Appel à communication : « Les dieux dans la ville. Approches du paysage religieux urbain et suburbain en Occident (Ie-VIe siècle ap. J.-C.) »

La Casa de Velázquez et l’Institut archéologique allemand de Madrid organisent la septième édition de leur atelier de formation pour jeunes chercheurs du 17 au 21 juin 2013, à Madrid, coordonnée cette année par Bertrand Goffaux, Dirce Marzoli et Fedor Schlimbach. Les travaux porteront cette année sur le paysage religieux urbain et suburbain en Occident, entre le Ie et le VIe siècle ap. J.-C.

Dans la construction de leurs rapports avec le monde divin, les hommes ont de tout temps cherché à délimiter des espaces et à leur assigner des statuts divers en relation avec leur propre conception du sacré. Ces procédures sont aussi bien visibles en milieu rural qu’en milieu urbain ; néanmoins sous la domination romaine, l’Occident connut un vaste mouvement d’urbanisation qui transforma profondément le rapport des hommes avec leurs territoires, ce qui ne fut pas sans conséquence sur le paysage religieux.

Un tel cadre urbain n’allait pas de soi, et fut le résultat de complexes négociations entre des acteurs ne partageant pas nécessairement la même conception du sacré. Il connut d’autre part d’importantes mutations au cours des premiers siècles de son existence, qui peuvent refléter des changements politiques, sociaux, culturels ou religieux. De ce point de vue, la topographie des lieux du sacré offre un champ d’analyse particulièrement stimulant pour appréhender les continuités et les innovations qui ont accompagné les processus de transformation des sociétés occidentales, et ce dans deux directions :

  • D’une part, l’organisation progressive d’un empire structuré autour d’un réseau de cités articulant centre urbain et territoire rural eut un impact certain sur les procédures de contrôle exercé par le pouvoir sur la religion. C’est ainsi que s’est développé le modèle de la religion civique, ou « polis religion », qui associe étroitement les dieux à la vie institutionnelle des cités, et implique que les actes rituels soient exercés publiquement, dans des sanctuaires occupant des lieux bien en vue de l’espace urbain ou suburbain. Mais jusqu’à quel point ce modèle, souvent associé à la « romanisation », peut-il être appliqué dans les différentes régions de l’Occident romain, et quelle a été sa traduction spatiale concrète ? Les lieux du sacré se concentrent-ils dans le centre civique, ou se répartissent-ils en d’autres secteurs de l’espace urbain et suburbain ? Peut-on reconnaître des itinéraires rituels et percevoir le cheminement d’éventuelles processions ? Et quelle place attribuer aux cultes qui ne rentraient pas dans les sacra publica, mais relevaient de la religion privée ?
  • D’autre part, le large cadre spatio-temporel sur lequel portera la réflexion impose de s’interroger sur un autre processus qui marqua les cités de l’Occident romain durant cette période, à savoir le passage d’une religion civique, extériorisée, qui voit chacun participer en vertu de sa qualité de citoyen, à une religion communautaire, où la dévotion résulte jusqu’à un certain point d’un choix d’adhésion individuel. Ce phénomène, qu’on ne peut réduire à la seule christianisation, n’a pu manquer de se transcrire dans l’espace urbain et suburbain. Où se trouvaient les différents lieux de culte ? Les cohabitations religieuses sont-elles perceptibles dans l’espace ? Peut-on reconnaître des signes de réappropriation religieuse ou de nouvelles consécrations de temples ?

À toutes ces questions, la documentation archéologique, utilement associée aux autres sources, qu’elles soient littéraires, iconographiques ou épigraphiques, permet d’apporter des réponses diverses et contrastées, et c’est dans cet esprit que se tiendra cet atelier doctoral ouvert à tous les doctorants dont les travaux participent des problématiques exposées dans ces lignes.

Conditions de soumission

Les participants doivent être en cours de rédaction d’une thèse de doctorat ou bien l’avoir récemment achevée.

Le formulaire d’inscription est consultable en ligne ; il comprend, outre les données d’identification, des champs pour le titre de la thèse, l’université de rattachement, ou le directeur de thèse. Un champ plus vaste, limité à 10 000 caractères, demande une description du sujet de thèse. D’autres champs renvoient à l’expérience en matière de fouilles archéologiques, ou à la participation à des formations doctorales.

La date limite de soumission des candidatures est le 8 avril.

Modalités de sélection

La sélection des candidats se fera sur la pertinence du dossier de recherche par rapport à la thématique retenue pour l’atelier, et sur la qualité des propositions.

Elle sera opérée par les coordinateurs de l’atelier :

  • Bertrand Goffaux (Université de Poitiers)
  • Dirce Marzoli (DAI Madrid)
  • Fedor Schlimbach (DAI Madrid)

La Casa de Velázquez et l’Institut archéologique allemand sélectionneront seize dossiers.

Modalités pratiques

L’atelier doctoral aura lieu du 17 au 21 juin à Madrid. Des conférences prononcées par des spécialistes du sujet (Pedro Mateos Cruz, Sabine Panzram, Jorg Rüpke, William Van Andringa et Greg Woolf) seront suivies de la présentation par les doctorants de leurs propres travaux de recherche, assortie d’une réflexion sur la méthode mise en œuvre. Sont aussi prévues des séances de travail en groupe.

Pour les questions d’ordre scientifique, contactez : Bertrand Goffaux – bertrand.goffaux@univ-poitiers.fr

Pour des demandes administratives : ehehi@casadevelazquez.org

 

Contact :

Bertrand Goffaux
courriel : bertrand [dot] goffaux [at] univ-poitiers [dot] fr

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