Appel à communication : « L’art comme philosophie ? La réception de la philosophie classique allemande chez les artistes, du XIXe siècle à nos jours » (Paris, 4, 5, 6 avril 2024)
Art as Philosophy? The reception of classical German philosophy by artists, from the 19th century to the present day (English version below)
Kunst als Philosophie? Die Rezeption der klassischen deutschen Philosophie von Künstlern, vom 19. Jahrhundert bis heute (Deutsche Version unten)
Colloque international coorganisé par l’Institut d’études avancées de Strasbourg (USIAS), l’EUR Translitterae (ENS-PSL) et l’UMR Pays Germaniques (CNRS-ENS), dans le cadre du programme “Le dessin visionnaire et ses savoirs. À partir de l’étude et de la valorisation du fonds d’archives de Théophile Bra” (USIAS)
4, 5 et 6 avril 2024, Paris (lieux à préciser)
Alors que la réception de la philosophie allemande classique par les philosophes français a fait l’objet d’un certain nombre d’études, notamment grâce au développement des études sur les transferts culturels, la recherche s’est encore peu emparée de la question de sa connaissance et de ses usages par les artistes. L’ambition du colloque est d’ouvrir un espace de dialogue interdisciplinaire, nourri par des études de cas, sur le rôle de la découverte des philosophies idéalistes et romantiques allemandes chez les artistes européens et américains (arts visuels, scéniques et performatifs), du début du XIXe siècle jusqu’à l’art contemporain.
On regroupe aujourd’hui sous l’appellation de philosophie allemande classique (Klassische deutsche Philosophie) l’ensemble formé par les philosophies de Kant, de l’idéalisme allemand (Fichte, Schelling, Hegel, mais aussi A. Schopenhauer) et du premier romantisme allemand (avant tout Novalis, Tieck, A.W. et F. Schlegel, ainsi que F. Schleiermacher et K. Solger), auquel il faut ajouter la figure de Hölderlin et différents auteurs qui ont contribué au développement des philosophies postkantiennes, par exemple F. H. Jacobi. L’attention que ce corpus philosophique suscita très tôt dans le champ artistique relève d’échanges directs, d’intérêts communs, ou encore d’une forme d’émulation ; elle concerne divers aspects, notamment le rôle de l’art dans l’accès à l’Absolu ou encore la connexion entre esthétique et éthique.
Plusieurs études ont montré que, parmi les peintres allemands du début du XIXe siècle, Caspar David Friedrich rencontra Schleiermacher (Grave 2001 et 2011) et que Philipp Otto Runge affirma avoir lu Schelling sur la recommandation de Heinrich Steffens (Leinkauf 1987, Dumont 2016), les deux artistes gravitant par ailleurs autour de la revue Atheneaum et du cercle d’Iéna, dont Runge connaissait bien les acteurs, tels que les frères August Wilhelm et Friedrich Schlegel, Novalis et Ludwig Tieck. En raison de la double activité de peintre et de philosophe de la nature de Carl Gustav Carus, leurs relations avec la philosophie de Schelling ont été étudiées (Müller-Tamm 1995 et 2005). Dans le domaine de l’architecture, Petra Lohmann a examiné la réception de la philosophie de Fichte par Karl Friedrich Schinkel et celle de Schelling par Friedrich Ludwig Catel et Leo von Klenze (Lohmann 2017 et 2020).
Néanmoins, le champ à explorer est plus vaste, chronologiquement et géographiquement : qu’en est-il d’une connaissance plus lointaine ou plus diffuse de ces philosophes ? Il s’agit d’enrichir ce champ de réflexion en envisageant les processus par lesquels la philosophie allemande classique a pu nourrir les pratiques artistiques, de manière contemporaine autant que différée, en Allemagne, mais aussi dans le reste de l’Europe et aux États-Unis. Cette thématique est l’occasion d’ouvrir un espace de dialogue entre historiens de l’art et philosophes pour éclairer les phénomènes de transferts, non seulement de la philosophie vers l’art mais entre différentes aires linguistiques, germanophones, francophones et anglophones. L’objectif est de privilégier, par une enquête historique autant que philosophique, l’étude des réceptions qui peuvent être attestées, ainsi que des médiateurs et des organes de diffusion de la philosophie classique allemande ayant permis aux artistes de se l’approprier, de la détourner, voire de l’interroger dans leurs projets et pratiques.
Quelques études sur la réception des penseurs de la philosophie classique allemande en Europe et aux États-Unis ont déjà ponctuellement été menées. Marc A. Cheetham qualifie ainsi de “plasmatique” la réception multiforme de Kant dans l’art, l’histoire et la critique d’art, étudiant notamment l’usage politique et artistique que Jakob Asmus Carstens fit de la pensée du philosophe à Rome autour de 1800, via les leçons de Karl Ludwig Fernow (Cheetham 2001-1). Cheetham s’est également penché sur l’usage de la référence kantienne dans la défense du cubisme, via les lectures de Kant et des néo-kantiens par les critiques Daniel-Henry Kahnweiler, Léonce Rosenberg, Pierre Reverdy et Maurice Raynal (Cheetham 2001-2, voir aussi Bois 1987, O’Brien 2018). Dans la France du début du XIXe siècle, la diffusion des philosophes allemands par Victor Cousin (Janicaud 1984, Azar 1986, Cotten 1994) se retrouve par exemple dans les archives écrites et dessinées du sculpteur et dessinateur Théophile Bra dès les années 1830 (Ramos 2022). On y trouve notamment les noms de Kant, Fichte, Schelling et Hegel, parfois en marge de dessins présentant des formes non figuratives. Dans un tout autre contexte, Antje von Graevenitz a consacré un article à la réception de Schelling par Joseph Beuys (Graevenitz 2012). D’autres chercheurs montrent que Hegel a été lu par des artistes dont les œuvres et les contextes sont très divers, de Paul Chenavard (Schlesser 2009) en passant par les surréalistes (Rubio 2011, Sebbag 2012, Bloess/Gabriel 2020) jusqu’à Guy Debord (Russell 2020, Debord 2021) et les artistes contemporains Broomberg et Chanarin, qui se réfèrent à sa vision de la physiognomonie dans la série de portraits Spirit is a bone (2013). L’artiste contemporaine Maria Bussmann cite Kant et Hegel (Carrier 2022). La philosophie romantique est également une ressource importante des artistes, depuis le Bauhaus (Kropfinger 1993, Reinhardt/Sparagni 2009) jusqu’à l’art américain (Graulich 2014). Quant à Schopenhauer, Wieland Schmied a étudié son rôle dans l’élaboration de la peinture métaphysique de Giorgio de Chirico (Schmied 1982) et Shehira Doss-Davezac a posé la question des lectures qu’en firent les artistes symbolistes au travers des traductions de Théodule Ribot et Jean Bourdeau dans les années 1870-1880 (Doss-Davezac 1996). Un premier ouvrage collectif d’ampleur abordant sa réception chez Max Klinger, Max Beckmann, Chirico, Kasimir Malevitch et Bruce Nauman est paru en 2005 (Baum/Birnbacher 2005). Ces investigations ont été poursuivies pour l’art allemand (Gatzmeier 2010, Busch 2010, Koniczek 2012, Lenz 2020) et l’œuvre d’Odilon Redon (Zimmermann 2020).
Comme en témoignent ces quelques exemples, l’objectif du colloque n’est pas de s’interroger sur la connaissance que les philosophes ont des arts de leur temps (Hollein 2005, Franke 2007, Zerbst 2011), ni d’établir de simples parallèles entre projets artistiques et théories philosophiques (Carter 2011, Grosos 2016). Il ne s’agira pas non plus de mettre au jours les effets de résonances entre art et philosophie d’une même époque (voir par exemple Schefer 2005, Cahen-Maurel 2017) ou, bien que la méthode soit fructueuse, d’user de la philosophie comme outil d’interprétation ou de critique des œuvres et des pratiques (De Duve 1993, Mèredieu 2000). L’objectif du colloque est bien plutôt de privilégier les réceptions explicites et attestables, ainsi que l’enquête sur les médiateurs et les organes de diffusion de la philosophie allemande classique, qui ont permis aux artistes de se l’approprier ou de l’interroger dans leurs pratiques et leurs théories. Emblématique de ce phénomène est le sous-titre du long article de Friedrich Grillo “Sur l’art selon Monsieur Kant”, qui ouvre la période que le colloque abordera : “Pour artistes pensants, qui ne lisent pas la Critique de la faculté de Juger” (Grillo 1797). On s’intéressera donc au rôle de relais des traductions (en volume ou sous forme d’articles), des essais et des articles de presse (voir Espagne 2004).
Ainsi l’approche que nous voudrions développer ne saurait se limiter à évaluer l’exactitude ou la “vérité” des connaissances philosophiques des artistes : nous souhaiterions plutôt contribuer à la compréhension des processus dynamiques façonnant réciproquement, d’une part les projets et pratiques artistiques, de l’autre la compréhension des contenus et procédures philosophiques. Il s’agit en somme d’envisager, dans une démarche nécessairement interdisciplinaire, les œuvres et les écrits d’artistes comme des espaces de réception et de reconfiguration de pensées philosophiques, susceptibles d’en mettre au jour le potentiel créatif.
Informations pratiques :
Colloque international organisé à Paris (lieux à préciser), 4, 5 et 6 avril 2024
Les propositions d’interventions, composées d’un titre, d’une présentation d’environ 3000 caractères espaces compris et d’une notice biographique d’environ 1000 caractères espaces compris sont à envoyer avant le 1er octobre 2023 à l’adresse suivante : dessin.visionnaire.usias@gmail.com
Langues : français, anglais, allemand
Comité scientifique :
Christoph Binkelmann, directeur de l’édition scientifique de Schelling (Munich), président de la Internationale Schelling-Gesellschaft.
Mildred Galland-Szymkowiak, directrice de recherche CNRS, professeur attachée ENS-PSL, département de philosophie.
Johannes Grave, Professor Dr. für Neuere Kunstgeschichte, Friedrich-Schiller Universität Jena.
Isabelle Kalinowski, directrice de recherche, CNRS.
Rémi Labrusse, directeur d’études, EHESS, CRAL, CEHTA.
Angela Lampe, conservatrice des collections d’art moderne, Musée national d’art moderne · Centre Pompidou.
Julie Ramos, professeure d’histoire de l’art contemporain, Université de Strasbourg, ARCHE, USIAS-Fellow.
Olivier Schefer, professeur d’esthétique, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, École des arts de la Sorbonne.
International conference co-organised by the University of Strasbourg Institute of Advanced Studies (USIAS), the EUR Translitterae (ENS-PSL) and the UMR Pays Germaniques, as part of the research programme The visionary drawing and its knowledge. From the study and valorization of the archives of Théophile Bra (USIAS).
4th, 5th and 6th of April 2024, Paris (location to be confirmed)
While the reception of classical German philosophy by French philosophers has been the subject of a number of studies, thanks in particular to the development of studies on cultural transfers, research has so far given little attention to the question of its knowledge and use by artists. The aim of the conference is to open up a space for interdisciplinary dialogue, informed by case studies, on the role of the discovery of German Idealist and Romantic philosophies among European and American artists (visual, performing and scenic arts), from the early nineteenth century to contemporary art.
Classical German philosophy (Klassische deutsche Philosophie) is the name now given to the philosophies of Kant, German idealism (Fichte, Schelling, Hegel, but also A. Schopenhauer) and early German romanticism (above all Novalis, Tieck, A.W. and F. Schlegel, as well as F. Schleiermacher and K. Solger), to whom should be added the figure of Hölderlin and various authors who contributed to the development of post-Kantian philosophies, such as F. H. Jacobi. The attention that this philosophical corpus very soon attracted in the field of art was the result of direct exchanges, shared interests or even a form of emulation; it concerns various aspects, in particular the role of art for the access to the Absolute or the connection between aesthetics and ethics.
Runge claimed to have read Schelling on the recommendation of Heinrich Steffens (Leinkauf 1987, Dumont 2016), both artists also gravitating towards the journal Atheneaum and the Jena Circle, whose key figures Runge knew well, such as the brothers August Wilhelm and Friedrich Schlegel, Novalis and Ludwig Tieck. Because of Carl Gustav Carus’s double activity as a painter and natural philosopher, his relationship with Schelling’s philosophy has been studied (Müller-Tamm 1995 and 2005). In the field of architecture, Petra Lohmann has examined the reception of Fichte’s philosophy by Karl Friedrich Schinkel and that of Schelling by Friedrich Ludwig Catel and Leo von Klenze (Lohmann 2017 and 2020).
Nevertheless, the field to be explored is broader, both chronologically and geographically: what about a more distant or more diffuse knowledge of these philosophers? The aim is to broaden this field of reflection by looking at the processes by which classical German philosophy has nourished artistic practices, both contemporaneously and over time, in Germany, but also in the rest of Europe and the United States. This theme is an opportunity to open up a space for dialogue between art historians and philosophers in order to shed light on the phenomena of transfers, not only from philosophy to art, but also between different linguistic areas: German-speaking, French-speaking and English-speaking. Through historical as well as philosophical investigation, the goal is to focus on the study of documented receptions, as well as on the mediators and intermediaries of classical German philosophy that have enabled artists to assimilate it, to divert from it, and even to question it in their projects and practices.
A number of studies have already been conducted on the reception of the thinkers of classical German philosophy in Europe and the United States. Marc A. Cheetham describes the multifaceted reception of Kant in art, art history and art criticism as « plasmatic », studying in particular the political and artistic use that Jakob Asmus Carstens made of the philosopher’s thought in Rome around 1800, via the lessons of Karl Ludwig Fernow (Cheetham 2001-1), and the use of the Kantian reference in the defence of Cubism, via the readings of Kant and the neo-Kantians by the critics Daniel-Henry Kahnweiler, Léonce Rosenberg, Pierre Reverdy and Maurice Raynal (Cheetham 2001-2, see also Bois 1987, O’Brien 2018). In early nineteenth-century France, Victor Cousin’s dissemination of German philosophers (Janicaud 1984, Azar 1986, Cotten 1994) can be found, for example, in the written and drawn archives of the sculptor and drawer Théophile Bra from the 1830s onwards (Ramos 2022). These include the names of Kant, Fichte, Schelling and Hegel, sometimes in the margins of drawings showing non-figurative forms. In a completely different context, Antje von Graevenitz has devoted an article to Joseph Beuys’s reception of Schelling (Graevenitz 2012). Other researchers show that Hegel was read by artists whose works and contexts are very diverse, from Paul Chenavard (Schlesser 2009) via the Surrealists (Rubio 2011, Sebbag 2012, Bloess/Gabriel 2020) to Guy Debord (Russell 2020, Debord 2021) and the contemporary artists Broomberg and Chanarin, who refer to his vision of physiognomy in the portrait series Spirit is a bone (2013). Contemporary artist Maria Bussmann quotes Kant and Hegel (Carrier 2022).
Romantic philosophy is also an important resource for artists, from the Bauhaus (Kropfinger 1993, Reinhardt/Sparagni 2009) to American art (Graulich 2014). As for Schopenhauer, Wieland Schmied has studied his role in the development of Giorgio de Chirico’s metaphysical painting (Schmied 1982) and Shehira Doss-Davezac has raised the question of the readings Symbolist artists made of him through the translations of Théodule Ribot and Jean Bourdeau in the 1870s-1880s (Doss-Davezac 1996). A first major collective work on its reception by Max Klinger, Max Beckmann, Chirico, Kasimir Malevitch and Bruce Nauman was published in 2005 (Baum/Birnbacher 2005). These investigations have been continued for German art (Gatzmeier 2010, Busch 2010, Koniczek 2012, Lenz 2020) and the work of Odilon Redon (Zimmermann 2020).
As these few examples show, the aim of the colloquium is not to examine philosophers’ knowledge of the arts of their time (Hollein 2005, Franke 2007, Zerbst 2011), nor to draw simple parallels between artistic projects and philosophical theories (Carter 2011, Grosos 2016). Nor will the aim be to uncover the resonance between art and philosophy in the same period (see, for example, Schefer 2005, Cahen-Maurel 2017) or, although the method is fruitful, to use philosophy as a tool for interpreting or criticising works and practices (De Duve 1993, Mèredieu 2000). Instead, the aim of the symposium is to focus on explicit and attested receptions, as well as investigations into the mediators and intermediaries of classical German philosophy, which have enabled artists to assimilate it or question it in their practices and theories. Emblematic of this phenomenon is the subtitle of Friedrich Grillo’s long article « On art according to Monsieur Kant », which opens the period that the symposium will address: « Pour artistes pensants, qui ne lisent pas la Critique de la faculté de Juger » ( »For thinking artists who don’t read the Critique of the Faculty of Judgement ») (Grillo 1797). We will be looking at the role played by translations (in volumes or in the form of articles), essays and press articles (see Espagne 2004).
Consequently, the approach we would like to develop cannot be limited to assessing the accuracy or ‘truth’ of artists’ philosophical knowledge: rather, we would like to contribute to an understanding of the dynamic processes reciprocally shaping artistic projects and practices, on the one hand, and the understanding of philosophical content and procedures, on the other. In short, it is a question of considering, in a necessarily interdisciplinary approach, the works and writings of artists as spaces for the reception and reconfiguration of philosophical thought, likely to reveal its creative potential.
More details
International conference to be held in Paris (location to be confirmed), 4th, 5th and 6th of April 2024
Proposals for papers, consisting of a title, an abstract of approx. 3,000 characters including spaces and a biographical note of around 1,000 characters including spaces, should be sent before October 1st, 2023 to the following address: dessin.visionnaire.usias@gmail.com
Languages
French, English, German
Selection Committee
Christoph Binkelmann, Project Coordinator of the scientific edition of Schelling (Munich), president of the Internationale Schelling-Gesellschaft.
Mildred Galland-Szymkowiak, directrice de recherche CNRS, professeur attachée ENS-PSL, département de philosophie.
Johannes Grave, Professor of Contemporary Art History, Friedrich-Schiller Universität Jena.
Isabelle Kalinowski, Director of Research, CNRS.
Rémi Labrusse, Director of Studies, EHESS, CRAL, CEHTA.
Angela Lampe, Curator of modern art collections, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou.
Julie Ramos, Professor of Contemporary Art History, Université de Strasbourg, ARCHE, USIAS-Fellow.
Olivier Schefer, Professor of Aesthetics, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, École des arts de la Sorbonne.
Internationale Tagung, gemeinsam veranstaltet vom Institut d’études avancées de Strasbourg (USIAS), der EUR Translitterae (ENS-PSL) und der UMR Pays Germaniques (CNRS/ENS-PSL), im Rahmen des Forschungsprogramms Die visionäre Zeichnung und ihr Wissen. Studie und Valorisierung des Archivbestands von Théophile Bra (USIAS)
4., 5. und 6. April 2024, Paris (Orte werden noch bekannt gegeben)
Während die Rezeption der klassischen deutschen Philosophie durch französische Philosophen Gegenstand einer Reihe von Studien gewesen ist, insbesondere dank der Ausweitung der Studien über den Kulturtransfer, hat sich die Forschung noch wenig mit der Frage ihrer Kenntnis und ihrer Verwendung durch Künstler befasst. Die Tagung soll einen interdisziplinären Dialog über die Rolle der Entdeckung der deutschen idealistischen und romantischen Philosophien bei europäischen und amerikanischen Künstlern (visuelle, darstellende und performative Kunst) vom Beginn des 19. Jahrhunderts bis zur zeitgenössischen Kunst ermöglichen.
Unter “klassischer deutschen Philosophie” versteht man heute die Philosophien Kants, des deutschen Idealismus (Fichte, Schelling, Hegel, aber auch A. Schopenhauer) und der deutschen Frühromantik (vor allem Novalis, Tieck, A.W. und F. Schlegel, aber auch F. Schleiermacher und K. Solger), dazu kommen Hölderlin und verschiedene Autoren, die zur Entwicklung der nachkantischen Philosophien beigetragen haben, z. B. F. H. Jacobi. Die Aufmerksamkeit, die dieser philosophische Korpus schon früh im künstlerischen Feld erregte, ist auf direkten Austausch, gemeinsame Interessen oder auch eine Form der Nacheiferung zurückzuführen; sie betrifft verschiedene Aspekte, insbesondere die Rolle der Kunst beim Zugang zum Absoluten oder auch die Verbindung zwischen Ästhetik und Ethik.
Mehrere Studien haben gezeigt, dass unter den deutschen Malern des frühen 19. Jahrhunderts Caspar David Friedrich Schleiermacher traf (Grave 2001 und 2011) und dass Philipp Otto Runge behauptete, Schelling auf Empfehlung von Heinrich Steffens gelesen zu haben (Leinkauf 1987, Dumont 2016), wobei beide Künstler zudem die Zeitschrift Atheneaum kanntent und den Jenaer Kreis frequentierten, dessen Akteure – wie die Brüder August Wilhelm und Friedrich Schlegel, Novalis und Ludwig Tieck – Runge gut kannte. Aufgrund der doppelten Tätigkeit Carl Gustav Carus’ als Maler und Naturphilosoph wurden ihre Beziehungen zu Schellings Philosophie untersucht (Müller-Tamm 1995 und 2005). Im Bereich der Architektur untersuchte Petra Lohmann die Rezeption der Philosophie Fichtes durch Karl Friedrich Schinkel und der Philosophie Schellings durch Friedrich Ludwig Catel und Leo von Klenze (Lohmann 2017 und 2020).
Das zu erforschende Feld ist jedoch chronologisch und geografisch umfassender: Wie steht es mit einem weiter zurückliegenden oder diffuseren Wissen über diese Philosophen? Es geht darum, dieses Gebiet zu erweitern, indem die Prozesse betrachtet werden, durch die die klassische deutsche Philosophie die künstlerische Praxis in Deutschland, aber auch im restlichen Europa und in den Vereinigten Staaten auf zeitgenössische und zeitversetzte Weise beeinflusst hat. Dieses Thema bietet die Gelegenheit, einen Raum für den Dialog zwischen Kunsthistorikern und Philosophen zu öffnen, um die Phänomene des Transfers nicht nur von der Philosophie in die Künste, sondern auch zwischen verschiedenen Sprachräumen – deutsch-, französisch- und englischsprachig – zu beleuchten. Ziel ist es, durch eine historische wie auch philosophische Untersuchung die nachweisbare Rezeption sowie die Vermittler und Verbreitungsorgane der klassischen deutschen Philosophie zu untersuchen, die es den Künstlern ermöglicht haben, sich diese anzueignen, sie abzuwandeln oder in ihren Projekten und Praktiken zu hinterfragen. Einige Studien über die Rezeption von Denkern der klassischen deutschen Philosophie in Europa und den USA wurden bereits punktuell durchgeführt. Marc A. Cheetham bezeichnet die vielfältige Rezeption Kants in der Kunst, der Kunstgeschichte und der Kunstkritik als „plasmatisch“ und untersucht insbesondere die politische und künstlerische Verwendung der Gedanken des Philosophen durch Jakob Asmus Carstens in Rom um 1800 durch die Lektionen von Karl Ludwig Fernow (Cheetham 2001-1). Er hat sich auch mit Kants Verwendung bei der Verteidigung des Kubismus beschäftigt: es geht insbesondere um die Interpretation von Kant und den Neukantianern bei den Kritikern Daniel-Henry Kahnweiler, Léonce Rosenberg, Pierre Reverdy und Maurice Raynal (Cheetham 2001-2, siehe auch Bois 1987, O’Brien 2018). Im Frankreich des frühen 19. Jahrhunderts findet sich die Verbreitung deutscher Philosophien durch Victor Cousin (Janicaud 1984, Azar 1986, Cotten 1994) beispielsweise in den schriftlichen und zeichnerischen Aufzeichnungen des Bildhauers und Zeichners Théophile Bra ab den 1830er Jahren (Ramos 2022). Dort finden sich unter anderem die Namen von Kant, Fichte, Schelling und Hegel, manchmal am Rand von Zeichnungen mit abstrakten Formen. In einem ganz anderen Zusammenhang hat Antje von Graevenitz einen Artikel über die Rezeption Schellings durch Joseph Beuys verfasst (Graevenitz 2012). Andere Forscher zeigen, dass Hegel von Künstlern mit ganz unterschiedlichen Werken und Kontexten gelesen wurde, von Paul Chenavard (Schlesser 2009) über die Surrealisten (Rubio 2011, Sebbag 2012, Bloess/Gabriel 2020) bis hin zu Guy Debord (Russell 2020, Debord 2021) und den zeitgenössischen Künstlern Broomberg und Chanarin, die sich in der Porträtserie Spirit is a bone (2013) auf seine Sicht der Physiognomie beziehen. Die zeitgenössische Künstlerin Maria Bussmann zitiert Kant und Hegel (Carrier 2022). Die Philosophie der Romantik ist auch eine wichtige Ressource von Künstlern, vom Bauhaus (Kropfinger 1993, Reinhardt/Sparagni 2009) bis zur amerikanischen Kunst (Graulich 2014). Was Schopenhauer betrifft, so untersuchte Wieland Schmied seine Rolle bei der Entwicklung der metaphysischen Malerei von Giorgio de Chirico (Schmied 1982) und Shehira Doss-Davezac stellte die Frage nach den Lesarten, die symbolistische Künstler anhand der Übersetzungen von Théodule Ribot und Jean Bourdeau in den 1870er und 1880er Jahren von ihm machten (Doss-Davezac 1996). Ein erstes umfangreiches Sammelwerk, das sich mit seiner Rezeption bei Max Klinger, Max Beckmann, Chirico, Kasimir Malewitsch und Bruce Nauman befasst, erschien 2005 (Baum/Birnbacher 2005). Diese Untersuchungen wurden für die deutsche Kunst (Gatzmeier 2010, Busch 2010, Koniczek 2012, Lenz 2020) und das Werk von Odilon Redon (Zimmermann 2020) fortgesetzt.
Wie diese Beispiele zeigen, ist es nicht das Ziel der Tagung, die Kenntnis der Philosophen von den Künsten ihrer Zeit zu untersuchen (Hollein 2005, Franke 2007, Zerbst 2011) oder bloße Parallelen zwischen künstlerischen Projekten und philosophischen Theorien zu ziehen (Carter 2011, Grosos 2016). Es geht auch nicht darum, die Resonanzeffekte zwischen Kunst und Philosophie ein und derselben Epoche aufzudecken (siehe z. B. Schefer 2005, Cahen-Maurel 2017) oder, obwohl die Methode ergiebig ist, die Philosophie als Werkzeug für die Interpretation oder Kritik von Werken und Praktiken zu verwenden (De Duve 1993, Mèredieu 2000). Das Ziel der Tagung besteht vielmehr darin, die explizite und nachweisbare Rezeption sowie die Untersuchung der Vermittler und Verbreitungsorgane der klassischen deutschen Philosophie in den Vordergrund zu stellen, die es den Künstlern ermöglicht haben, sich diese anzueignen oder sie in ihren Praktiken und Theorien zu hinterfragen. Emblematisch für dieses Phänomen ist der Untertitel von Friedrich Grillos langem Artikel „Über die Kunst nach Herrn Kant“, der den Zeitraum einleitet, mit dem sich die Tagung befassen wird: „Für denkende Künstler, welche die Kritik der Urteilskraft nicht lesen“ (Grillo 1797). Der Schwerpunkt wird daher auf der Rolle von Übersetzungen (in Form von Bänden oder Artikeln), Essays und Presseartikeln als Vermittler liegen (siehe Espagne 2004).
Der Ansatz, den wir entwickeln möchten, kann sich also nicht darauf beschränken, die Genauigkeit oder « Wahrheit » der philosophischen Kenntnisse der Künstler zu bewerten: Wir möchten vielmehr zum Verständnis der dynamischen Prozesse beitragen, die einerseits die künstlerischen Projekte und Praktiken und andererseits das Verständnis der philosophischen Inhalte und Verfahren wechselseitig prägen. Es geht also darum, in einem notwendigerweise interdisziplinären Ansatz die Werke und Schriften von Künstlern als Räume für die Rezeption und Neukonfiguration philosophischer Gedanken zu betrachten, die deren kreatives Potenzial offenbaren können.
Nützliche Informationen
Internationale Tagung, organisiert in Paris (Orte werden noch bekannt gegeben). 4., 5. und 6. April 2024
Beitragsvorschläge, bestehend aus einem Titel, einer Präsentation von ca. 3000 Zeichen inklusive Leerzeichen und einer biografischen Notiz von ca. 1000 Zeichen inklusive Leerzeichen, sind bis zum 1. Oktober 2023 an folgende Adresse zu senden: dessin.visionnaire.usias@gmail.com
Sprachen
Französisch, Englisch, Deutsch
Wissenschaftliches Auswahlkomitee
Christoph Binkelmann, Direktor der wissenschaftlichen Ausgabe Schellings (München); Präsident der Internationalen Schelling-Gesellschaft.
Mildred Galland-Szymkowiak, Forschungsdirektorin, CNRS; angestellte Professorin ENS-PSL, philosophische Fakultät
Johannes Grave, Professor für Neuere Kunstgeschichte, Friedrich-Schiller Universität Jena.
Isabelle Kalinowski, Forschungsdirektorin, CNRS.
Rémi Labrusse, Studiendirektor, EHESS, CRAL, CEHTA.
Angela Lampe, Konservatorin der Sammlungen für moderne Kunst, Musée national d’art moderne, Centre Pompidou.
Julie Ramos, Professorin für zeitgenössische Kunstgeschichte des 19. Jahrhunderts, Université de Strasbourg, ARCHE, USIAS-Fellow.
Olivier Schefer, Professor für Ästhetik, Universität Paris 1 Panthéon-Sorbonne, École des arts de la Sorbonne.
Bibliographie/Bibliography/Bibliografie
Azar A. 1986 : « Le cas Victor Cousin. Un étrange observateur de la pensée germanique pendant le début du xixe siècle », Critique, t. 42, 473, octobre, p. 981-998.
Baum G., Birnbacher D. (dir.) 2005 : Schopenhauer und die Künste, Göttingen, Wallstein.
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Bois, Y.-A. 1987 : “Kahnweiler’s Lesson”, Representations, n° 18 (1987), p. 33-68.
Broomberg A., Chanarin O. 2015 : Spirit is a Bone, Londres, MACK.
Busch D 2010 : « Spannung und Anspruch. Schopenhauer und Beckmann im Vergleich », Schopenhauer-Jahrbuch, 91, p. 185-203.
Cahen-Maurel L. 2017 : L’art de romantiser le monde. La peinture de Caspar David Friedrich et la philosophie romantique de Novalis, Berlin/Münster, LIT Verlag, coll. “Ideal & Real. Aspekte und Perspektiven des Deutschen Idealismus.
Cahen-Maurel L. 2019 : « Le détail révélateur : Caspar David Friedrich, Hegel, Novalis », in J.-N. Bret et L. Cahen-Maurel, L’Œil de l’esprit. Caspar David Friedrich et le romantisme allemand, Paris, Hermann.
Carrier D. 2022 : Philosophical Skepticism as the Subject of Art. Maria Bussmann’s Drawings, London ; New York ; Oxford ; New Delhi ; Sydney : Bloomsbury Academic.
Carter C. L. 2011 : « La philosophie et l’art : de nouveaux paysages pour l’esthétique », Diogène, vol. 1-2, n° 233-234. DOI : 10.3917/dio.233.0119.
Cheetham M. A. 2001-1 : Kant, Art and Art History. Moments of Discipline, Cambridge, Cambridge University Press.
Cheetham M. A. 2001-2 : „Kant and Cubism revisited”, Word & Image, 17/3, p. 293-298.
Cotten J.-P. 1994 : « Victor Cousin et la »mauvaise métaphysique de l’Allemagne dégénérée » », in J. Quillien, La réception de la philosophie allemande en France aux XIXe et XXe siècles, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, p. 85-107.
Debord G. 2021 : Marx Hegel, éd. par Laurence Le Bras, Paris, Édition l’Échapée, coll. “La librairie de Guy Debord”.
De Duve T. 1993 : Kant nach Duchamp (= Texte zur Kunst 4), Munich Boer. Trad. angl. Kant after Duchamp, Cambridge Mass., MIT Press, 1996.
Doss-Davezac S. 1996 : « Schopenhauer according to the Symbolists: the philosophical roots of late nineteenth-century French aesthetic theory », in J. Dale, Schopenhauer, Philosophy and the Arts, Cambridge [u.a.] : Cambridge University Press.
Dumont A. 2016 : « Runge, Schelling et Tieck », in De l’Autre imprévu à l’Autre impossible. Essais sur le romantisme allemand (= Ideal und Real, Bd. 6), Zurich, Lit Verlag, p. 270-276.
Ehrlich J. 1962 : Wilhelm Busch der Pessimist. Sein Verhältnis zu Arthur Schopenhauer, Bern/Munich, Francke.
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