Appel à communication : « La jeunesse s’engage : art et politique en France (XVIIIe-XXIe siècle) » (Clermont-Ferrand, juin 2016)

Sreet Art (France)Cette manifestation scientifique s’adresse en priorité aux doctorants et jeunes chercheurs en Histoire et en Histoire de l’art.

La Jeune Équipe du Centre d’Histoire « Espaces et Cultures » (CHEC) éprouve la nécessité d’organiser une journée d’étude appréhendant la notion d’engagement du point de vue de la jeunesse.

Si, comme l’a montré Hannah Arendt, chaque nouvelle génération a pour fonction de s’arroger, au détriment du passé, l’espace nécessaire à l’exercice de sa liberté, assurant ainsi le renouvellement de la vie politique, il semble important de s’interroger sur les causes, les formes et les conséquences de l’engagement de la jeunesse.

L’engagement sera entendu au sens de toute théorie, pratique ou création voulant servir une cause collective, c’est-à-dire dépassant les intérêts individuels des protagonistes au profit d’un intérêt commun à une partie ou à l’ensemble de la population, et nécessitant une forme d’action pour advenir. Quant à la notion de jeunesse, elle sera interrogée dans sa définition même : du point de vue de l’engagement, quand commence et s’arrête la jeunesse ? Faut-il l’appréhender selon des critères juridiques, économiques, sociaux, culturels, générationnels ? Quelles en sont les représentations ?

Peut-on discerner, dans l’histoire de la jeunesse engagée, une tendance à agir pour des causes et sous des formes spécifiques ou récurrentes, qu’elles soient propres aux jeunes franges de la population, ou plus globales ? Dans quelle mesure ont-elles évolué dans le temps ? Peut-on attester, à l’époque contemporaine, d’une histoire de l’engagement propre à la jeunesse, plurielle mais s’émancipant causalement et formellement des autres mouvements engagés ? Et quelles en ont été les conséquences, d’une part concernant les conditions de vie politique, sociale et culturelle de la jeunesse, d’autre part et plus largement, sur l’histoire politique, sociale et artistique de la France ? On envisagera aussi le fait que la jeunesse engagée ait autrefois puisé, a contrario des phénomènes de radicalisation actuels, sa cohérence et sa force dans le caractère en grande partie artistique de ces engagements.

Le champ chronologique envisagé s’étendra du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours, et sera centré sur la France. Les phases révolutionnaires et les périodes de transitions et de bouleversements politiques de toute l’époque contemporaine constituent des terrains propices à l’analyse du concept d’engagement, qu’il conviendra d’appréhender suivants des éléments spécifiques à la jeunesse.

Afin d’étudier les spécificités de la jeunesse engagée, son histoire propre, et son rôle dans l’histoire globale, cette journée d’étude s’articulera autour de trois axes de réflexion : les causes, les formes et les conséquences de l’engagement de la jeunesse.

– Le premier axe interrogera les causes et les motivations qui poussent la jeunesse à s’engager. Des luttes révolutionnaires universalistes aux revendications plus ponctuelles, relatives à l’enfance, au statut des mineurs, à l’éducation et à l’instruction, il faudra déterminer la part et la teneur de l’engagement de la jeunesse. Et peut-être son rôle se révélera-t-il plus évident dans le cadre des revendications qui ont marqué la seconde moitié du XXe siècle : libération des mœurs, anticonformisme, apologie du plaisir et critique de l’idéologie du travail …

– Le deuxième axe s’intéressera aux déclinaisons formelles et visuelles de l’engagement de la jeunesse : bénévolat, volontariat, adhésion à un parti politique, à un syndicat, à une association, à un club ou à une société secrète, à un groupe ou à un collectif, participation à des souscriptions, à des comités, activisme… L’articulation entre théorie et pratique de l’engagement sera abordée au prisme de la jeunesse, autour des enjeux particuliers que représentent, en l’occurrence, l’instruction théorique et l’expérience.

– Le troisième axe portera sur les conséquences de l’engagement de la jeunesse. Il s’agira de se demander comment évaluer les impacts des différents combats menés par la jeunesse engagée, des « victoires » et « défaites » directes aux conséquences plus diffuses : l’engagement de la jeunesse n’a-t-il pas imprégné une grande partie de la vie publique contemporaine ? N’a-t-il pas, même, suscité la mise en place des conditions actuelles de son exercice, et de sa potentielle manipulation ?

Trois axes qui interrogent, par ailleurs, les représentations qui ont pu se former autour de la notion de « jeunesse engagée » mais qui questionnent aussi l’entité même de « jeunesse », dont les nombreux clivages, notamment sociaux, ne pourront être écartés. C’est pourquoi il conviendra de croiser ces axes de réflexion, afin de rendre compte de toute la complexité de l’engagement (ou des engagements ?) d’une jeunesse aux multiples visages.

Comité d’organisation

  • Lisa BOGANI, doctorante en Histoire contemporaine, UBP, Clermont-Ferrand.
  • Pierre BONHOMME, doctorant en Histoire de l’art contemporain, UBP, Clermont-Ferrand.
  • Camille CORDIER-MONTVENOUX, doctorante en Histoire contemporaine, UBP, Clermont-Ferrand.
  • Camille PENET-MERAHI, doctorante en Histoire de l’art contemporain, UBP, Clermont-Ferrand.

Comité scientifique

  • Philippe BOURDIN, Professeur en Histoire moderne, UBP, Clermont-Ferrand.
  • Jean-Claude CARON, Professeur en Histoire contemporaine, UBP, Clermont-Ferrand.
  • Fabrice FLAHUTEZ, Maître de conférences HDR en Histoire de l’art contemporain à l’Université Paris Ouest-Nanterre.
  • Marianne JAKOBI, Professeure en Histoire de l’art contemporain, UBP, Clermont-Ferrand.
  • Nathalie PONSARD, Maître de conférences en Histoire contemporaine, UBP, Clermont-Ferrand.

Modalités de soumission

Les propositions de communication pourront se faire par un résumé d’environ 500 mots, accompagné d’une courte biographie à envoyer à l’adresse suivante :je.engagement.jeunesse@gmail.com

Calendrier

  • Date de clôture de l’appel : 30 janvier 2016
  • Retour des avis : 21 mars 2016
  • Envoi du résumé de communication : 10 mai 2016
  • Journée d’étude : 30 juin 2016

Une nuitée et les frais de transport seront pris en charge. Les Actes donneront lieu à publication.

Lieu

Maison des Sciences de l’Homme,
4, Rue Ledru
63057 Clermont-Ferrand Cedex 1

Bibliographie indicative

  • ARENDT, Hannah, La crise de la culture – Huit exercices de pensée politique, Paris, Gallimard, 1989.
  • BANTIGNY, Ludivine, Le plus bel âge ? Jeunes et jeunesse en France de l’aube des « Trente Glorieuses » à la guerre d’Algérie, Paris, Fayard, 2007.
  • BIER, Bernard, ROUDET, Bernard (dir.), Citoyenneté, identités, nouvelles figures de la citoyenneté et formes actuelles de l’engagement des jeunes, actes de colloque, Marly-le-Roi, Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, 1997.
  • CARON, Jean-Claude, (dir.), Jeunesse et pouvoir à l’époque contemporaine (XIXe-XXe siècles)Siècles, Revue du Centre d’Histoire « Espaces et Cultures », 2008/8.
  • FILLIEULE, Olivier (dir.), Le désengagement militant, Paris, Belin, 2005.
  • L’engagement des jeunes – dossier documentaire sur la jeunesse, Marly-le-Roi, Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, 2003.
  • LEMOINE, Stéphanie, OUARDI, Samira, Artivisme : art, action politique et résistance culturelle, Paris, Alternative, 2010.
  • PERRINEAU, Pascal, Engagement politique : déclin ou mutation, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1994.
  • POUJOL, Geneviève, ROMER, Madeleine (dir.), L’apprentissage du militantisme – Enquête auprès des organisations de jeunesse, Paris, ADRAC, 1992.
  • VAN ESSCHE Eric, Les formes contemporaines de l’art engagé : de l’art contextuel aux nouvelles pratiques documentaires, Bruxelles, La lettre volée, 2007.

 

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