Appel à communication: « Mobilités artistiques à l’époque moderne : XVIIe et XVIIIe siècles » (DFK Paris – Université Grenoble Alpes/LARHRA)

Mobilités artistiques à l’époque moderne : XVIIe et XVIIIe siècles

Colloque international coorganisé par le DFK Paris et l’Université Grenoble Alpes/LARHRA

Lieu : Centre allemand d’histoire de l’art (DFK Paris), Paris, France

Date : 27 et 28 octobre 2022

Contact : marlen.schneider@univ-grenoble-alpes.fr

Le spatial turn a fortement impacté la manière de penser certains phénomènes artistiques. Il a entre autres permis une réévaluation d’une géographie de l’art, qu’il convenait toutefois d’actualiser et de nuancer : Thomas DaCosta Kaufmann et beaucoup d’autres ont exposé les possibilités pour l’histoire de l’art qu’offre une « nouvelle géographie », qui met notamment en cause des concepts géographiques anciens de l’espace comme quelque chose de stable, immuable et constant. Au contraire, en juxtaposant la dimension spatiale de l’art – la géographie – et sa dimension temporelle – l’histoire – les délimitations que nous pouvons établir entre différents espaces culturels, politiques, voire nationaux, s’avèrent en mouvement, en évolution dynamique continue. La question de l’identité se pose, des caractéristiques et délimitations spatiales d’une école, d’un style etc. qui ont été forgées dans un certain contexte local, comme une ville, une cour, ou un pays, auquel s’ajoutent les multiples inspirations venues d’autres espaces au fil du temps, par le biais de la circulation des idées, des objets et des personnes.

Afin de mieux comprendre cette complexité spatiale de la production artistique à l’époque moderne, il convient d’étudier de près les mécanismes et enjeux d’un de ses moteurs principaux : la mobilité artistique, qui comprend la circulation des objets tout comme celle des personnes. Alors que plusieurs études récentes portant sur le marché de l’art et des pratiques de collections ont éclairé certains aspects de la mobilité des objets à l’échelle internationale, voire globale, celle des artistes n’a pas encore fait l’objet d’une étude systématique et synthétique pour les XVIIe et XVIIIe siècles. La recherche récente s’est intéressée à certains phénomènes, contextes géographiques et groupes d’artistes spécifiques, comme la mobilité des artistes depuis ou vers les Pays-Bas, le voyage en Italie, la Schildersbent à Rome, l’exile des artistes suite à la Révolution française, ou bien le Refuge huguenot des artistes et artisans au Royaume-Uni.

L’objectif du colloque est de croiser ces différents regards qui ont été portés sur la mobilité artistique, d’un point de vue géographique et thématique, et de les élargir, afin d’en dégager les mécanismes générales, spécificités locales et problèmes méthodologiques transversaux : Comment l’étude de la mobilité des artistes à l’époque moderne nous permet-elle de façonner la cartographie de l’art autrement ? Etudier la mobilité des artistes met en question nos critères de classement et d’attribution d’une identité géographique et culturelle aux acteurs et objets artistiques. Les déplacements des artistes, leurs parcours entre différents pays et centres culturels, nécessitent de penser en de nouveaux termes : au lieu d’une seule identité nationale, le concept d’identités multiples – déjà très discuté pour la période contemporaine – pourrait être utile. Dans certains cas, il est aussi question d’identités « déracinées », qui peuvent aller de pair avec une intégration et adaptation compliquées dans les nouveaux lieux d’activité. Comment établir alors des grilles de lecture qui prennent en compte ces identités multiples et hybrides qui résultent d’un parcours et d’une pratique artistique « transfrontaliers » ?

Nous invitons à soumettre des propositions qui s’inscrivent dans ces questionnements à travers des études de cas, pouvant aller du parcours individuel d’un seul artiste aux véritables mouvements de groupe, au sein d’un même pays, en Europe, ou bien à l’échelle globale. Les différents motifs pour les déplacements des artistes seront interrogés – formation, exploitation d’un nouveau marché, migration politique –, tout comme l’impact de ces circulations sur les carrières et la production des artistes. Il s’agit de contribuer à l’histoire sociale des artistes à l’époque moderne et de mieux connaître les conditions pratiques de cette mobilité avant 1800, alors que les moyens de transport et de communication, les structures politiques et sociétales posèrent un cadre parfois difficile et contraignant aux artistes en déplacement. Le colloque sera aussi l’occasion de discuter de l’apport des humanités numériques pour l’analyse et la visualisation des parcours, des étapes et des réseaux des artistes mobiles. Un enjeu particulier de l’étude de la mobilité artistique est enfin de faire connaître des personnages encore méconnus : trop souvent les artistes en mouvement ne figurent pas dans les récits historiographiques, ils échappent aux catégories de classement traditionnelles et n’ont que peu de visibilité. Certaines hiérarchies établies de l’histoire de l’art peuvent alors être mises en question, celles liées à une cartographie figée de l’art, mais aussi celles qui distingue encore entre art et artisanat, entre artistes canoniques et acteurs marginalisés.

 

Date limite pour les propositions : 30 avril 2022

Les propositions (800 mots max.) pour une intervention d’environ 20 minutes (en français ou anglais) doivent être envoyées à l’adresse suivante, accompagnées d’un CV court : marlen.schneider@univ-grenoble-alpes.fr

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