Appel à communication : « Modernités. Concepts, contextes, circulations » / Académie transrégionale (São Paulo, juillet 2016)

tarsila_1933_operariosLe Forum Transregionale Studien à Berlin et le Centre allemand d’histoire de l’art, Paris (DFK, appartenant à la Fondation Max Weber – Instituts allemands de sciences humaines à l’étranger) invitent doctorant(e)s et postdoctorant(e)s en histoire de l’art et dans les disciplines connexes à poser leur candidature à l’Académie transrégionale qui se tiendra à São Paulo autour de la question du moderne et de la modernité. L’Académie se déroulera du 17 au 24 juillet 2016 à l’Universidade Federal de São Paulo (Unifesp) et au Museu de Arte Contemporânea da Universidade de São Paulo (MAC-USP) et s’achèvera le 23 juillet par un colloque public.

Date limite pour le dépôt des candidatures : 28 novembre 2015

Le Forum Transregionale Studien à Berlin et le Centre allemand d’histoire de l’art, Paris (DFK, appartenant à la Fondation Max Weber – Instituts allemands de sciences humaines à l’étranger) invitent doctorant(e)s et postdoctorant(e)s en histoire de l’art et dans les disciplines connexes à poser leur candidature à l’Académie transrégionale qui se tiendra à São Paulo autour de la question du moderne et de la modernité. L’Académie se déroulera du 17 au 24 juillet 2016 à l’Universidade Federal de São Paulo (Unifesp) et au Museu de Arte Contemporânea da Universidade de São Paulo (MAC-USP) et s’achèvera le 23 juillet par un colloque public. Cette  Académie s’inscrit dans le cadre de deux programmes de recherche : « Circulation et multi-pôles. Réseaux transrégionaux dans les échanges entre l’Amérique latine et l’Europe » au Centre allemand d’histoire de l’art, Paris, et « Global Modernisms » au Forum Transregionale Studien, Berlin. Elle est organisée en étroite collaboration avec le réseau des historiens et historiennes de l’art des universités et des musées d’Amérique latine.

L’Académie se donne pour objectif de permettre un échange supranational et suprarégional sur les diverses conceptions et variantes du moderne et de la modernité. Dans une telle perspective transrégionale, il s’agira de juxtaposer les débats sur la modernité dans les pays latino-américains aux discussions similaires conduites en Afrique, en Asie, en Europe et en Amérique du Nord, et de les inscrire dans un cadre global. Se poseront dès lors des questions d’appropriation et de délimitation, de révision et de traduction de certains processus et évolutions qui ont eu des incidences sur des termes comme art colonial, indépendance, originalité, primitivisme ou construction nationale.

Des notions comme celles de modernité, d’avant-garde et d’époque moderne sont non seulement employées à tout va dans les publications et les manifestations de vulgarisation scientifique : dans le discours intellectuel et universitaire aussi, ces termes sont souvent utilisés comme de « faux amis », précisément afin de tenir lieu, dans le cadre d’une « histoire globale de l’art » en train de se constituer, de socle de compréhension minimal. Cela est d’autant plus vrai lorsque l’on s’intéresse à certaines perspectives historiographiques suggérant qu’il existe une base épistémologique et de définition commune sur laquelle il serait possible d’élaborer un discours global. À l’inverse, des ébauches de modernités plurielles, multiples ou concurrentes (« multiple modernities ») ont permis de nouvelles approches théoriques et fait lever de nouvelles questions. Elles invitent à analyser le long déploiement obligé du moderne et de l’antimoderne, de la modernité réactionnaire ou conservatrice, voire des modernités alternatives, dans une perspective transrégionale et donc transculturelle. La première tâche consisterait dès lors à remettre en question les termes eux-mêmes (moderne, modernité, avant-garde), en examinant leur ancrage historiographique dans leurs contextes culturels et historiques respectifs et en reconsidérant les accents qui leur ont été apposés dans l’espace et dans le temps.

L’Académie transrégionale est placée sous l’égide d’un groupe de scientifiques : Thomas Kirchner (DFK, Paris), Lena Bader (DFK, Paris), Margit Kern (Universität Hamburg), Hannah Baader (Kunsthistorisches Institut in Florenz/Max-Planck-Institut/Art Histories and Aesthetic Practices, Berlin), Patrick Flores (University of the Philippines, Manila), Thierry Dufrêne (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), Anne Lafont (Institut national d’histoire de l’art, Paris, INHA), Jens Baumgarten (Unifesp, São Paulo), Ana Gonçalves Magalhães (MAC-USP, São Paulo, USP), Gabriela Siracusano (Universidad Nacional de Tres de Febrero, UNTREF, Buenos Aires) et Diana Wechsler (Museo de la Universidad Nacional de Tres de Febrero – UNTREF, Buenos Aires). Les uns et les autres sont engagés, en qualité d’experts, dans des projets de recherche et des réseaux qui se consacrent aux questions de la transculturalité et/ou de la modernité dans différentes régions du monde.

Plutôt que de nous contenter de décrire les différentes tendances artistiques et de les opposer les unes aux autres, nous entendons analyser les divers processus culturels de création, les diverses stratégies d’appropriation et les diverses modalités de traduction et de comparaison dans une perspective transrégionale et transculturelle. On débattra à ce titre des champs thématiques suivants : concepts et discours, histoire et tradition, art et politique, centre et périphérie, public et vulgarisation, institutions, mobilité, médias, mythes. Seront également prises en considération les voies de transmission au sein de l’Amérique latine et entre l’Amérique latine et les autres régions du monde.

Concepts et discours

Si le moderne ou la modernité est une notion clé dans l’analyse des processus de mobilité interculturels, doit-on l’entendre comme un phénomène global ou un concept universel, ou faut-il au contraire ne la penser qu’au pluriel, pour l’interroger en ayant toujours à l’esprit les différents contextes historiques et culturels en question ? Selon la modernité singulière à laquelle on s’intéresse, ce sont à chaque fois d’autres accents temporels, spatiaux et même personnels qui sont posés. Il s’agira donc, dans une perspective transrégionale et transculturelle, de se pencher sur cette diversité conceptuelle et lexicale et de l’analyser par le biais de l’historiographie aussi bien que par celui de l’analyse du discours et de la critique d’art.

Histoire et tradition

En tant qu’objet défini dans le temps, (le discours sur) la modernité ou le moderne tire son effectivité d’un rapport complexe à l’histoire et à la tradition. Une simple opposition tradition/modernité ne saurait rendre compte de l’action conjuguée de l’appropriation et du rejet de développements et processus antérieurs. Certains modèles alternatifs de la théorie historique pourront nous aider au contraire à étudier le continuum historique où passé, présent et futur sont indissociablement enchevêtrés.

La modernité et ses implications politiques

C’est en particulier lorsque l’on se penche sur le processus de construction nationale, la montée des régimes nationalistes et totalitaires et les phénomènes qui y sont associés, comme le discours Nativista en Amérique latine, que se pose la question du rapport entre politique et mouvements artistiques modernes. Quelle importance revêt la modernité dans l’idée que se font d’eux-mêmes les États-nations en train de se constituer ? Quel rôle joue-t-elle pour les mouvements d’émancipation ? Quelle portée a, dans les différents pays, une politique artistique dirigiste ? Comment des formes artistiques se développent-elle par rapport, mais aussi dans le rejet des institutions d’État et des actions politiques ?

Communication

En tant que phénomène prenant effet dans l’espace public, la modernité peut être interrogée dans une perspective transculturelle. On accordera à cette fin une place importante aux médias et aux canaux de transfusion et de transmission en général. Une grande partie des mouvements d’avant-garde du début du xxe siècle n’aurait pas été imaginable sans le succès des revues internationales d’art. De même, la transformation des moyens de circulation joue un rôle éminent. De célèbres paquebots transatlantiques comme le Lutétia ont favorisé des transferts rapides entre les continents, l’Europe et l’Amérique latine bien entendu, mais au-delà également, jusqu’en Asie et en Afrique.

Centre et périphérie

L’examen des différentes modernités se heurte au constat de certaines asymétries hégémoniques. Dans le sillage des discussions récentes autour des zones de contact, de l’hybridation, du transculturalisme ou des affinités, les implications idéologiques des hiérarchies traditionnelles ont été soumises à une critique conséquente. Si ces débats sont d’une importance cruciale pour le discours sur le moderne et les modernités, c’est aussi que ce discours se rattache, de manière on ne saurait plus étroite, à la question du centre et de la périphérie et qu’il en est marquee.

Popularisation du moderne

La modernité s’est beaucoup souciée de sa propre popularisation, qu’elle a mise en œuvre à l’aide d’actions créatives, d’innovations techniques et de discours programmatiques. Mélanger High et Low, dépasser l’art pour toucher tous les domaines de la vie, même au prix d’être accusé de verser dans le décoratif : tels sont les buts que beaucoup de courants modernes auront proclamés, aussi différents qu’il aient pu être par ailleurs. Il conviendra d’étudier les magazines de Lifestyle, la mode, le design, mais aussi les peintures murales, autant de moyens par lesquels certains représentants de la modernité ont voulu s’adresser à un large public, parfois non cultivé. De même, on se demandera dans quelle mesure les formes et les conceptions modernes peuvent être réutilisées de manière ciblée, en tant qu’éléments d’une critique politique et sociale.

Institutions de la modernité

Quelles institutions ont aidé le discours de la modernité à parvenir au succès ? Quelles institutions ont créé quelle modernité, pour lui servir de cadre adéquat, mais aussi pour se faire connaître ? Outre les musées et les formes véritablement modernes de mise en scène comme le White Cube, il conviendra de s’intéresser aussi aux galeries, aux biennales et à certaines publications choisies. De même, on s’interrogera sur l’importance, pour le moderne et les modernités, de la formation des artistes dans des écoles institutionnalisées.

Mobilité des acteurs

Le caractère international des mouvements artistiques modernes est aussi dû à l’extrême mobilité de leurs acteurs. Artistes, critiques d’art, commissaires se déplacent non seulement au sein des frontières de leur propre continent, mais ils se montrent en outre attentifs aux transformations dans d’autres régions du monde. Ce phénomène s’accompagne de la formation de réseaux complexes et de constellations qui frisent quelquefois le paradoxe et qui sont encore à étudier.

Le commerce de l’art

Au cours de ces dernières années, on s’est intéressé de plus en plus fortement au rôle que le commerce de l’art a joué pour les mouvements artistiques modernes occidentaux et pour leur diffusion. C’est un élément essentiel de leur histoire : sans lui, l’art moderne n’aurait pu obtenir un tel succès en Europe et en Amérique du Nord. Quel rôle le commerce de l’art joue-t-il dans d’autres régions du monde et quel rôle joue-t-il pour la constitution de réseaux transnationaux ? Dans quelle mesure a-t-il œuvré à faire connaître les mouvements modernes régionaux et nationaux dans les autres continents ? Dans quelle mesure a-t-il pu au contraire leur faire obstacle ?

Héros modernes

Plus peut-être qu’aucune autre tendance artistique, la modernité s’est souciée de brosser à grands traits son propre portrait. Elle a inventé des mythes de fondation, a créé ses figures tutélaires, ses parricides et ses héros. Assez souvent, ces mythes artistiques avaient une empreinte régionale ou nationale. A-t-on pu les transposer malgré tout dans d’autres régions, voire dans d’autres continents ? Ces mythes se ressemblaient-ils dans leur structure de base ? Pourrait-on même parler d’une construction mythique universelle ou globale ?

Conditions de participation et dossier de candidature

Les Académies transrégionales favorisent d’intenses débats peer-to-peer et soutiennent l’émergence de nouvelles perspectives qui résultent de la discussion en petits groupes. Les participants œuvrent activement à la structure et à l’élaboration des contenus du programme. Ils présentent leurs recherches personnelles et définissent ensemble des groupes thématiques de discussion. Si la plupart des résultats sont obtenus dans le cadre d’un séminaire intensif en petits groupes, le colloque de clôture permettra cependant au public d’avoir un aperçu du travail accompli.

Jusqu’à 20 doctorant(e)s et postdoctorant(e)s de différents pays et de différents horizons académiques se verront offrir l’opportunité de présenter et de débattre de leurs recherches actuelles dans un cadre international et multidisciplinaire. Les participants reçoivent une bourse destinée à couvrir leurs frais de voyage et de séjour. Ce programme s’adresse à des scientifiques de l’histoire de l’art et des disciplines connexes comme les Postcolonial Studies, les sciences littéraires et culturelles, la sociologie ou les sciences des médias. Ces rencontres ont pour but de présenter des projets en cours dans une perspective comparative et en rapport avec les problématiques énoncées plus haut. Les projets de recherche doivent être en relation étroite avec les thèmes de l’Académie. Les approches transrégionales ou comparatives sont particulièrement bienvenues.

Les séances de travail de l’Académie seront menées en anglais.

Les dossiers de candidature en anglais comprendront les documents suivants :

– une lettre de motivation (1-2 pages)
– une courte biographie (texte courant, 1 000 signes, espaces compris)
– un exposé résumant le projet de recherche actuel (1-2 pages max.)
– les noms de deux professeurs d’université référents (pas de lettre de recommandation requise)

Merci d’envoyer tous ces documents, sous la forme d’un fichier pdf et par e-mail, jusqu’au 28 novembre 2015 au plus tard à : academies@trafo-berlin.de


Contact :

Dr. Botakoz Kassymbekova
Forum Transregionale Studien
Wallotstr. 14 14193
Berlin E-mail: academies@trafo-berlin.de

Contact pour toute question concernant le contenu :

Dr. Lena Bader
Centre allemand d’histoire de l’art, Hôtel Lully
45, rue des Petits Champs
75001 Paris
E-mail: lbader@dt-forum.org

 

L’organisation de l’Académie transrégionale est le fruit d’une collaboration entre le Forum Transregionale Studien, Berlin, et le Centre allemand d’histoire de l’art, Paris (DFK). Les Académies transrégionales sont un des outils de la coopération stratégique entre le Forum Transregionale Studien et la Fondation Max Weber – Instituts allemands de sciences humaines à l’étranger. Elles reçoivent le soutien du ministère fédéral de l’Éducation et de la Recherche (BMBF). La Terra Foundation for American Art accorde deux Fellowships pour encourager la participation de jeunes chercheurs d’Amérique du Nord à cette Académie.

Le Forum Transregionale Studien, qui a son siège à Berlin, est une institution de recherche qui entend promouvoir l’internationalisation des sciences humaines et sociales. Il se consacre à des programmes de recherche qui relient systématiquement des approches interdisciplinaires à l’expertise des études régionales, en s’intéressant aux entrelacements et aux interactions, par-delà les frontières nationales, culturelles ou régionales. Le Forum reçoit le soutien du Land de Berlin.

La Fondation Max Weber soutient les projets de recherche développant une perspective globale dans le domaine des sciences humaines, sociales et culturelles. Ces recherches sont conduites dans dix instituts établis dans différents pays, chacun ayant son domaine de recherche propre et indépendant. À travers ces institutions qui mènent une action globale, la Fondation Max Weber contribue à une meilleure compréhension et communication entre l’Allemagne et les pays ou les régions qui les accueillent.

Pour toute information complémentaire :

http://academies.hypotheses.org/

www.forum-transregionale-studien.de

www.dtforum.org

www.maxweberstiftung.de

Légende de l’illustration : Tarsila do Amaral, Opérarios (Detail), 1933, Öl auf Leinwand, 150cm x 205cm Acervo do Governo do Estado de São Paulo.

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