Appel à communication : « L’image de dévotion, un concept à déconstruire ? Approches historiographiques des images dévotionnelles en Europe (14e-18e siecles) » (Louvain-la-Neuve, 27-28 novembre 2025)

Appel à communication : « L’image de dévotion, un concept à déconstruire ? Approches historiographiques des images dévotionnelles en Europe (14e-18e siecles). » (Louvain-la-Neuve, GEMCA, 27-28 novembre 2025)

Journées d’étude du groupe « Essais de terminologie(s). Images, littérature, spiritualité » du GEMCA.

Regroupant des chercheurs et chercheuses issu·es de diverses disciplines, le groupe de travail « Essais de terminologie(s). Images, littérature, spiritualité » initié au GEMCA en 2022 s’est donné pour but de questionner collectivement nos usages des termes relatifs aux usages des images et de la littérature dans le champ de la spiritualité entre le bas Moyen Âge et la Première Modernité : images de dévotion, images pieuses, manuels de dévotion, traités spirituels, dévotion, méditation, contemplation, piété, prière, expérience visionnaire, mystique, apparitions etc.

Nous sommes parti·es du constat que nos usages de ces termes varient, parfois fortement, d’une discipline à l’autre et selon les traditions historiographiques. Ainsi, selon la période, la région géographique ou le corpus considéré, on observe fréquemment l’utilisation de termes différents pour caractériser des pratiques et des objets similaires. Par ailleurs, il n’est pas rare d’observer un certain flottement dans le vocabulaire utilisé pour déterminer les images, les textes et leurs usages au sein d’un vaste ensemble de pratiques spirituelles. Nous nous interrogeons donc collectivement sur nos usages de ces vocabulaires afin de définir plus précisément nos objets de recherche et d’en proposer des appellations mieux informées. Cette exploration se fonde sur deux grands types de corpus, que nous veillons à croiser : la littérature secondaire et les sources primaires.

Dans le cadre de ces journées d’étude, qui s’adressent à des personnes issues de divers horizons disciplinaires, nous souhaitons élargir notre travail commun et notre réseau, en nous focalisant sur la notion d’« image de dévotion » ou image dévotionnelle (devotional image, Andachstbild) et les pratiques qui lui sont liées (dévotion, piété, prière, méditation…). À partir d’approches et de corpus variés (tant du point de vue géographique que chronologique), les journées d’étude visent à interroger collectivement le concept générique d’image de dévotion dans une perspective à la fois historiographique, épistémologique et terminologique.

Un tel questionnement est permis par un constat : quel que soit le champ disciplinaire ou la tradition historiographique, aucun consensus terminologique n’existe pour désigner et définir précisément les usages des images dans le domaine que l’on qualifie habituellement de « dévotionnel ». Cette absence de consensus, qui constitue une richesse interprétative, reflète l’absence, dans les sources primaires, d’un vocabulaire stable et entériné au fil des siècles pour évoquer ces interactions avec les images. La diversité géographique ainsi que la plasticité des langues – et plus, largement, du langage, qui peine à décrire des phénomènes spirituels de l’ordre de l’indicible – a donné lieu à une pluralité de termes, de définitions et surtout d’usages lexicaux. À ces remarques historiques s’ajoute la nécessaire variété des contextes intellectuels, parfois idéologiques voire politiques, plus largement linguistiques et géographiques, au sein desquels les chercheurs et chercheuses produisent du savoir, sélectionnent leurs corpus et établissent des terminologies.

Les journées d’étude considèreront l’absence de consensus terminologique comme un point de départ et non comme un constat à renforcer par des études de cas. Elles reposent sur deux dynamiques complémentaires : porter un regard critique sur l’historiographie tout en examinant les terminologies que nourrit voire produit l’actualité de la recherche. Nous souhaitons donc examiner nos appropriations de lexiques et de notions à partir de leurs usages historiques, ainsi que leurs variations historiographiques – d’une personne à l’autre ou au fil de la production scientifique d’un·e seul·e. Pour ce faire, on s’interrogera notamment sur les critères typologiques qui permettent de définir les images et les pratiques dites dévotionnelles, de la réception de l’Andachtsbild de Panofsky à l’histoire de l’image religieuse discutée collectivement sous la direction de Philippe Martin, en passant par les « enjeux et problèmes » de l’« image de religion » d’Olivier Christin et les « devotional images and imaginative devotions » de Sixten Ringbom, ou en considérant, par exemple, les liens entre textes, pratiques et images matérielles et mentales ou l’« image dévote » de Daniel Arasse, pour ne citer que quelques précédents fameux.

Par conséquent, les journées engageront des discussions relevant autant de l’histoire des images que de l’historiographie. D’une part, à titre indicatif, dans le champ des pratiques dévotionnelles, est-il plus pertinent de définir l’image ou les usages que l’on en fait ? Quel(s) terme(s) privilégier pour désigner les images impliquées dans ces pratiques ? En quoi l’idée d’une dévotion devant l’image se distingue-telle de celle d’un culte des images ? D’une méditation devant l’image ? Quel rôle l’orthopraxie (à une règle, un texte à visée spirituelle, des codes liturgiques, des injonctions implicites ou explicites exprimées par des images) joue-t-elle dans la nature et/ou l’usage dévotionnel d’une image ? D’autre part, toujours à titre indicatif, comment faire l’histoire de cette nature et/ou de ces pratiques ? En quoi des usages historiographiques de certaines terminologies possèdent-ils une valeur heuristique, lorsqu’ils sont appliqués à des corpus de la recherche actuelle ? Ces usages historiographiques permettent-ils aujourd’hui de constituer des corpus ? Au-delà, en quoi certaines historiographies et épistémologies, qui, a priori, ne concernent pas les images dites dévotionnelles, fournissent-elles des notions pertinentes à même de stimuler nos discours et nos catégories ?

Informations pratiques
Les journées d’étude se tiendront à l’UCLouvain (Louvain-la-Neuve, Belgique) les 27 et 28 novembre 2025. Elle sera composée de séances lors desquelles seront présentées des communications (25-30 minutes) et interviendra ensuite un·e répondant·e de notre groupe de travail. Les intervenant·es seront invité·es à envoyer quelques jours au préalable un document de travail ou un extrait des sources étudiées, afin de stimuler les échanges pendant les sessions. Les propositions de communication (en français ou en anglais), d’une longueur de max. 1000 mots et accompagnées d’une brève biographie, peuvent être transmises avant le 15 mars à ingrid.falque@uclouvain.be.

Source : GEMCA

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