Appel à communication : « The American and British Nations in Contemporary Landscape Photography »

Ce second événement s’inscrit dans une série de journées d’études consacrées à la photographie et à l’identité nationale. Il mettra en question la façon dont le paysage, tel qu’il est représenté par le biais du medium photographique et de ses spécificités, peut participer à la construction des identités nationales contemporaines américaines et britanniques.

A la croisée des arts visuels, des études culturelles et géographiques, ou de l’histoire de l’art, cet atelier interdisciplinaire montrera comment la photographie travaille sur et avec le paysage, en l’utilisant comme toile de fond, ou comme écran sur lequel l’histoire de la nation, ses rêves et ses aspirations sont projetées. Pourquoi et comment certaines photographies paysagères sont-elles si puissamment et exclusivement associées à certaines nations, au point d’en devenir des métonymies? Quel rôle joue la photographie pour articuler, symboliser, renforcer ou peut-être, à l’inverse, fragmenter la cohésion nationale ?

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A travers les photographies, la nation est vue, mémorisée, imaginée, située dans l’espace et dans le temps, rendant familière la notion parfois abstraite de nation’, lorsque les lieux prennent corps sous le regard. Pour Ernest Renan, la nation est un héritage du passé aussi bien qu’un projet pour l’avenir, une vision qui fait écho au postulat de Susan Sontag sur le rôle de la photographie comme accès visuel à la connaissance du passé, et moyen d’imaginer l’avenir.

Les fonctions de la photographie de paysage sont multiples : informer le spectateur des spécificités de l’espace (géologiques, géographiques, environnementales), de l’influence de l’espace sur les populations, du rôle joué par un certain espace sur l’histoire nationale et la mémoire collective. Le medium photographique peut aussi servir à enregistrer les changements qui affectent le paysage, tout en éveillant une forme de plaisir esthétique, à créer une cohésion nationale, tout en soulignant des particularités paysagères.

Si de nombreux écrits reflètent la façon dont les nations se sont appropriées le paysage tout en étant modelées par celui-ci au cours des siècles précédents, peu d’études récentes montrent ce phénomène dans la photographie contemporaine, qui témoigne parfois d’évolutions paysagères notables.

Qu’elle soit américaine ou britannique, la photographie de paysage a été grandement influencée par la peinture traditionnelle des 18e et 19e siècles. Au Royaume-Uni, la vision romantique de la pastorale était une alternative aux villes corrompues et surpeuplées. Les images de paysages britanniques oscillaient entre la délicatesse du Beau’, un Sublime’ ténébreux (Burke) et d’agréables représentations paysagères pittoresques’ (Gilpin). La photographie de paysage britannique aux 20e et 21e siècles est toujours enracinée dans des images du passé, offrant un écho nostalgique ou moqueur. Aux Etats-Unis, la photographie de paysage a pris son essor au temps des explorations territoriales, dans le but de contrôler visuellement le territoire (et ses habitants) en mesurant les échelles et les proportions des contrées sauvages. Le transcendantalisme s’est inspiré de décors intacts et sublimes (frontières ou parcs nationaux). Le paysage américain était et est toujours empli des attentes et des croyances relatives aux conventions de sa représentation et projetées sur la scène du monde (sujettes aux changements historiques ou culturellement spécifiques). Dans les années 30 et 40, les valeurs conservatives ont défini la nature comme un refuge, loin des tourments urbains. Des images datant des années 60 et 70 rappellent au spectateur que les lieux iconiques américains ne sont pas tous majestueux mais peuvent aussi être incarnés par de vastes étendues désolées : la pollution, le réchauffement climatique, le développement industriel suggèrent une redéfinition anti-romantique de la photographie de paysage. Les Etats-Unis et l’Angleterre souffrent de la perte d’une Arcadie (rêvée) mise à mal par les assauts du monde moderne.

Les propositions d’articles pourront se concentrer sur les nations américaines ou britanniques mais aussi sur des idées convergentes partagées par le traitement de la photographie de paysage dans les deux nations.

Axes thèmatiques

Plusieurs directions peuvent être envisagées, et les pistes ci-dessous ne sont en aucun cas exhaustives.

1) Photographie de paysage comme un acte militant, en se concentrant sur l’impact (positif ou négatif) de l’homme sur le paysage et sur les transactions entre le naturel et le politique (réchauffement climatique, catastrophes naturelles, etc.)

2) Photographie de paysage comme témoignage de mutations (urbaines/cityscape, etc.) liées à des questions socio-économiques nationales, etc.

3) Photographie de voyage (flânerie, déambulation, itinérance, errance)

4) Support/medium de diffusion de la photographie de paysage (cartes postales, magazines, galeries d’art) et impact sur la construction de l’identité nationale

5) Répétition d’images, dissémination de l’identité nationale : intergénéricité et filiation de la photographie de paysage qui puise dans la peinture, la sculpture, etc. Croisements visuels, chevauchements qui tissent l’identité nationale

6) Théories de la réception et effet de la photographie de paysage sur le spectateur (sentiment d’appartenance/interculturalité, désorientation, dé-paysement, etc.)

Comment participer

Les propositions seront constituées d’un résumé en anglais de 300 mots et d’une courte note biographique

à adresser à jane.bayly@univ-nantes.fr etjulie.morere@univ-nantes.fr

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