La Révolution et l’Empire napoléonien ont affecté, bien que de manière très diverse, l’ensemble des territoires germaniques (occupation des territoires de la rive gauche du Rhin, d’une grande partie du nord-ouest de l’espace germanique et momentanément de la Prusse et de l’Autriche, effondrement du Saint-Empire romain germanique après la création de la Confédération du Rhin et la fondation d’Etats « modèles » tels que le grand-duché de Berg et le royaume de Westphalie). Cette période est aussi marquée, à l’Est, par le démembrement progressif de la Pologne en 1772 et 1793, puis par sa disparition de la carte de l’Europe en tant qu’entité indépendante en 1795. Ces territoires polonais passent à la Prusse, à l’Autriche ou sous contrôle russe, avant que Napoléon ne crée, en 1807, l’éphémère duché de Varsovie avec une partie des territoires annexés à la Prusse. La fondation du Royaume du Congrès en 1815, la révolution de 1830 et l’accélération de la russification de cet espace, provoquent enfin une vague d’exil vers Paris qui concerne tout particulièrement les artistes.
Le cadre géographique et temporel défini invite donc à faire intervenir l’analyse d’un environnement plus large que celui des interactions culturelles bilatérales, pour parvenir, dans un échange interdisciplinaire, à des résultats pouvant porter sur des constellations triangulaires ou multipolaires. Il nécessite également de tenir compte du caractère contraint de ces échanges. Guerre et occupation entraînent une recrudescence des zones de contact dont découle une intensité des échanges culturels. Pourtant, la guerre et la censure imposent une évolution des programmes artistiques ou des déplacements d’œuvres et d’artistes auxquels viennent se substituer les choix de l’occupant, qu’il s’agisse ici de spoliations ou de cadeaux. Il sera nécessaire de tenir compte des conséquences de la politique culturelle de l’occupant, de la construction d’une référence nationale chez certains acteurs comme du cosmopolitisme qui imprègne encore les représentations des autres. L’objectif est donc d’intégrer à la réflexion les phénomènes d’emprunt, les rejets et les résistances, mais aussi les transferts ultérieurs et les réinterprétations qui accompagnent ces rencontres entre aires culturelles.
Les contributions des historiens, des historiens de l’art, des musicologues et des littéraires spécialistes des aires culturelles française, germanique et slave seront les bienvenues.
Axes thématiques
Plusieurs axes pourront être envisagés:
– Agents des circulations artistiques : ces mouvements peuvent être le fait d’artistes dont l’exil a été rendu nécessaire, d’intermédiaires (officiers, commissaires chargés des saisies, médiateurs, marchands d’art, experts, diplomates) ou de personnes impliquées dans les restitutions des œuvres d’art confisquées. Quel est l’impact de l’exil sur la formation et la production artistique ? Quels sont les réseaux en présence et comment évoluent les stratégies individuelles (médiations, résistances et compromissions) ?
– Objets et publics : ces déplacements pourront être ceux d’œuvres et d’objets d’art compris comme butin de guerre comme ceux d’œuvres musicales et dramatiques. Comment ces mouvements influent-ils sur les programmes ou la constitution des patrimoines privés et publics ? Nous pourrons tenir compte des commentateurs contemporains – journalistes, écrivains ou historiens – pour analyser comment se construit l’identité du public à l’heure où spectacles et musées sont à la fois un instrument politique et un lieu de sociabilité. Observe-t-on une transformation des habitudes de consommation de l’art ? Au-delà, nous pourrons questionner l’existence d’une mémoire transgénérationnelle liée à ces transferts.
– Lieux : les politiques d’occupation ont pu conduire à une évolution des institutions culturelles et muséales. Observe-t-on une modification des grands centres artistiques, la centralisation ou au contraire la résistance à ce « modèle » ? Participent-ils d’une libération progressive du phénomène de « curialisation » (Norbert Elias) ?
Modalités pratiques d’envoi des propositions
Les propositions de communication (250 à 300 mots), assorties d’une brève notice biographique, sont à adresser à David Weber (david.weber@univ-amu.fr) et à Florence Bancaud (florencebancaud@yahoo.fr)
jusqu’au 30 juillet 2016.
Les communications seront présentées en français ou en allemand.
Une publication est prévue dans la revue Cahiers d’Etudes germaniques.
Les contributions qui n’auront pu trouver place dans le cadre de ces journées pourront néanmoins faire elles aussi l’objet d’une publication, sous réserve de sélection par le comité scientifique et d’acceptation du manuscrit par le comité de rédaction des Cahiers d’Etudes Germaniques.
Comité scientifique
Florence Bancaud (Aix-Marseille Université),
Nicole Colin-Umlauf (Aix-Marseille Université),
Stanislaw Fiszer (Université de Lorraine),
Johannes Großmann (Eberhard Karls Universität Tübingen),
Thomas Keller (Aix-Marseille Université),
Dorothee Kimmich (Eberhard Karls Universität Tübingen),
Bénédicte Savoy (Technische Universität Berlin).
Organisation
david.weber@univ-amu.fr
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