La découverte de l’art paléolithique à la fin du XIXème siècle constitue un bouleversement aussi grand que la découverte de l’Amérique en 1492, à la différence que ce n’est pas un espace géographique immense, mais une profondeur temporelle et culturelle inouïe qui s’est soudain ouvert. À la fois avant ou hors de l’histoire et stylistiquement « moderne », porteur d’une charge esthétique indéniable tout en n’étant vraisemblablement pas de l’art aux yeux de ses créateurs, l’art préhistorique ne cesse de fasciner aussi bien le public que les scientifiques. Comment en effet penser cet art avant l’art ? Quels concepts faut-il mobiliser pour le comprendre alors que les outils théoriques habituels hérités de la théorie et de l’histoire de l’art, élaborés pour un tout autre corpus (l’Antiquité classique, la Renaissance, la Modernité) montrent ici leurs limites ? Comment les artistes, théoriciens, historiens de l’art ont-ils réagi et réagissent-ils aujourd’hui encore à la mise au jour des œuvres mobilières et pariétales préhistoriques dont la prise en compte rénove la pensée de l’art ?
Avec les fouilles d’Altamira ou de Lascaux, l’histoire de l’art s’est brutalement allongée de « 400 siècles d’art pariétal », pour citer le titre d’un ouvrage du grand préhistorien l’Abbé Breuil. Comment dès lors comprendre et écrire l’histoire de l’art qui s’ouvre brutalement sur des millénaires mais reste irrémédiablement lacunaire ? Si, comme le dit Picasso après avoir visité Lascaux, « Nous n’avons rien inventé ! », il devient par exemple difficile d’écrire le cours de l’histoire de l’humanité en termes de progrès, comme un perfectionnement progressif de la représentation. Il devient nécessaire de repenser le concept de primitivisme et d’arts premiers. Enfin, si le fait que Neanderthal avait une activité artistique se confirmait, cela signifierait que l’art n’est pas le privilège du sapiens sapiens et que d’autres espèces d’hommes ont eu une vie spirituelle et culturelle complexe. Interroger cet art avant l’art, c’est donc aussi réfléchir sur ce qu’est l’homme, sur qui nous sommes.
De par les difficultés méthodologiques qu’elle pose, la réflexion sur l’art préhistorique requiert de se faire croiser les disciplines. Le présent colloque réunira historiens, préhistoriens, philosophes, historiens de l’art et anthropologues pour repenser ensemble nos conceptions de l’art, de l’histoire et de l’homme à l’aune de l’art préhistorique.
Le présent appel à contribution s’adresse à des jeunes chercheurs ainsi qu’à des chercheurs confirmés.
Les frais de transport et d’hébergement seront pris en charge.
La proposition doit être envoyée à l’adresse suivante avant le 15 novembre 2015 : audrey.rieber@gmail.com
Elle comprendra une courte notice bio-bibliographique, un titre et une proposition d’intervention (1/2 page maximum).
Bibliothèque Départementale de Marseille
3 et 4 juin 2016
Conception et organisation :
Jean-Noël Bret, historien de l’art, Président de l’AEPHAE et de l’A.C.C, Marseille
Audrey Rieber, philosophe, maître de conférences en philosophie à l’ens de Lyon.
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