Appel à communication : « Le dessin comme geste social. Les évolutions de la théorie et la pratique du dessin au prisme de l’ethnicité, de la classe et du genre » (Amiens, octobre 2025)

Appel à communication : « Le dessin comme geste social. Les évolutions de la théorie et la pratique du dessin au prisme de l’ethnicité, de la classe et du genre » (Amiens, octobre 2025)

Date limite : 31 décembre 2024

Depuis une vingtaine d’années, les usages du dessin par les artistes témoignent du fait qu’il nous permet « de réfléchir sur le monde et de nous y engager activement » (Fortnum 2021). À même de provoquer des changements, souvent en commençant par la manière dont les artistes eux-mêmes choisissent de répondre à leur expérience et à leur environnement, ce dispositif familier, et léger, poreux aux technologies visuelles comme à la pensée, est de plus en plus utilisé comme un catalyseur.

Démentant le constat selon lequel le dessin fut un point aveugle du débat artistique au XXème siècle, ce domaine connaît depuis les années 1990 un regain d’intérêt de la part des artistes, à l’image des pratiques de Kiki Smith, Nicola Eisenman ou Raymond Pettibon. Depuis les années 2000, les enjeux du pouvoir et de domination de la matrice du genre, de la race et de la classe semblent se sont ajoutés aux anciens motifs dits critiques, qui pouvaient apparaître plus clairement dans les dessins des générations antérieures (consommation, marché de l’art, situation géopolitique etc.) Pourtant, à l’exception de quelques textes de Benjamin Buchloh ou de Karen Kurczynski, qui firent valoir que la dimension critique du dessin contemporain était liée à sa résistance matérielle, cette historiographie reste encore lacunaire. 

Le colloque prévu en octobre 2025 à l’université de Picardie Jules-Verne souhaite pallier cette lacune et nourrir le champ de la connaissance historique et critique que constitue le dessin en saisissant ce moment particulier de son évolution, à l’échelle des expositions et publications, en Europe, mais aussi au Maghreb et aux États-Unis. 

Le colloque vise à étudier les usages et les discours autour des pratiques du dessin devenu geste social, en encourageant l’analyse des liens qui se nouent entre identité et dessin par le biais des circulations entre le dessin et la théorie ou encore de l’évolution des formes du dessin contemporain. Les ressources propres au dessin, que sont son « indétermination » (Kurczynski 2014) et sa « dimension relationnelle » (Ed Krma 2010), nous semblent des aspects clés à prendre en compte afin de comprendre pourquoi les artistes qui aspirent à troubler la différence plutôt qu’à la fixer mobilisent de plus en plus ce champ. Ces qualités du dessin permettent ainsi aux artistes qui répondent à des histoires localisées nées des effets de la globalisation ou de défier des représentations conservatrices (Sofiane Ababri, Pélagie Gbaguidi). 

Comme le révèle l’exposition Pushing the paper (British Museum Seligman), le retour aux questions sociales passe par le questionnement sur la forme du dessin : ainsi walldrawing et performance s’ajoutent aux pratiques figuratives. La question du rapport des dessinateurs et dessinatrices à l’image est en effet un élément à interroger. En tant qu’espace d’ouverture, hybride aux autres arts aussi bien qu’aux technologies visuelles et aux images (Krma 2010), la matérialité même du dessin doit être prise en compte pour reconsidérer la façon dont les artistes abordent le champ de la représentation, notamment celles qui en réifiant l’altérité, ont renforcé leur désavantage. 

En s’appuyant sur les ressources contenues au Frac Picardie et sur un partenariat établi entre l’UFR des arts et cette institution, le colloque souhaite réunir les propositions de chercheurs et chercheuses, praticiens des musées et artistes internationaux pouvant faire progresser la recherche sur le champ et qui souhaitent, sans exclusive, s’engager dans la réflexion autour de l’un des quatre questionnements suivants :

– (1) le développement du dessin comme vecteur clé pour aborder les questions de l’ethnicité, du genre et de la classe

– (2) le développement du dessin comme un outil d’actions sociales et collectives

– (3) les liens entre l’évolution de l’enseignement de l’art et de la théorie postcoloniale et féministe et du dessin 

– (4) la place dans le dessin contemporain pour l’héritage des gestes des pionnières du dessin (processuel, féministe etc.) des années 1970-1970

Le colloque international fait suite à un premier opus tenu les 4 et 5 décembre 2024 à la Staatliche Akademie der Bildenden Künste Stuttgart.

Il aura lieu à l’Université de Picardie Jules Verne en octobre 2025.

Les propositions de communications de 2000 signes maximum sont à envoyer à :

katrin.stroebel@abk-stuttgart.de

et schutzmarine@gmail.com

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