Le transept et ses espaces élevés dans l’église du Moyen Age central :
vers une nouvelle approche fonctionnelle (architecture, décor, liturgie et son)
Colloque international et interdisciplinaire, Lausanne, 20-21 avril 2015.
Résumé
Le colloque organisé conjointement par l’Université catholique d’Angers (Faculté des Humanités) et l’Université de Lausanne (Section d’Histoire de l’art) a pour objectif d’observer de manière accrue les espaces du transept et de se pencher sur leur(s) relation(s) avec le chœur/cœur de l’église. Ces deux journées internationales et interdisciplinaires visent à réunir les résultats, souvent épars, de recherches passées et en cours. Basées sur l’échange entre spécialistes de différents domaines, elles se termineront pas une table-ronde qui permettra de faire un bilan des communications et d’approfondir les échanges en vue de lancer de nouvelles pistes de recherche.
Argumentaire
Les études de Carol Heitz sur les avant-nefscarolingiennes ont montré que cet espace, dont l’étage communique avec la nef par de larges tribunes, avait une fonction liturgique, généralement associée aux fêtes de Pâques. De la même manière, dès le deuxième quart du Xe siècle, la réforme définie par Gorze et Fleury, en touchant au domaine de la liturgie, nécessitait la reconstruction ou la transformation des églises : c’est ainsi que des chapelles sont nouvellement aménagées ou agrandies à l’ouest et à l’est de l’édifice.
Ouvrant en tribune sur la nef et le chœur, ces espaces liturgiques des églises réformées étaient destinés à accueillir, lors de célébrations dont la nature exacte n’est pas toujours connue, une partie du chœur des moines qui répondaient par leurs chants au reste de la communauté rassemblée en contrebas. Cette typologie architecturale, commune aux nombreuses églises – abbatiales mais aussi cathédrales – qui ont rejoint le vaste mouvement réformateur, n’a pas été adoptée partout : dans les églises clunisiennes, les tribunes sur transept sont ainsi généralement absentes.
Concernant les espaces élevés du transept, dont la fonction n’est d’ailleurs pas nécessairement cultuelle (Cuxà), on a pu constater que s’ils communiquent parfois avec le reste de l’église (Saint-Chef), ils peuvent également s’en trouver isolés (Aoste). Dans certains cas, et notamment dans les églises où les espaces élevés du transept sont particulièrement développés et ouverts (ex. Bayeux), on ne peut écarter la possibilité d’une utilisation laïque, les tribunes servant ainsi de mise en scène du pouvoir.
Au cours du Moyen Age central, le développement de l’espace oriental des églises, qui se manifeste par un chœur agrandi encadré de longs bras du transept où se multiplient les chapelles latérales, parfois dédoublées sur la hauteur, coïncide avec l’abandon – total ou partiel – du pôle occidental, l’est accueillant parfois, comme à Saint-Remi de Reims ou à la cathédrale de Rouen, des fonctions liturgiques traditionnellement dévolues à l’ouest. Ce phénomène d’hyper-sacralisation de la partie orientale des églises, déjà perceptible au Xe siècle mais amplifié et encouragé par le mouvement de la Réforme grégorienne, permet d’unifier l’espace ecclésial, de valoriser le lieu eucharistique en concentrant les célébrations liturgiques autour de l’autel majeur, et d’attribuer aux deux communautés, les laïcs et les clercs, des espaces séparés. Un jubé vient ainsi isoler les célébrants, confinés dans le chœur, du reste des fidèles rassemblés dans la nef. Une clôture ou des différences de niveaux permettent parfois d’étendre aux bras du transept le domaine réservé aux clercs.
Comme l’architecture ou la liturgie, le décor peint et/ou sculpté contribue à activer la dynamique ouest-est qui traverse l’édifice ecclésial, mais aussi à valoriser ses parties les plus sacrées : c’est ainsi que la richesse décorative qui caractérise l’espace oriental tranche bien souvent avec le dénuement de la nef des églises. Parallèlement, le décor du transept révèle parfois d’autres types de circulations, tels des parcours transversaux unissant les deux extrémités du transept (ex. Château-Gontier).
Dans cette perspective, nous souhaitons ici nous interroger sur la manière dont le transept et ses espaces élevés contribuent à la valorisation du sanctuaire, valorisation qui peut se manifester par un décor ou des chants produits à l’étage, et que des tribunes rendent manifeste aux célébrants et fidèles réunis en contrebas.
Cadre et axes de recherche
Les interventions toucheront à la genèse du phénomène à l’époque carolingienne et à son développement au cours du Moyen Age central. Le colloque international ne se fixe aucune limite territoriale : si les espaces élevés du transept apparaissent plus fréquemment dans certaines aires géographiques, leur absence dans d’autres lieux ou contextes peut aussi enrichir la recherche.
Visant à l’interdisciplinarité, tous les spécialistes du Moyen Age sont appelés à intervenir : historiens, historiens de l’art, liturgistes, spécialistes du bâti, archéologues, musicologues, etc. sont invités à apporter leur contribution pour une meilleure compréhension de la fonction des tribunes et des modalités de relations entre ces lieux « périphériques », le centre liturgique et l’édifice ecclésial.
Les chercheurs intéressés peuvent aborder le sujet du colloque suivant plusieurs axes (non exhaustifs) :
- Typologie des divers aménagements architecturaux de l’espace du transept
- Place des laïcs et des clercs dans les usages du transept et de ses espaces élevés
- Les coutumes liturgiques ou cérémonielles associées à ces espaces
- Les effets de la (les) réforme (s) et de leur liturgie spécifique sur les formes architecturales
- Le décor en tant que révélateur de la fonction de ces espaces
- Le décor, le geste et le son en tant que facteurs performants des relations entre les espaces distincts de l’église, entre les différentes communautés regardantes-regardées.
Modalités pratiques d’envoi des propositions
Les propositions de communication de 20 min (300 mots maximum, en français ou anglais), accompagnées d’un court CV, sont à envoyer conjointement à barbara.franze@unil.ch et nathalie.leluel@uco.fr au plus tard le 15 décembre 2014.
Le colloque se tiendra à l’Université de Lausanne les lundi 20 et mardi 21 avril 2015.
Les résultats de la sélection seront communiqués au plus tard le 19 janvier 2015.
Responsables scientifiques
Barbara Franzé, Université de Lausanne (Suisse)
Nathalie Le Luel, Université catholique de l’Ouest – Angers (France)
The Transept and its Upper Levels in the High Medieval Church :
Towards a New Functional Approach (Architecture, Decor, Liturgy and Sound)
International and Interdisciplinary Conference – Lausanne, 20th-21st of April 2015
Abstract
This conference is jointly organized by the Catholic University of Angers (Faculty of Humanities) and the University of Lausanne (Department of History of Art). It aims to analyse in greater detail the spaces of the transept and to explore their relation(s) with the choir/heart of the church. This two-day international and interdisciplinary symposium will work towards bringing together and assessing the results, often dispersed, of past and present research, building upon debates involving specialists from multiple backgrounds and finishing with a round table which will propose a summary of the papers and explore further insights into new research directions.
Project
The studies of Carol Heitz on Carolingian westworks have shown that this specific space, the upper level of which communicates with the nave through large tribunes, used to have a liturgical function, generally associated with the feast of Easter. Similarily, from the second quarter of the 10th Century onwards, the Gorze and Fleury reform initiated liturgical innovations necessitating the reconstruction or transformation of churches, which entailed rearranging or enlarging chapels at the eastern or western part of the building.
The fact that, in the reformed churches, these renovated liturgical spaces opened on the nave or the choir from a tribune, allowed for some categories of celebrations – the nature of which is not always clearly identified – to provide the occasion for part of the choir monks to stand in these upper levels and respond by their singing to the rest of the community gathered lower down. This architectural typology was shared by many monastic churches as well as cathedral churches in the wake of the reform, without being ubiquitous: for example, clunisian churches usually lacked tribunes overlooking the transept.
As to the upper levels of the transept, their function is not necessarily cultual (e.g. Cuxà), and if they sometimes communicate with the rest of the church (e.g. Saint-Chef), they are also likely to remain separate (Aoste). In some cases, where these upper levels are especially elaborate and open (e.g. Bayeux), the possibility of their use by the laity for a show of power cannot be discarded.
Throughout the High Middle Ages, the development of the East end of churches – enlarged choir with long transepts and a flowering of lateral chapels, sometimes with matching upper level – coincides with the partial or total abandonment of the West end. Occasionally, as at Saint-Remi of Reims or at the cathedral of Rouen, the East even assumes some of the functions devolved to the West. This reflects a process of hyper-sacralisation of the East end of the church, which was already noticeable in the 10th Century but was encouraged to grow under the Gregorian Reform, because it allowed a unification of the ecclesial space, a valorisation of the eucharistic celebration by concentrating the liturgy around the main altar, as well as a more distinct spatial separation of clergy and laity. A rood screen separates the celebrants in the choir from the assembly in the nave. A barrier or differences in levels may prolong, in the transepts, the limit of the area reserved for the clergy.
In a similar way to the architecture and the liturgy, the painted and/or sculpted decoration of the church reinforces the axial West-East dynamic across the ecclesiastical building, and serves to showcase the most sacred parts of the building: the richly decorated East frequently offers a contrast to the nakedness of the nave. At the same time, the decorative elements of the transept may function as the revealing agent for other paths of circulation, for example a transversal pathway uniting both ends of the transept (e.g. Château-Gontier).
In this spirit, we would like to interrogate the manner in which the transept and its upper levels contribute to the valorisation of the sanctuary, valorisation which can be made apparent by the visual effects of the decor as well as by the sound of singing from the upper levels, and which is embodied in the architecture of the tribunes for all to see.
Frame and directions of research
Papers should deal with the origins of this phenomenon in the Carolingian period and its development throughout the High Middle Ages. No geographical limits have been set for this international conference: if upper levels in the transept appear more frequently in some areas than in others, their absence in some contexts or locations may also be a source of interest.
In order to ensure an interdisciplinary dimension to this conference, we appeal to every domain of Medieval studies: historians, art historians, specialists of liturgy, construction specialists, archæologists, musicologists, etc., are invited to contribute to a better understanding of the function of tribunes, and of the modalities of interaction between central liturgical spaces, peripherical spaces and the ecclesial building.
Papers may deal with this central topic following a wide range of approaches, which may belong, but are not limited, to the following:
- Typology of building rearrangements in the space of the transept
- Place of the laity and the clergy in the use of the transept and its upper levels
- Customary liturgy and ceremonies associated with these spaces
- Consequences of reform(s) and of their specific liturgy on the architecture of churches
- Role of the decor in revealing the function of these spaces
- Decor, ritual and sound as performative factors involved in the defining of relations between spaces within the church on the one hand, and of relations between the coexisting communities, the observing and the observed, on the other hand.
Practical details for paper proposal
Proposals are for 20-minute papers and should not exceed 300 words, either in French or English. They will be accompanied by a short curriculum vitæ. Both documents should be sent jointly to barbara.franze@unil.ch and nathalie.leluel@uco.frbefore the 15th of December 2014.
The conference will take place at the University of Lausanne on Monday, the 20th of April and Tuesday, the 21st of April 2015.
Results of the CFP will be announced on the 19th of January 2015 at the latest.
Scientific committee
Barbara Franzé, University of Lausanne (Switzerland)
Nathalie Le Luel, Catholic University of Angers (France)
Leave a Reply
You must be logged in to post a comment.