Journée d’étude organisée par le Comité scientifique sur les lits de la Renaissance et du XVIIe siècle, le musée national de la Renaissance, le Centre des Monuments Nationaux et l’École du Louvre
Le mardi 20 février 2018
à l’Ecole du Louvre, amphithéâtre Dürer
Les lits trônent dans les chambres ; ils en sont la définition ultime. Aux yeux du public, pas de chambre sans lit – et sans chambre, pas de maison. Aucun visiteur, ancien ou contemporain, n’imagine quitter Versailles sans avoir vu le lit du roi, comme au Louvre la Joconde. La multiplication au XIXe siècle des chambres de François Ier ou de Henri IV – et d’autant de lits supposés – dans les châteaux de province relève de la même curiosité pour un meuble qui évoque la « grande histoire » et l’intimité du souverain. Le meuble concentre en lui l’idée de la maison et du pouvoir.
À l’inverse, clos de rideaux, le lit de l’époque moderne devient lui-même une chambre selon la définition de Michèle Perrot : une boîte dans la boîte, l’espace intime par excellence. Ce microcosme protecteur est le support privilégié du rêve et le moyen de voyager sans entraves dans le temps et l’espace comme chez Proust. Il devient plus qu’un simple meuble.
L’Europe de l’époque moderne a été le cadre idéal à l’expression de cette dichotomie entre intériorité et universalité et les lits stigmatisent sans doute le mieux ce conflit emblématique du temps. C’est probablement pour ces raisons qu’ils sont souvent les meubles les mieux documentés. Leur importance physique et symbolique leur a généralement réservé l’attention des notaires, des chargés d’inventaire, des dessinateurs, etc.
Malheureusement, leur conservation aujourd’hui ne reflète pas cette prééminence.
Leur disparition tient à une autre dualité, structurelle celle-là. Fondamentalement double, le lit est une œuvre de bois et de tissus. Si le premier se conserve, les seconds – qui en faisaient toute la valeur – ont souvent disparu. Force est de constater qu’en France, aucun lit complet dans son état d’origine n’est identifié avec certitude avant le XVIIIe siècle… Toutefois, en Angleterre ou en Suède de nombreux lits anciens ont été préservés. Les conditions de conservation ne sont donc pas les seules responsables de cette disparition. Cette disparition reflète donc aussi une volonté de changements, aussi bien en termes de mode que d’histoire.
Le spectacle du lit, par son statut de plus grand meuble de la pièce et par sa grande qualité textile ou sculpturale, le rend indispensable à toute chambre muséale. Il est le support idéal à la fois d’une histoire des styles et d’une histoire des hommes. Les ambitions des conservateurs sont donc importantes sur ce sujet.
Cette journée d’étude a pour objectif d’éclairer les projets actuels et futurs des institutions culturelles. Elle ambitionne de faire à la fois le point sur les connaissances de ces meubles et d’explorer les pratiques de conservation et de restauration des grands lits européens de la fin du XVe au XVIIIe siècle.
Les propositions sont susceptibles de concerner tous les champs de l’histoire, de l’histoire de l’art, l’histoire sociale et de l’histoire des techniques relatifs aux grands lits européens de la fin du Moyen Âge au XVIIIe siècle. Elles seront regroupées autour de trois axes de réflexion : entre études des sources, études de cas particuliers et réflexions sur la place du lit – physiquement et symboliquement.
Dans le premier domaine, sont particulièrement attendus des travaux sur les questions de vocabulaire, sur l’identification des sources archivistiques (dans l’objectif d’établir un corpus de référence, consultable par tous) et sur les modèles.
Dans l’objectif d’un inventaire documentaire des lits conservés, seront bienvenues les études de cas spécifiques faisant état des recherches documentaires et scientifiques sur l’existant et exposant la démarche de restauration / restitution en vue de l’exposition au public. Ces études peuvent concerner un lit en entier (bois + couché + garniture) ou une partie de celui-ci (étude spécifique des étoffes, de la sculpture, etc.).
Enfin, cette journée vise à proposer de nouvelles contributions sur les usages de ce meuble dans la chambre – en complément des travaux déjà réalisés sur les châteaux de la Renaissance en France. Sous ce thème, on retiendra aussi la place symbolique du lit, aussi bien dans la société de cour que comme objet représenté dans les œuvres d’art.
Modalités pratiques :
Les communications auront une durée de 20 mn chacune, suivie d’une discussion de 10 mn. Elles pourront être faites en français ou en anglais.
Les propositions de 2500 signes maximum (espaces compris) en français ou en anglais, sont à envoyer à Muriel Barbier (muriel.barbier@culture.gouv.fr), Magali Bélime-Droguet (magali.belime-droguet@monuments-nationaux.fr) et Nicolas Courtin (nicolas.courtin@paris.fr) avant le 15 octobre 2017. Elles seront accompagné d’un curriculum vitae court indiquant la formation, les fonctions exercées (passées et actuelles) et les principales publications.
Coordination scientifique :
- Muriel Barbier, conservateur du patrimoine chargée des collections mobilier, textile et cuir au musée national de la Renaissance-château d’Ecouen
- Magali Bélime-Droguet, docteur en histoire de l’art, référent collections, Centre des Monuments Nationaux
- Nicolas Courtin, docteur en histoire de l’art, chargé des fonds figurés, Archives de Paris
Comité scientifique :
- Muriel Barbier, conservateur du patrimoine chargée des collections mobilier, textile et cuir au musée national de la Renaissance-château d’Ecouen
- Magali Bélime-Droguet, docteur en histoire de l’art, référent collections, Centre des Monuments Nationaux
- Agnès Bos, conservateur du patrimoine en disponibilité
- Nicolas Courtin, docteur en histoire de l’art, chargé des fonds figurés, Archives de Paris
- Danièle Véron-Denise, conservateur en chef honoraire
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