’examen des transformations subies par les œuvres avant ou après l’envoi (éventuelles restaurations et réparations)

– Le cadre matériel de la réception des cadeaux, par ex. la Galerie des Glaces à Versailles, la Galerie des Ambassadeurs au Palais des Tuileries etc… ainsi que les différentes cérémonies qui accompagnaient l’échange des cadeaux (p.ex. des mariages dynastiques, des entrées triomphales, la signature de contrats, l’établissement des relations commerciales etc.)

– La valeur symbolique et spirituelle d’un cadeau

– Les acteurs du don, c’est-à-dire les personnes impliquées dans la production, la réception, la création ou le transfert des cadeaux : notamment le couple commanditaire-artiste, les souverains, leurs stratégies politiques et leurs intentions (par ex. la promotion de la production du pays auprès des puissances étrangères, les cadeaux diplomatiques comme instruments de compétition, l’emploi comme instrument durant des négociations, comme lien entre les sujets et leur souverain, …), le rôle des institutions (Garde-Meuble, affaires étrangères, ambassades…) et leurs agents (conseilleurs, membres du cortège, …), les artistes participant aux ambassades (par ex. Rubens, Federico Zuccaro, Diego Velazquez, Simon Vouet…).

 

  • Organisation

La journée d’études se tiendra le 25 octobre 2019 à l’INHA de Paris (salle Vasari).

Pour les intervenants le repas du midi sera fourni et le transport sera remboursé (éventuellement le logement, dans la limite du budget prévu par l’université).

Les propositions de communication comporteront un titre et un résumé (max. 500 mots) ainsi qu’une courte biographie. Elles sont à envoyer au plus tard le 31 mai 2019 à l’adresse cadeauxdiplomatiques25@gmail.com. Les candidats recevront leur réponse dans la quinzaine de jours qui suit la date limite d’envoi des candidatures.

Organisation : Maëlig Chauvin et Johannes Schwabe (doctorants à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

Comité scientifique : Étienne Jollet (professeur à l’université de Paris I), Marc Bayard (Mobilier National), Corinne Thépaut-Cabasset (Château de Versailles), Anne-Madeleine Goulet (chercheuse au CNR de Versailles).

 

————————————————————————————————————————

[english version:]

 

Study day: The language of gifts. Choice, circulation and meaning of diplomatic gifts in the early modern period (16th – 18th century)

INHA Paris, salle Giorgio Vasari

October 25, 2019

Deadline : May 31, 2019

 

 

  1. Description

This study day aims to take a transnational and interdisciplinary look on objects that have served as diplomatic gifts in the early modern era.

The period from the 16th to the 18th century, characterized by the culmination of the political system of absolutism and court culture, has also been marked by an increasingly complex system of international diplomatic relations and it has been in this context that the art of offering parade gifts (ars donandi) did develop into a veritable obligation between the principal European powers. Exchanged regularly on the occasion of events of diplomatic relevance, like dynastic marriages, the reception of ambassadors, the signature of political treatises or even royal entries, the exchanged gifts could be of various nature, ranging from paintings, sculptures, silverwork, porcelain, weapons, medals, tapestries, textiles, books, up to plants, living animals or even opera singers… The choice of the gift, of its material, its form, its executing artist and in general of every aspect of its appearance has never been a coincidence, but the product of extensive reflections. It has been especially their huge adaptability in terms of the occasion and the socials status of the receiver that has made these parade gifts an ideal instrument on the diplomatic parquet.

Since Marcel Mauss published his pioneer study in 1924, the phenomenon of the ceremonial exchange of gifts has attracted considerable scientific interest, especially on the part of disciplines like sociology, art history and ethnology. But the recent trend in the field of the humanities, labelled under the keyword material turn, actually incites to renew the reflexion about this subject. First and foremost, it encourages to not reduce these objects to the role of mere illustrations, but rather to take them seriously and to understand their material and formal characteristics as an integral part of their intended purpose. In line with this object‑centred approach, the study day will focus on the gifts themselves and will seek to “make them talk”: What can they tell us about their creation, about their value, about their commission? For which reasons have they been sent, which path did they take, by whom and how have they been received? By which (material, stylistic, iconographic etc.) strategies have they been able to communicate eventual messages? What happened when gifts did cross the frontiers of cultural or religious settings?

Submitted papers should ideally be conceived as case studies and be centred around one single object that has been used as a diplomatic gift. For as long as the argumentation is based on the detailed analysis of the objects themselves, the interventions don’t need to refrain from inserting these diplomatic gifts into their historical contexts, to clarify for example the conditions that led to their creation, their circulation, their commission, their recipients or the like. Every type of object and every country (also beyond Europe) can be treated, under the condition that the conference will be held either in French or in English language. We encourage postgraduate students, early career researchers, and established scholars to submit proposals for individual presentations of 20 minutes on the below-mentioned thematic axes. In addition to contributions from art history, we also welcome papers from neighbouring disciplines, like history, sociology, anthropology, literature or even the conservation‑restoration of works of art.

 

  1. Thematic axes

Based on concrete case studies, the interventions are invited to explore the following, though not exhaustive, list of topics:

– The artistic techniques and materials that have been employed to produce these state gifts, as well as their workshops and production conditions

– The circulation of the objects and the eventual alterations they underwent in the course of their travelling

– Economical aspects, questions of cost and the financial dimension of gifts

– Additional alterations before or after the transfer (for example restorations or modifications as a strategy to adapt objects to the receiving cultural sphere)

– The material and ceremonial frame of their reception (for example the Hall of Mirrors of the Palace of Versailles, the so-called Ambassador’s Gallery of the Tuileries Palace etc.), as well as the ceremonial framework (for example dynastic marriages, triumphal entries, signature of contracts, establishment of commercial relations etc.)

– The symbolic value of the gift

– The actors involved in the production, reception or the transfer of the gifts: amongst others the couple patron-artist, the souverain together with his political strategies and intentions (for example to promote the country’s national craftmanship, to serve as a means to compete with foreign powers, gifts as an instrument during negotiations, as a link between the sovereign and his subjects, …), the role of institutions (Garde‑Meuble, foreign affairs, embassies…) and their agents (consultants, ambassadors, members of the cortege, …), artists participating at diplomatic missions (Rubens, Federico Zuccaro, Diego Velazquez, Simon Vouet…).

 

  • Organisation

The study day will take place on October 25 2019 at the Institut national d’histoire de l’art (INHA) in Paris, at the salle Giorgio Vasari.

Travel and accommodation costs will be covered, as well as lunch during the study day (the overnight stay eventually as well, depending on the budget provided by the Université Paris 1.

Proposals should contain a title, a short description of the proposed conference (max. 500 words) and a CV. Proposals should be submitted to the address cadeauxdiplomatiques25@gmail.com until Friday, 31th of May 2019. The candidates will receive a response until the 15th of June.

Organisation : Maëlig Chauvin et Johannes Schwabe (doctorants à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne).

Scientific committee: Étienne Jollet (professeur à l’université de Paris I), Marc Bayard (Mobilier National), Corinne Thépaut-Cabasset (Château de Versailles), Anne-Madeleine Goulet (chercheuse au CNR de Versailles).

 

Leave a Reply