Appel à communication : « L’animal dans l’imaginaire de l’Asie : alter ou alter ego ? » (Paris, 13-14 janvier 2023)

Appel à communication : « L’animal dans l’imaginaire de l’Asie : alter ou alter ego ? » (Paris, 13-14 janvier 2023)

Colloque international organisé par l’Association Asie-Sorbonne, le 13 et 14 janvier 2023

Résumé

Ce colloque propose d’explorer la polysémie de l’imaginaire de l’animal, tout particulièrement l’animal sauvage, en Asie et ses fonctions : est-il un « alter ego », un animal protecteur, apportant à l’humanité ses pouvoirs propres ou un « alter » radical, qui représente un monde autre que l’humanité ; quels sont les enjeux de ces diverses représentations pour l’humanité comme pour le partage de la planète avec le monde animal. Cette fonction d’alter ego se manifeste, par exemple, pour le tigre dont l’homme s’approprie la puissance dans la danse du « lion » (舞狮 / 舞獅 ; wǔshī), dans la médecine traditionnelle qui prise ses os, et dans le zodiaque chinois pour lequel il est l’un des signes les plus fort. On la trouve aussi dans sa présence comme double animal du soldat dans l’œuvre du cinéaste thaï Apichatpong Weerasethakul « Oncle Boonmee », ou encore comme animal protecteur d’un Dalit dans le roman Le tigre blanc de l’Indien Aravind Adiga. On pense aussi au serpent Nāga, à la fois symbole — chtonien et aquatique —, conservant les attributs réels, naturalistes de l’animal dans ses différentes représentations. Il nous semble que si l’homme acquiert symboliquement la puissance de l’animal, c’est à condition qu’il reste au-delà d’une frontière homme / animal réelle ou métaphorique.

Dans le contexte d’un franchissement de plus en plus fréquent de cette frontière physique homme / animal, notamment par le braconnage, et au vu des dangers sanitaires que cela pose pour l’humanité dont la pandémie de la Covid a apporté la preuve, il nous paraît utile d’explorer ce rapport tangentiel et les enjeux de cette mise à distance ou au contraire de cette coexistence avec l’animal sauvage — ainsi que potentiellement avec l’animal domestique dans sa dimension d’altérité (par exemple, la vache sacrée dans l’hindouisme). On postule que l’animal — ours, singe, tigre, renard, serpent est investi d’une altérité radicale, nécessaire. Sa totale domestication ou anthropomorphisation — telle qu’on la trouve par exemple dans les représentations populaires, les dessins animés notamment — représenterait un danger, une perte de sens. Face à la disparition des espaces primaires et des peuples non modernisés, l’animal sauvage semble l’ultime réservoir de l’antimoderne, de ce qui échappe à l’anthropocène, ce qui n’est pas « pour » l’humanité. On fait donc deux hypothèses emboîtées : que les représentations animalières dans les cultures traditionnelles insistent sur l’altérité de l’animal et que cela a la fonction d’un avertissement : qu’à trop vouloir domestiquer le sauvage, l’humanité perdra une source d’altérité, essentielle à sa survie physiologique, mais aussi spirituelle.

Cette exploration utilisera les représentations littéraires, religieuses, artistiques (tous mediums) naturalistes, symboliques ou fantastiques : les modalités, les ambiguïtés, les allers-retours.

Le colloque sera suivi d’une publication sur examen des textes finaux à l’horizon 1923.

Champs : histoire des représentations dans l’art (tous mediums), archéologie ; dans la littérature classique, folklorique, religieuse et toutes formes de représentations ethnographiques y compris culture populaire….

Mots clés : animal sauvage ; anthropocène ; symbolisme animalier en Asie ; imaginaire de l’animal en Asie ; iconographie animalière ; Zodiaque ; animaux fantastiques ; hybrides.

Modalités pratiques :

Envoi d’un résumé de 300 à 500 mots avec mots clés et courte bibliographie éventuelle (format APA). Courte biographie de l’auteur (trois lignes), avec appartenance institutionnelle si c’est le cas. Le colloque est ouvert à tous les chercheurs, doctorants, chercheurs indépendants, artistes et auteurs, chercheurs institutionnels :

christine.vialkayser@asie-sorbonne.frsecretariat@asie-sorbonne.fr

Date limite de réception des résumés 30 septembre 2022. Réponse aux participants le 30 octobre.

Eléments bibliographiques :

(tous les liens Web actifs au 20 juin 2022)

  • Ambros, B. (2014, août). Animals in Japanese Buddhism: The third path of existence. Religion Compass, vol. 8, n° 8. DOI:10.1111/rec3.12118
  • Chapouthier, G. (2009). Réflexions sur l’altérité et l’animalité. Revue philosophique de la France et de l’étranger, vol. 134, n° 2, pp. 207 – 216
  • Diény, J.-P. (1987). Le symbolisme du dragon dans la Chine antique, vol. XXVII, Collège de France, Institut des Hautes études chinoises, Paris.
  • Ferrari, F. & Thomas Dänhardt, T. (2013). Charming beauties and frightful beasts. Non-human animals in South Asian myth, ritual and folklore, Equinox Publishing.
  • Glorisun Charitable Foundation (2018). Buddhist beasts: Reflections on animals in Asian religions and culture. Résumé de contributions à la conférence éponyme. https://glorisunglobalnetwork.org/buddhist-beasts-reflections-on-animals-in-asian-religions-and-culture-abstracts/
  • Impressions d’extrême Orient (2019). L’Éthique animale dans les littératures d’Asie, vol. 10. Https://doi.org/10.4000/ideo.1157 (Voir aussi l’appel à communication Https://animots.hypotheses.org/6773
  • Keck, (2020). Les sentinellesdes pandémies : chasseurs de virus et observateurs d’oiseaux aux frontières de la Chine (V. Despret Préface). Zones sensibles.
  • Korff-Sausse, S. (2011). Les identifications déshumanisantes : l’animalité dans la vie psychique et la création artistique. Revue française de psychanalyse, vol. 75, n° 1, pp. 87–102.
  • Le Renard : tours, détours & retours (1984). Etudes mongoles et sibériennes. Centre d’études mongoles et sibériennes.
  • L’ours : L’Autre de l’homme (1980). Etudes mongoles et sibériennes. Centre d’études mongoles et sibériennes. Voir la critique dans https://www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1986_num_61_2_2397_t1_0253_0000_3
  • Maris, V. (2018). La Part sauvage du monde. Le Seuil.
  • Morizot, B. (2020). Sauvagerie : des animaux et des hommes, Entretien avec Baptiste Morizot. Dix-huitième siècle, Vol. 1, n° 52, pp. 257 – 265. Https://www.cairn.info/revue-dix-huitieme-siecle-2020-1-page-257.htm
  • Nylan, M. (2019). Humans as animals and things in pre-Buddhist China. Religions,  10, n° 6.Https://doi.org/10.3390/rel10060360
  • O’Flaherty, W. D. (1981). Sexual metaphors and animal symbols in Indian mythology. Motilal Banarsidass.
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  • Université de Varsovie (2018). Exhibiting Animals: Curatorial Strategies and Narratives (appel à contribution). Https://networks.h-net.org/node/73374/announcements/10198953/exhibiting-animals-curatorial-strategies-and-narratives
  • Seki, K. (Ed.) (1963).Folktales of Japan. (R. Adams, trans.). University of Chicago Press.
  • Singer, R. & Masatomo, K. (dir.). The life of animals in Japanese art. [Cat. exp. Washington, D.C., National Gallery of Art,05.-28.07.2019 ; Los Angeles County Museum of Art, 08.09.-08.12.2019]. Princeton University Press ; Washington, D.C. : National Gallery of Art.

 

 

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