L’ambition de cette journée d’étude est d’aborder l’impressionnisme en fonction des grandes idées de son temps, d’interroger son insertion dans le contexte intellectuel – scientifique et philosophique, mais aussi politique et religieux – de la France de la seconde moitié du XIXe siècle, afin de mieux comprendre et « situer » la pensée de ses membres.
Si ce contexte a fait l’objet de nombreuses études, celles-ci ont presque toujours été menées par rapport aux seules œuvres des impressionnistes, et non par rapport à leur pensée. En effet, aujourd’hui encore, poser la question de la pensée impressionniste, c’est peu ou prou se confronter à une inconnue. Y a-t-il une pensée impressionniste ? L’impressionnisme « pense »-t-il ? Le temps paraît venu d’y consacrer une attention particulière.
Il ne s’agira pas de rejouer une histoire des mentalités, déjà bien traitée par ailleurs, mais de réfléchir au rôle qu’ont pu jouer les impressionnistes non seulement en tant qu’auteurs d’une œuvre picturale novatrice, mais en tant qu’individus et citoyens, membres à part entière d’une société donnée, avec ses aspirations, ses obsessions, ses rêves ou ses hantises.
Quels liens ces peintres ont-ils pu tisser, directement ou indirectement, avec les grands domaines de la pensée et avec ceux de leurs contemporains ayant porté et défendu ces idées qui ont fait leur époque ? Dans quelle mesure ces liens ont-ils eu une incidence sur leur peinture ? Quelles réflexions y décèle-t-on ? Et comment les concepts (la nature, le temps, la modernité…) y sont-ils articulés ?
Interroger les relations des impressionnistes avec les intellectuels de leur siècle invite à s’intéresser de près à toutes les personnalités qu’ils ont côtoyées et aux idées qui ont alors été débattues (dans les salons, lors de dîners, ou bien encore au café), développées (en littérature ou dans la presse), ou encore promues (par l’action politique, notamment).
Sans nul doute, un réexamen sous l’angle bien spécifique de ce rapport aux idées fournira son lot de surprises et de découvertes. Des travaux récents et cependant à poursuivre en témoignent déjà. L’étude attentive des correspondances des peintres, encore imparfaitement connues (ainsi celles de Renoir, Degas, Morisot, Caillebotte, qui ne sont que partiellement éditées), des livres ou des publications qu’ils ont pu lire (tâche que s’est fixée le projet « Bibliothèques d’artistes »[1]), tout comme le recensement et la connaissance des spectacles qu’ils ont pu voir, que ce soit à l’Opéra, au théâtre ou au café-concert – toutes ces recherches ouvrent de nouvelles et fécondes perspectives, tandis que d’autres axes similaires restent à définir et à explorer.
Forte de ce programme, cette journée entend donc approfondir la connaissance de la pensée des artistes impressionnistes, espérant apporter par là même un éclairage nouveau sur la place et le rôle des idées au sein de leur mouvement.
[1] Projet créé par le Labex « Les Passés dans le Présent » de l’Université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense.
Voici quelques axes susceptibles de guider les propositions de communication. Ils constituent des pistes de recherche, et non le programme de la journée d’étude qui sera établi en fonction des propositions retenues.
- Les impressionnistes en société
Une fois sortis de l’atelier ou de l’espace strictement familial, les impressionnistes réintègrent pleinement la société. Quelles sont alors leurs fréquentations ? Qui rencontrent-ils ? Dans quel cadre ? Et quelles en sont les répercussions ?
- Impressionnisme et littérature
Amis d’écrivains rares et de critiques prolifiques, les impressionnistes sont-ils pour autant de grands lecteurs ? Que disent de leur art ou de leur tempérament leurs affinités littéraires ? Sont-ils sensibles aux éventuelles correspondances littérature/peinture ? Sont-ils aussi des lecteurs de revues ou de périodiques ? Et si oui, que nous apprennent ces publications de leur rapport à l’information, au savoir ?
- Impressionnisme et philosophie
L’impressionnisme peut-il être rapproché de philosophies ou de pensées qui lui sont contemporaines, que celles-ci soient des développements autour des notions de mouvement ou de temps, ou bien des réflexions sur la modernité (sociologie) ou sur la nature (écologie) ?
- Impressionnisme et science
On a tendance à présenter le néo-impressionnisme comme l’alliance nouvelle de l’impressionnisme avec la science. Mais les impressionnistes se sont-ils vraiment désintéressés des recherches et des découvertes scientifiques ?
- Impressionnisme et politique
Guerre franco-prussienne, siège de Paris, Commune, nouvelle République, conquêtes coloniales, Affaire Boulanger, attentats anarchistes, scandale de Panama, Affaire Dreyfus… : les événements ne manquent pas pour prendre position. Pourtant, on sait toujours bien peu de choses sur les convictions des impressionnistes.
- Impressionnisme et spiritualité
Les impressionnistes ne sont guère connus pour avoir été de fidèles croyants (la religion semble même ne les avoir jamais intéressés), mais sont-ils pour autant athées ? Et si Dieu est absent, ont-ils définitivement abandonné toute croyance ?
Les propositions de communication (environ 300 mots), accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique, sont à envoyer à limpressionnismefaceauxidees@gmail.com avant le 15 janvier 2018.
La journée d’étude aura lieu le jeudi 26 avril 2018 à l’INHA.
Avec le soutien du Centre Chastel
Organisateurs :
Brice Ameille, Ater à Paris-Sorbonne
Adrien Goetz, Maître de conférences à Paris-Sorbonne
Comité scientifique :
Brice Ameille, Ater à Paris-Sorbonne
Adrien Goetz, Maître de conférences à Paris-Sorbonne
Marine Kisiel, Conservatrice peinture au Musée d’Orsay
Paul Perrin, Conservateur peinture au Musée d’Orsay
Institut national d’histoire de l’art
Galerie Colbert ; 2, rue Vivienne 75002 Paris
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