Appel à communication : « Science, sentiment et sens des affaires. Le paysage vers 1800 »

Au XVIIe siècle, la représentation du paysage, genre encore nouveau, a connu un premier épanouissement à Rome et, pour le nord des Alpes, aux Pays-Bas. Du point de vue de l’histoire de l’art, la peinture de paysage de la seconde moitié du XVIIIe siècle est toutefois restée longtemps dans l’ombre de cet âge d’or, en particulier en Suisse et en Allemagne, dont la production dans ce domaine, comparée à celle plus tardive située à l’orée du paysage dit romantique, a été durablement négligée comme étant le fait de «petits maîtres». Revisitée depuis peu de temps seulement, cette étape de l’histoire du paysage est devenue un nouveau terrain de recherche.Pour répondre aux questions qui se posent aujourd’hui, il est nécessaire de définir un cadre de référence qui prenne en considération tant la théorie de l’art que les aspects socio-culturels, psycho-perceptifs, économiques et techniques. Comment les sciences naturelles, alors en plein essor, ont-elles influencé le concept de paysage et l’esthétique qui devient une discipline à part entière seulement au XVIIIe siècle ? Quelle importance les catégories esthétiques comme l’héroïque, le sublime ou le pittoresque ont-elles eue dans la représentation du paysage à la veille du romantisme ? Quelle fonction, quelle signification attribuer à l’étude de la nature sur le motif ? Dans quelle mesure des innovations dans la conception artistique du paysage sont-elles redevables aux sciences naturelles, à l’optique ou à la psychologie perceptive ? Quelles conditions doivent être remplies pour que des «manières de voir» le proche ou le lointain s’imposent, par le dessin ou la peinture, dans l’histoire de la réception artistique ? Quel impact les techniques de reproduction graphique ont-elles eues sur la conception du paysage, et quelle a été la contribution des artistes, en tant qu’enseignants et entrepreneurs, à la diffusion de nouveaux concepts visuels ? Dans quelle mesure la notion d’original doit-elle être redéfinie en regard du fonctionnement des ateliers d’artistes, dont la production était destinée en premier lieu à la vente? A quelle clientèle s’adressait cette nouvelle conception du paysage ? Quelles conséquences les débuts du tourisme moderne ont-ils eues sur la représentation du paysage et la «manière de voir»?

Simultanément au colloque, le Kunsthaus de Zurich organise l’exposition «Un précurseur du romantisme. Adrian Zingg (1734-1816) et son cercle», en collaboration avec le Cabinet des estampes de la Staatliche Kunstsammlung de Dresde. Une attention particulière sera donc portée aussi sur l’atelier de l’artiste à Dresde, notamment sur la «manière de Zingg», dont l’influence sur les paysages à la sépia de Caspar David Friedrich n’est aujourd’hui plus contestée. Le but du congrès est de redéfinir la signification de la représentation du paysage vers 1800 en mettant en avant les connaissances acquises à ce jour, et d’intégrer l’apport de Zingg dans un contexte historique et artistique.

Colloque international à Zurich, les jeudi 14 et vendredi 15 juin 2012, organisé par l’Institut suisse pour l’étude de l’art (SIK-ISEA) en collaboration avec le Kunsthaus de Zurich.

Les organisateurs invitent les chercheurs et les scientifiques intéressés à examiner la problématique selon les thèmes potentiels suivants:

1. Les «manières de voir» dessinées
Découverte du paysage familier, étude de la nature et excursions, perception subjective, construction spatio-topographique, paysage composé et étoffé, le spectateur dans la représentation, écoles de dessin, ressources optiques comme la lunette et le miroir noir (verre de Claude), conception du paysage et innovations techniques des sciences naturelles, réflexion esthétique sur la nature et le paysage.

2. Le paysage reproductible
Dessin à la sépia ou gravure au trait rehaussée au lavis? Stratégies de commercialisation: l’aura de l’original dans la reproduction, la variation et l’appropriation; invention picturale et transfert de motifs, thèmes récurrents et poncifs, étoffage et accessoires, motifs de carte postale.

3. Adrian Zingg et l’atelier Zingg
Déroulement du travail, élèves, collaborateurs, problèmes d’attribution, l’école du maître et exploitation commerciale, la «manière Zingg» et la «manière de voir» de l’école Zingg, les critères de qualité, la réception (chez Ludwig Richter notamment).

4. Production artistique, «paysages collectifs» et tourisme
Découverte de nouveaux paysages, intérêts touristiques et production picturale, «reconnaissabilité» des motifs paysagers, la fonction des paysages «collectifs», les débouchés commerciaux de la reproduction graphique.

La durée prévue des interventions est de trente minutes. Les frais de déplacement (2e classe/economy) et d’hébergement seront remboursés par les organisateurs sur présentation des justificatifs. Une publication des contributions est prévue.

Les résumés (max. 1 page) en allemand, en français ou en anglais doivent être envoyés avec un bref curriculum vitae par e-mail jusqu’au 10 décembre à Regula Krähenbühl (regula.kraehenbuehl@sik-isea.ch).

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